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L'Édito

Une semaine de grand cinéma avec en plus une avant-première.

L'Édito

Une semaine de grand cinéma avec en plus une avant-première.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Nous vous concédons que ce titre peut laisser perplexe. Mais quand vous saurez que l’avant première en question est celle du dernier film de Jacques Richard (sur un scénario de Roland Topor) et qu’il s’appelle L’Orpheline avec en plus un Bras en Moins, vous en percevrez sans doute la pertinence. Quant au grand cinéma, ça va sans dire puisque les frères Coen sont aux manettes, avec True Grit en première ligne, et secondés par Paul Newman et The Swimmer. Ajoutez à cela une petite Enfance de l’Art, et ça nous mène tout de suite à mercredi prochain. Voyons ce qu’il se passe avant.

Jeudi sera le grand soir de la semaine avec une belle soirée consacrée au dernier film de Jacques Richard L’Orpheline avec en plus un Bras en Moins. Comment ? Certains de nos spectateurs, qui fréquentent pourtant assidument la salle Henri Langlois, ne connaissent pas Jacques Richard ? Cinéphile invétéré, il fut le tout jeune assistant du grand Henri à la cinémathèque, avant de travailler avec Benoît Jacquot puis de se lancer dans ses propres réalisations. L’éclectique filmographie de cet infatigable trublion comporte une soixantaine de références : nombreux courts métrages fascinants et assez cinglés, documentaires étonnants (dont un remarquable portrait de Langlois et un autre sur le monde sado-maso), et quelques longs métrages, dont certains firent scandale (Ave Maria en 1984). Jacques Richard est un ovni. Peu connu du grand public, il est fort apprécié chez les professionnels de la profession. Pour preuve, les nombreux acteurs qu’il a embarqués dans ses projets, et certainement pas pour des raisons financières : Jean-Pierre Léaud, Fabrice Luchini, Michael Lonsdale, Richard Bohringer, Luis Rego, Catherine Ribeiro et même Brigitte Lahaie, ont tourné avec lui. Dans son dernier film, qui, comme son nom l’indique, raconte l’histoire d’une orpheline manchote adoptée par un drôle de zig zigzaguant dans un monde interlope, figurent (entre autres) Jean-Claude Dreyfus, Dominique Pinon, Melvil Poupaud, Caroline Loeb, et Noémie Merlant dans le rôle titre. Jacques Richard a beaucoup travaillé avec l’immense et regretté Roland Topor, qui cosigne ce scénario bizarre en 1996. Il fallut 15 ans pour monter ce film à l’élégant noir et blanc, et il suffira d’un soir pour le présenter au public. Ce sera jeudi, au Grand Action, lors d’une avant première qui s’annonce déjà mémorable. Rendez-vous à 20h pour la projection, puis cocktail avec l’équipe du film, et présentation du making off et des scènes coupées. Voilà un tournage où planait l’ombre folle de Topor et où l’on ne s’est manifestement pas ennuyé.

True Grit, le roman de Charles Portis (Ed Serpent à Plumes), raconte une bonne histoire, bien troussée : des enjeux simples, des conflits forts et des personnages qui ont du souffle pour porter tout ça. Les Coen se sont adossés au récit pour bâtir leur film, reprenant presque mot à mot certains des dialogues du livre. Là où ils ont été très forts (comme souvent d’ailleurs), c’est dans le casting (Bridges, Damon, Brolin et la petite Hailee Steinfeld promise à un avenir brillant), dans le rythme, dans le respect irrévérencieux (et oui) du genre western, dans l’humour, bien sûr, et dans le très joli et poétique traitement de la scène précédant l’épilogue. True Grit est un pur bonheur de cinéma. Un vrai western comme au bon vieux temps, avec, en plus, l’œil du marshal en moins, et le petit grain de folie, la Coen’s touch qui fait la différence. Cette fameuse petite touche, on la retrouve dans toute leur filmographie : dans la coiffure du tueur de No Country For Old Men, dans l’atmosphère de The Barber, dans les questionnements du Serious Man, dans les meurtres de Sang Pour Sang ou Fargo, dans l’œil de Clooney d’Intolérable Cruauté ou de O’Brother, dans le délire du Grand Saut, dans la quête du Big Lebowski, avec les espions de Burn After Reading, ou les braqueurs de Ladykillers.

De l’Influence des Rayons Gamma sur le Comportement des Marguerites, le touchant film de Paul Newman, et The Swimmer, de Franck Perry, restent à l’affiche. En complément, un Hitchcock qui passe, Sueurs Froides, et Summer Wars, magnifique film d’animation japonais proposé par l’Enfance de l’Art. Il s’agit là de sauver le monde virtuel d’Oz. Souhaitons que les Japonais sauvent maintenant leur vrai monde.
Belle semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action