Vive l’empereur !
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Napoléon, le plus célèbre des Français, est aussi, selon l’historien du cinéma Antoine de Baecque, « l’un les personnages historiques les plus représentés sur les écrans » ; il apparut pour la première fois en 1907 devant la caméra des Frères Lumière, et près de 1000 autres films et téléfilms suivirent, sans compter ceux de grands cinéastes qui durent renoncer à leur projet : Chaplin, Kubrick, Chéreau, Jackson. Ridley Scott en livre cette semaine une version spectaculaire, offrant le rôle-titre de son Napoléon à l’immense Joaquin Phoenix, inlassable réinventeur de son jeu. Cette vaste fresque tonitruante laisse toutefois de la place à nos précédents succès (Goodbye Julia, Delicatessen, Killers of the Flower Moon…), mais aussi à plusieurs événements aux invités prestigieux, que voici.
Maître de conférences en Littérature française des XXe et XXIe siècles à l’Université Paris-Sorbonne, Simon Bréan est spécialiste de la science-fiction française et de l’anticipation. Il sera donc tout à son aise pour débattre autour d’Under the skin, de Jonathan Glazer. Pour le club Image & Parole de mercredi 20h, Carlos Tello a choisi cet étrange et dérangeant film où Scarlett Johansson, sublime amante extraterrestre, se révèle impitoyable agent exterminateur. Profitons-en pour annoncer – très en avance – que nous sortirons le prochain film du toujours glaçant Glazer, The Zone of Interest, le 31 janvier. On a le temps d’y revenir.
Jeudi, samedi et dimanche, nous accueillerons la quatrième édition de Novembre Expérimental, consacrée cette année aux danses de films. Chaque projection sera animée par une personnalité spécialiste des actions de grâce que saisit la caméra. Ainsi, le programmateur Sébastien Ronceray présentera des captations (dont une de Pat O’Neill) rassemblés sous l’astucieux titre de Corps et graphies / Chorées graphiques. Samedi à 17h30, madame Carolyn Carlson sera dans la salle pour parler d’Ed Emshwiller totem et transfigurations #3. Un peu plus tard, le réalisateur Dominique Willoughby lancera Pascal Baes : glissés, cassés et, dimanche à 16h30, la chercheuse Mélanie Forret fera de même pour Tendance tout danse.
Vendredi à 20h, les Rendez-vous du cinéma grec nous présentent une sélection de cinq courts-métrages chypriotes dont deux seront présentés : Niovi Charalambous, prix de la meilleure actrice au Festival de Drama, introduira Daphné de Tonia Mishiali ; quant à lui, Nikolas Kasinos nous racontera son Rêve documentaire.
Comme tous les lundis jusqu’au 18 décembre, nous ouvrons nos salles au Festival d’automne à Paris. Nous retrouverons le choix de l’artiste Yto Barrada, co-fondatrice de la Cinémathèque de Tanger. Un de ses films (Hand-Me-Downs), précèdera la projection de Girl with Black Balloons en présence de sa réalisatrice Corinne van der Borch. Attention : ce documentaire est en anglais non sous-titré.
Ridley Scott est un cinéaste de mythes. Il en a créé (Alien, Blade Runner, et même Thelma et Louise !) et en a filmé. Napoléon s’inscrit dans la veine de Gladiator ou Robin des Bois : fresque historique, grand spectacle et épopée épique. Le réalisateur évoque la vie de l’empereur mégalo, de la Révolution française à Sainte-Hélène, soit trois décennies d’une vie remplie de pouvoir fragile, de femmes influentes et de batailles sanglantes. « L’histoire est une suite de mensonges sur laquelle on est d’accord », écrivait Bonaparte ; la sienne, que Scott nous donne à voir par les traits du formidable et toujours surprenant Joaquin Phoenix, suit les différents épisodes napoléoniens, de sa gloire à sa chute. Ce film plein d’ampleur et de spectacle, doit beaucoup aux prestations des acteurs (troublante et fine Vanessa Kirby en Joséphine), et à la virtuosité plastique des scènes de bataille, notamment celle d’Austerlitz, où « Dieu est du côté de la meilleure artillerie ». Terminons avec une dernière manipulacitation impériale avant qu’il ne pose la couronne sur son crâne : « on ne conduit un peuple qu’en lui montrant un avenir ». Au cinéma, on ne séduit un public qu’en lui montrant des films. Napoléon en est un.
Non sans vous rappeler de venir voir ceux dont les affiches égaient la fin de cette lettre, on termine avec l’Enfance de l’Art. Mercredi à 14h30 Kitarō Kōsaka suit le cas d’Okko et les Fantômes et, dimanche à 14h, nous verrons Les Aventures de Robin des Bois dans la sublime version hollywoodienne de Michael Curtiz.
Impériale semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action