Une vraie souffrance, une pure joie.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
On parodie la fameuse réplique du Dernier Métro pour annoncer la sortie de A real Pain, le deuxième long-métrage de Jesse Eisenberg, sur le voyage mémoriel tragi-comique de deux cousins dans la Pologne de leurs aïeuls. Cette exclusivité – et avant la sortie de Mickey 17, le très attendu nouveau Bong Joon-Ho mercredi prochain – rejoint nos films récents, dont évidemment The Brutalist, de Brady Corbet, et la réédition de Buffalo Bill et les indiens, western incorrect de Robert Altman.
Mais il y a aussi un événement, en l’occurrence un Ciné-club des Ecoles dimanche à 16h, lors duquel nous verrons Reds. Warren Beaty y évoque l’histoire de John Reed, journaliste communiste américain qui raconta la révolution russe dans son célèbre livre Dix Jours qui ébranlèrent le Monde. Un débat animé par Samuel Blumenfeld, critique cinéma au journal Le Monde, suivra la projection.
En voyant Jesse Eisenberg, on pense immanquablement à Mark Zuckerberg qu’il incarna dans The Social Network. Pourtant cet acteur, qui se produit depuis son adolescence, a marqué de sa présence de nombreux films indépendants et joué Lex Luthor, ennemi de Superman, dans la saga Insaisissables. La quarantaine approchant, il passe à la réalisation. Après un premier film remarqué mais qui n’est sorti qu’en VOD en France (When You Finish Saving the World), Jesse récidive et se met en scène dans A Real pain. Avec l’incroyable Kieran Culkin, ils forment une paire de cousins, autrefois très proches, mais que la vie a éloignée. Au décès de leur grand-mère d’origine juive polonaise, David (le trop sage) et Benji (le foufou) partent à la rencontre de leurs racines, vers les shtetls où vivaient leurs ancêtres, et les camps où ils sont morts. Ce tourisme mémoriel est pris en charge par des tours operators, et les cousins se joignent à un groupe hétéroclite, avant de s’en écarter, pour mieux se retrouver. Alternant l’émotion, le conflit, la complicité et la comique, Eisenberg réussit à nous promener brillamment dans ce voyage en cousinade vers les origines ; il crée avec Kieran Culkin – qui trouve là un rôle inoubliable – un duo épatant, entre rire et Real Pain.
Autre duo à ne pas rater, celui que forment Buffalo Bill et les indiens, notamment représentés par leur chef Sitting Bull, qui ridiculise plus encore que ne le fait lui-même le héros de l’ouest, incarné par Paul Newman, irrésistible en cabot dégarni et alcoolisé. Dans ce western punk que Robert Altman réalisa en 1976, le mythe de la conquête glorieuse prend un grand coup de boutoir. Celui de La Callas est en revanche glorifié dans le plastiquement impeccable biopic de Pablo Larrain (Maria), tandis que l’école est regardée à hauteur d’enfant dans Apprendre, indispensable documentaire de Claire Simon.
D’autres films restent au programme dont, bien sûr, The Brutalist. Avec un budget ridicule au regard de l’ambition (et de la réussite) du film, Brady Corbet dresse un portrait sans concession de l’Amérique triomphante de l’après-guerre, vue à travers les yeux d’un brillant architecte rescapé des camps de la mort. 3h40, car il y a un entracte, de pur cinéma renversant.
Terminons pour ne pas changer nos bonnes habitudes par les 3 séances de L’Enfance de l’Art. Mercredi à 10h30, nous verrons Miraï, ma petite soeur, fable familiale de Mamoru Hosoda, Jeudi à 10h30, ce sera Jean-Michel le Caribou qui se prend pour super-héros et, dimanche à 14h, séance indispensable pour Les Temps Modernes, l’un des chefs d’œuvre de Charlie Chaplin.
Belle semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action