Vilmos et les Palmés.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Semaine très chargée, avec le début de notre hommage à Vilmos Zsigmond, qui obtint une Palme en 1973 pour L’Epouvantail. Cet immense chef opérateur nous fait l’amitié de venir nous présenter deux grands films de Cimino qu’il a éclairés : Voyage au Bout de l’Enfer et La Porte du Paradis. Il sera également présent lors de l’avant-remière de Big Sur, de Michael Polish, que nous présentera Jean-Marc Barr. Autres événements de la semaine, samedi, notre déjà rituelle projection-goûter du Pinocchio de Comencini organisée par Yves Fostier et sa marionnette et, mardi, un non moins rituel Ciné-Club Positif où nous verrons Rosetta, alias Emilie Dequenne, superbement filmée par les frères Dardenne et également primée à Cannes. Enchaînement tout trouvé pour annoncer le reste du programme avec les nouveautés et 14 films pour le cycle Palmes d’Or. Et on réussit même à garder nos précédents succès : The Canyons, The Grand Budapest Hotel, Le Loup de Wall Street, et Computer Chess, notre film mumblecore de Bujalski. Le tout avec seulement deux salles, c’est la magie du cinéma. Abracadabra, voyons le détail.
Remercions Pierre Filmon, @pierrefilmon sur twitter, collaborateur historique du Grand Action, par ailleurs réalisateur et ami de Vilmos Zsigmond, de nous permettre une série de rencontres avec ce génie de la lumière. Ce chef opérateur emblématique du Nouvel Hollywood, qui a travaillé avec Altman, Schatzberg, Spielberg, De Palma et Woody Allen, a promis de diriger les éclairages du prochain film de Pierre. En attendant le tournage, Vilmos Zsigmond viendra nous présenter deux œuvres majeures d’un autre de ses complices, et pas des moindres : Michael Cimino. Samedi à 19h30, il introduira la projection de Voyage au Bout de l’Enfer (The Deer Hunter), film bouleversant sur le post-Viet Nam, et dimanche à 14h, il ouvrira La Porte du Paradis, le plus beau des films maudits.
Vilmos sera avec nous dès samedi à 17h pour l’avant-première de Big Sur, endroit où il vit. Jean-Marc Barr, acteur principal de cette adaption de Kerouac par Michael Polish, nous présentera le film. Dans les années 60 et les décors magnifiques de cette région de Californie, un écrivain vient chercher l’inspiration dans la maison d’un poète. Précisons que ce film n’est pas sous-titré. Si votre anglais est hésitant, vous pourrez toujours admirer les paysages.
Les paysages, ce n’est pas le point fort des frères Dardenne. En revanche, pour filmer au plus près du réel la misère et la galère, Jean-Pierre et Luc sont des maîtres. Le Festival de Cannes ne s’y est d’ailleurs pas trompé en attribuant la Palme 1999 à Rosetta, incroyablement incarnée par Emilie Dequenne qui, un bonheur n’arrivant jamais seul, raflait aussi le Prix d’Interprétation pour sa composition d’une jeune chômeuse qui se bat pour ne pas sombrer. C’est donc Rosetta que le Ciné-Club Positif a choisi de nous présenter mardi 13 mai à 20h, en mandant l’un de ses illustres rédacteurs, Fabien Baumann, pour en débattre.
Mais revenons à Cannes grâce à la deuxième semaine de notre Cycle Palmes d’Or, qui s’enrichit de nouveaux lauréats de la Croisette. Brèves Rencontres de David Lean (1946), Le Salaire de la Peur de Henri-Georges Clouzot (1953), Viridiana de Bunuel (1961), Blow-Up d’Antonioni (1967), M.A.S.H. de Altman (1970), La Classe Ouvrière va au Paradis d’Elio Petri (1972) et Fahrenheit 9/11 de Michael Moore (2004) conservent l’affiche. Ces palmés sont rejoints par d’autres vainqueurs du plus célèbre festival de Cinéma. Commençons avec les années 60 et la fable brésilienne de Zé dans la Parole Donnée (1962), d’Anselmo Duarte, puis reprenons 20 ans plus tard avec les dénonciations de l’idéal soviétique des subversifs Homme du Fer (1981), d’Andrej Wajda et Papa est en Voyage d’Affaires, de Kusturica (1985). En 1983, Shohei Imamura remportait sa première Palme avec sa triste et belle Ballade de Narayama (1983) et, en 1997, en gagnait une seconde pour L’Anguille, confidente d’un meurtrier presque repenti. Apichatpong Weerasethakhul ouvrait le bal des années 2010 avec les souvenirs de son Oncle Boonmee, une décennie provisoirement conclue en 2013 par La Vie d’Adèle, d’Abdellatif Kechiche.
Non sans conclure cette lettre avec l’Enfance de l’Art qui nous propose une séance dominicale avec Cyclone à la Jamaïque, un classique du Pirate’s movie, d’Alexander Mackendrick, nous vous invitons à consulter notre programme en ligne pour ne rien rater de cette grosse semaine.
Que nous vous souhaitons excellente.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action.