Young american.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Deux jeunesses américaines se font face cette semaine au Grand Action. D’un côté, de jeunes pionniers déterminés, dont l’un sera le First Man à poser son pied la lune. Aux côtés du dernier film de Damien Chazelle, se tiennent les représentants d’une autre jeunesse, moins mûrs et pas uniquement américains d’ailleurs, plus tourmentés par les troubles de leur âge et héros de notre Festival Smells Like Teen Spirit. Par ailleurs, le Ciné-club des Ecoles nous invite à revoir Les Yeux sans visage jeudi soir, et nos autres films de la semaine dernière conservent des séances.
Respectons l’ordre chronologique et annonçons le Ciné-club des Ecoles de jeudi. A 20h, le réalisateur Fabien Legeron nous présentera Les Yeux sans visage, l’un des rares films fantastiques – voire d’épouvante – français, qui inspira même George Romero. Avec son horrifique histoire de greffe de visage, Georges Franju a signé un film important et le débat nous donnera l’occasion d’évoquer ce réalisateur expressionniste, mort en 1987.
Le Festival Smells Like Teen Spirit célèbre l’adolescence, cet âge des possibles où tout semble encore permis. Notre sélection est menée cette année par une ressortie de prestige, projetée en avant-première samedi à 18h. Vincent Dupré, distributeur, nous dira tout sur Breaking Away, film culte invisible depuis 40 ans de Peter Yates, dont la filmographie, phagocytée par Bullitt, ne se résume pourtant pas à ce thriller. On reviendra sur ces cyclistes fêtards la semaine prochaine. Le Festival SLTS se poursuivra dimanche avec d’autres jeunes sportifs : Wassup Rockers et Paranoïd Park donnent deux visions du monde pas très tendre des skaters, Bliss montre des filles paradant en rollers et La Naissance des Pieuvres suit des nageuses pas très synchronisées. A 17h50, Derek Woolfenden, réalisateur récemment couronné d’un prix lors du Festival des Cinémas Différents et Expérimentaux, viendra nous présenter la copie neuve War Games, un fantastique John Badham qui parle de piratage informatique et marqua les années 80, que nous ressortirons en février. Lundi, le temps fort sera la présence de Claire Simon qui, après la séance de 19h30 de 800 km de différence – Romance, débattra de son dernier film avec le public. Le lendemain, soirée David Robert Mitchel. Qui a vu Under the Silver Lake, sorti cet été, sera ravi de découvrir ses précédents opus : The Myth of the American Sleepover, inédit en salle, et It Follows. Ce film d’horreur sera présenté par Derek Woolfenden, grand amateur du genre.
Damien Chazelle n’en finit pas de se renouveler. Après Whiplash (deux séances cette semaine) et La La Land, il s’adjoint Steven Spielberg comme producteur pour raconter la vie de Neil Armstrong entre 1961 et 1969, quand il posa son pied sur la lune. Ce First Man, qui réalise nos rêves d’enfant en s’envolant vers le ciel est pourtant un homme enfermé. Enfermé dans le deuil qui bouleversa sa famille ; enfermé dans le mutisme poli de sa détermination ; enfermé enfin dans d’improbables boîtes de conserve brinquebalantes et potentiellement explosives qui tentent, parfois avec succès, de s’arracher à la terrible loi de l’attraction. Ryan Gosling interprète avec conviction cet astronaute butté, auquel Claire Foy, son épouse dans le film, tient tête-haute, à lui comme à la puissante NASA. Loin de Gravity ou d’Interstellar, le film de Chazelle, bien qu’indéniablement spectaculaire, ne cède pas à la facilité de la beauté plastique. Il nous place dans l’intimité de ces aventuriers de l’espace, engoncés dans leur vie et leur combinaison, bloqués dans leur siège et qui ne voient, à travers de ridicules hublots, qu’à peine de l’immensité de l’univers. L’ouverture du film en est, en cela, emblématique. Ne la ratez pas et ne ratez pas First Man.
Avant de conclure, précisons que demeurent à l’affiche Le Flic de Beverly Hills, polar rigolard 80’s de Martin Brest avec Eddy Murphy, BlacKkKlansman, autre vision réjouissante d’un flic Noir infiltrant le KKK de Spike Lee, et les deux bijoux sur la jeunesse américaine – on y revient – de Debra Granik : Leave no trace et Winter’s Bone.
L’Enfance de l’Art, elle, s’intéresse aux jeunes cinéphiles de tous les pays. Mercredi à 10h30, Contes sur moi réunit 5 dessins animés d’origines différentes et, jeudi à 10h30, Coco viendra du Mexique en musique par la magie de Disney-Pixar.
Bonne jeune semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action.