Vache de Noël.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Pour cette semaine de Noël, notre sortie est une vache, celle qui séduisit Buster Keaton en 1925. Magnifiquement restauré par la prestigieuse cinémathèque de Bologne, Ma Vache et Moi (Go West en V.O.) est notre cadeau pour toute la famille. Outre ce classique du burlesque complété par un cycle Buster Keaton, et un autre cycle Martin McDonagh, vous retrouverez dans nos salles nos récents succès, dont Falcon Lake, dont la séance de jeudi 20h30 sera présenté par Judith, Demoiselles d’Horreur.
Surnommé « l’homme qui ne rit jamais », Joseph Franck Keaton, dit « Buster », fait pourtant rire les publics depuis 1907. Il a alors 12 ans, et débute dans le comique avec ses parents, artistes de cabaret. 10 ans plus tard, il renonce à Broadway pour partir à Hollywood et, après avoir suivi « Fatty » Arbuckle, décide de fabriquer ses propres films, avec la ferme intention d’en soigner la réalisation, la mécanique burlesque et, bien sûr, son personnage à l’écran : l’impassible amoureux, mais témérairement introverti. Les années 20 sont celles de sa grandeur ; cet orfèvre du gag co-signe alors ses plus grands films – notamment Sherlock Junior (précédé du court-métrage Malec l’Insaisissable), La Croisière du Navigator, Le Dernier Round, tous au programme de notre cycle Buster Keaton, – et Ma Vache et Moi, réalisé en 1925. Friendless (littéralement « sans ami ») erre, solitaire et sans but, mais cède à l’antienne d’aller à l’ouest. Mal à l’aise avec les cowboys et les chevaux, il se lie à une vache promise à l’abattoir. L’émotion, le rire, la sobre efficacité du récit et de la mise en scène, ainsi que son incroyable talent d’acteur-mime-cascadeur, tout Keaton est dans ce film d’une grosse heure que la cinémathèque de Bologne a remis à neuf pour une optimale projection en 4K. Une façon de réviser ses classiques dans la bonne humeur.
L’autre nouveauté de la semaine, c’est un cycle Martin McDonagh riche de ses trois premiers longs-métrages. Ce réalisateur irlandais se fit d’abord connaitre par ses succès théâtraux qui lui permirent d’affirmer : « Je suis 1000 fois meilleur que cet enc… de Shakespeare ! ». Une manière aussi d’assumer son humour noir et déglingué, qu’il décline en polar pour son premier film, Bons Baisers de Bruges. En 2012, il réitère avec Sept Psychopathes, où un scénariste en appelle à la réalité pour écrire son scénario, puis, 3 ans plus tard avec Three Billboards, où Frances McDormand utilise des panneaux publicitaires pour faire la lumière sur le meurtre de sa fille. Tonalité particulière, écriture inattendue, réalisation précise, bande de comédiens souvent de racines irlandaises (Gleeson, Farrell…), et récit enraciné dans un territoire, sont les marques de fabrique de McDonagh. Nous les retrouverons la semaine prochaine avec la sortie de son quatrième long : The Banshees d’Inisherin, dont le titre laisse entendre qu’il se déroule, justement, en Irlande. On en reparlera.
Falcon Lake, premier film de la prometteuse Charlotte Le Bon continue de remplir nos salles autour de la découverte de l’amour d’un garçon de presque 14 ans et d’une fille de deux ans son aînée. Délicat, sensuel, touchant, Falcon Lake, tourné dans un joli 16 mm au bord d’un lac canadien en été, sera présenté jeudi soir par Judith Beauvallet, dont les youtuberies – interviews incisives et analyses acérés – sont suivies par des milliers d’internautes. Cette Demoiselles d’Horreur s’intéresse, comme son nom l’indique, au cinéma fantastique, mais pas que, et Judith aura bien des choses à dire jeudi à 20h30 sur ce film « fantasmique ».
Plein d’autres films encore à l’affiche (voir en bas de lettre), et le dernier mot pour l’Enfance de l’Art. Mercredi à 10h30, nous suivrons Pat et Mat en Hiver, jeudi à la même heure, ce sera Zombillenium, délire dans un parc d’attraction d’épouvante, et, dimanche à 14h, Minuscule, « fourmidable » dessin animé sur des insectes.
Belle semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action