Vous n’avez rien contre la jeunesse ?
Chères spectatrices, chers spectateurs,
On se souvient avec émotion de cette phrase de À Bout de Souffle, film phare de la jeunesse, de la vie et du cinéma des années 60. Elle nous permet d’introduire notre nouveau Festival Smells Like Teen Spirit qui célèbre l’adolescence au XXIe siècle, mais peut aussi convenir à Missing, notre réédition de la semaine où Costa-Gavras – qui sera présent lors des deux séances de mercredi soir – suit Jack Lemmon à la recherche de son fils disparu au Chili. La question godardienne peut même s’adapter à Chris Marker, éternel jeune homme, dont Level Five sera projeté lors du Ciné-club Univers Divergent de jeudi 20h. Signalons aussi que La Mélodie du Bonheur, classique austro-hollywoodien de la comédie musicale, demeure à l’affiche, tout comme Il Etait Une Fois dans l’Ouest et Showgirls, ainsi que Le Cancre et Le Café des Jules, derniers rescapés du Cycle Paul Vecchiali, un autre éternel jeune homme. Vous n’avez rien contre la jeunesse ? Alors voyons le détail.
C’est toujours un plaisir de rencontrer Costa-Gavras, dans nos salles ou à la cinémathèque. Et c’est une leçon de cinéma de l’entendre présenter un de ses films. Costa sera avec nous mercredi soir pour Missing un Gavras de 1982 réédité et restauré par le distributeur Splendor. Lors du coup d’état chilien de 1973, où la CIA aidait Pinochet à tuer une courageuse tentative de démocratie, un jeune américain disparaît dans la tourmente. Son père (Lemmon) et sa fiancée (Sissy Spacek, la Carrie de De Palma) partent à sa recherche dans un Santiago hostile. Donc rendez-vous mercredi à 19h ou 21h30 pour échanger avec Costa, et vendredi à 19h pour rencontrer Ricardo Parvex, Vice-président de l’association des Ex-prisonniers politiques chiliens.
Jeudi 20h, dans le cadre de notre Ciné-club Univers Divergent. Jean-Michel Frodon, François Taddei et Guillaume Dumas, animeront la projection universelle et divergente de Level Five. Chris Marker, grand expérimentateur de l’image qui signa une bonne centaine de films de toutes formes (dont la culte Jetée) jusqu’à sa mort en 2012, est l’auteur de ce « 5e niveau » en 1996. Entre réel, virtuel et la fiction, Europe, Japon et fantasme, cette réflexion sur le jeu vidéo, l’histoire, la guerre et la mémoire, met notamment en scène le réalisateur Nagisa Oshima dans son propre rôle. Les deux chercheurs, en biologie et neuroscience (Taddei et Dumas), et le critique (Frodon) commenteront cette recherche cinématographique fragmentée.
Ça va sentir le teen movie lors du tout nouveau Festival Smells Like Teen Spirit, qui rassemble quelques spécimens de ce genre protéiforme centré sur l’adolescence. Les instigateurs du festival, articulé autour de la célébration horroro-bouffonne d’Halloween qu’affectionne cette classe d’âge, ont choisi leur programme avec soin. Tous fieffés cinéphiles tendance « pointue » et adorateurs grunges de Nirvana, ils ont convoqué quelques spécialistes – journalistes aux Inrockuptibles, à SoFilm ou Chronic’Art – pour les aider à présenter les séances. Entre classique du genre comme Virgin Suicide, réédition de prestige comme Pique-Nique à Hanging Rock, presque documentaire façon Swagger (en avant-première), rareté japonaise à la Fudoh ou pochade comme Supergrave, des moments épatants pour tous ceux qui aiment la jeunesse. Ou ceux qui veulent tenter de la comprendre.
Redisons que Il Etait Une Fois dans l’Ouest, modèle de Leone, Showgirls, un Verhoeven à revoir, et deux films du Cycle Paul Vecchiali (Le Café des Jules et Le Cancre, sa dernière réalisation) demeurent à l’affiche, avant de nous adresser au jeune public.
Outre l’Enfance de l’Art qui lui propose Katia et le Crocodile, charmante comédie de Vera Smikova, le distributeur Lost Films l’invite à (re)découvrir La Mélodie du Bonheur, de Robert Wise. Ce classique de la comédie musicale couronné de 5 Oscar développe son intrigue en Autriche, dans la tension de la guerre mondiale qui s’annonce. Julie Andrews y est lumineuse et la séance de samedi 14h sera accompagnée d’un goûter. Un bon moment en famille.
Bonne semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du GA