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L'Édito

Voyages en salle.

L'Édito

Voyages en salle.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Harvey Milk nous emmène à San Francisco, et son interprète, Sean Penn, en différents lieux comme par exemple l’Alaska d’Into The Wild. Avec le Che, l’Argentin et Guerilla, vu par Steven Soderbergh et Benicio del Toro, nous partons à Cuba avant d’enflammer la Bolivie. Et le jeune public décollera également pour des destinations inconnues, des voyages dans le temps et l’espace, avec le retour d’une programmation spécifique, car le cinéma est un bénéfique virus qui s’attrape tôt. Nous y reviendrons en fin de lettre, mais départ immédiat pour la baie de San Francisco d’Harvey Milk.

Nous avons déjà beaucoup écrit sur la qualité du film, l’intérêt historique et cinématographique de la réalisation de Gus Van Sant, et l’interprétation inspirée de Sean Penn dans le rôle du premier homosexuel avoué à avoir été élu à des fonctions officielles. Harvey Milk s’est installé à San Francisco en 1972 avec Scott Smith, son amant de l’époque. A l’ombre de sa baie qu’enjambe majestueusement le Golden Gate Bridge, “Frisco“ vivait alors ses années d’or, celles où l’on pensait que tout était possible. Capitale de la dissidence à “l’american way of life“, la ville attirait comme un aimant tous ceux qui voulaient rompre avec la société de consommation et le puritanisme : opposants à la guerre du Vietnam, hippies, freaks, contestataires de tout poil, adeptes du “peace and love“. Junkies aussi, ce qui contribue à expliquer les futurs ravages du SIDA. Les homosexuels, pourchassés et vilipendés, se regroupèrent dans le district de Castro, un quartier où vivaient alors de nombreux ouvriers d’origine irlandaise. Harvey Milk y ouvrit une boutique de photo et fédéra les commerçants en association. Séduisant homos et hétéros, le charismatique Milk gagna le surnom (presque prémonitoire) de Maire de Castro. La boutique du 575 Castro Street devint aussi l’épicentre de la revendication gay et le point de départ de la carrière politique de son tenancier. 30 ans après la mort d’Harvey, le propriétaire actuel du 575, vendeur de cadeaux, a accepté de louer son magasin pendant les neuf semaines du tournage. C’est donc sur les lieux de l’histoire qu’est née la fiction, grâce au travail du chef-décorateur Bill Groom. Ce souci du détail se sent à l’écran et donne un supplément d’âme à ce film si touchant.

Si, comme nous, vous êtes séduits par Sean Penn, vous pourrez le suivre dans ses pérégrinations, devant et derrière la caméra. Acteur exigeant, il a vogué avec Clint Eastwood sur la Mystic River, est parti en guerre avec Terrence Malick dans La Ligne Rouge, a monté La Dernière Marche avec Tim Robbins, et a suivi Niels Muller dans The Assassination of Richard Nixon. Metteur en scène original, il a brillamment erré dans The Indian Runner, son premier film en 1991, puis a effectué des cruelles circonvolutions dans The Pledge, avec Robin Wright, sa charmante épouse, et le toujours magnifique Jack Nicholson. Plus récemment, il a entrainé un jeune homme en quête d’absolue nature dans le fatal voyage initiatique d’Into the Wild.

Alors que Benicio Del Toro arpente les révolutions latino-américaines en compagnie du Che, nous emmenons les jeunes cinéphiles pour de surprenants voyages. D’abord au pays de l’animation japonaise, avec Goshu le Violoncelliste d’Isao Takahata, sélectionné par l’Enfance de l’Art. Nous partirons ensuite dans le temps avec les Time Bandits (pauvrement traduit par Bandits, Bandits), film incroyable et baroque de la bande des Monty Python dirigé par Terry Gilliam. Puis nous irons jusqu’aux entrailles de la planète avec l’un de nos classiques préférés : Voyage au Centre de la Terre, de Henry Levin, d’après Jules Vernes. Ces deux films d’aventures fantastiques annoncent la prochaine sortie (le 8 avril, pour les vacances de Pâques) de la Machine à Explorer le Temps (The Time Machine), une autre brillante adaptation hollywoodienne d’un roman européen, en l’occurrence de Herbert Georges Wells. La projection du dimanche 12 avril à 16h sera suivie d’un goûter au Grand Bar de notre cinéma.

Bon voyage, donc.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action