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L'Édito

Vent du nord.

L'Édito

Vent du nord.

Chères spectatrices, chers spectateurs, 

Un vent glacial va balayer nos écrans cette semaine, soufflé par The Northman, le dernier film de Robert Eggers. Le jeune cinéaste surdoué, dont nous programmons les deux précédents opus, nous emmène dans le Grand Nord du Xe siècle, où l’on verra que la vengeance est un plat qui se mange froid. Nos spectateurs contemplatifs se réfugieront dans Il Buco, exploration d’un gouffre calabrais, magnifiquement filmé par Michelangelo Frammartino et Renato Berta, et les nostalgiques découvriront l’élan brisé de Detroit, ex-capitale de l’automobile américaine, que raconte Detroiters, excellent documentaire de Andreï Schtakleff. Deux ciné-clubs grecs s’imposent dans ce trio de nouveautés – auquel on pourrait ajouter les tout récents I Comete, et Pas de Quartier, le dernier Paul Vecchiali.

Parlons d’abord des trois événements, dont le premier, un Rendez-vous du Cinéma Grec, se tiendra vendredi à 20h. Mimi Denissi, actrice et scénariste de Smyrne la bien aimée, une histoire de famille et d’exil, sera dans la salle pour débattre autour du film de Grigoris Karantinakis. La détresse des migrants syriens réfugiés sur l’île de Mytilène rappelle à une grand-mère qu’elle-même dut fuir sa ville de Smyrne…

Dimanche à 11h30, le Grec Doc nous invite à découvrir l’histoire de Babel, légendaire magazine de bandes dessinées qui, dans les années 80, fit vibrer l’intelligentsia athénienne. Babel, from Silence to the Explosion, documentaire de Meletis Miras réalisé en 2020, revient sur cette aventure artistique et politique.

Mardi à 20h, le Ciné-club Louis Lumière invitera, une fois n’est pas coutume, le chef-décorateur Gwendal Bescond, qui viendra nous parler de son travail sur Naissance des pieuvres, le premier long-métrage de Céline Sciamma.

Né en 1983, Robert Eggers s’est rapidement imposé comme l’un des réalisateurs les plus prometteurs du cinéma de genre contemporain. Nous sommes heureux de vous proposer, en complément de son nouveau The Northman, de revoir les deux films qui ont bâti sa jeune légende. En 2015, The Witch bouleverse le Festival de Sundance qui lui décerne le Prix de la Mise en Scène. La désintégration d’une famille de colons, confrontée à une force maléfique dans l’Amérique du XVIIe siècle, est une révélation publique et critique. En 2019, Eggers réunit Willem Dafoe et Robert Pattinson dans un phare isolé, et les filme dans un noir et blanc expressionniste. The Lighthouse déroute et dérange, mais propose une tonalité unique. En 2022, le succès permet à Eggers de disposer d’un budget conséquent pour reconstituer les conflits familiaux des Vikings du Xe siècle. Sur une intrigue de vengeance shakespearienne, The Northman impressionne par la force et la beauté de ses images, ainsi que leur violence, qui n’autorise leur vision qu’à partir de 12 ans. Cette saga nordique offre à Nicole Kidman le rôle d’une reine stupéfiante. Film à grand spectacle réalisé par un jeune pape de l’indé, The Northman est une épopée épique et puissante. 

La presse unanime a salué Il Buco, surnom du gouffre de Bifurto, la deuxième grotte la plus profonde du monde, perdue dans un coin désolé de la Calabre, qu’explorèrent des spéléologues en 1961. Michelangelo Frammartino, cinéaste, poète, ethnologue et cartographe, s’est adjoint les services du grand chef-opérateur Renato Berta. Ensemble, ils reconstituent cette découverte et replongent dans les entrailles de la terre, sans quitter sa surface, sur laquelle veille un vieil ermite. Le projet semble insensé ; le résultat est sublime. 

Il y une dimension ethnographique dans le travail documentaire d’Andreï Schtakleff, qui nous raconte la grandeur et la décadence de Detroit, fleuron déchu de l’industrie automobile US. Dans Detroiters, il donne la parole à celles et ceux qui survivent sur les ruines d’un système que le capitalisme a construit, puis détruit.   

Rapidement, rappelons que deux cinéastes corses, l’un tout jeune, Pascal Tagnati, l’autre plus vieux réalisateur français en activité, Paul Vecchiali, tiennent le haut de l’affiche. Deux films choraux, l’un chronique au village – I Comete -, l’autre  « musico-drame » dans un club de travestis – Pas de Quartier  -, sont deux œuvres de bande, de famille. Et il est encore temps de profiter des Cycles J-Horror et L’œil Limosin ou de nos sorties plus ou moins récentes : The Souvenir (Part I et II), Licorice Pizza, Michael Cimino, un Mirage Américain, The Card Counter et First Cow.  

On conclut avec l’Enfance de l’Art qui nous propose Vent de folie à la ferme mercredi à 14h30 et Little Miss Sunshine dimanche à 14h.

Belle semaine.