Une dose d’amour et une zardoz.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Notre programmation de la semaine est on en peut plus simple : un film classique (Zardoz, de John Boorman), un film d’amour en exclusivité (Two Lovers, de James Gray), une séance de l’Enfance de l’Art avec Dumbo l’éléphant volant, et un événement organisé par l’Inrees.
Commençons par ce dernier, qui aura lieu jeudi à 20h, en présence de Jan Kounen venu présenter son film Darshan–L’Etreinte. Ce troublant documentaire est consacré à une femme charismatique : Amma. issue d’une famille modeste et surnommée la « Mère Divine Indienne », Amma finance des œuvres caritatives en récoltant des dons lors d’étranges cérémonies ou elle étreint les participants. 100000 fidèles, dont Kounen et sa caméra, étaient réunis lors de son cinquantième anniversaire. Le réalisateur, membre de l’Inrees, ces spécialistes des expériences extraordinaires, viendra nous raconter son voyage vers le sacré.
Non moins extraordinaire, Zardoz nous plonge dans une société de cauchemars. En 2293, la terre dévastée survit sous le contrôle de quelques Immortels et la terreur des Exterminateurs. L’un d’eux, particulièrement viril, pénètre le monde des Immortels dont le système pernicieux est désormais menacé. 320 ans avant l’action du film (soit en 1973, on vous évite le calcul), John Boorman a déjà près de 10 ans de carrière derrière lui et vient de signer un chef d’œuvre choc (Delivrance), après une fable satirique (Léo The Last), portée par Mastroianni. L’imaginaire débordant et la richesse visuelle de son cinéma convainquent une autre star de rentrer dans son univers. Sean Connery, devenu icône planétaire depuis sa première prestation de James Bond en 1961, accepte de jouer – en slip et de cartouchière rouge – l’exterminateur de zardoz. Aux côtés de notre chère Charlotte Rampling, il forme un couple glamour dans un univers qui fait référence au théâtre grec, à la mythologie égyptienne et au psychédélisme des année 70. Mais sous ses dehors baroques et délirants, Zardoz est une dénonciation habile et élaborée du consumérisme et du puritanisme. Un grand-grand film de science fiction que nous sommes heureux de proposer sur copie neuve.
En salle Club, Two Lovers poursuit sa brillante carrière. James Gray, qui s’est distingué en dépeignant les familles mafieuses, s’immisce dans une famille qui ne manie pas les armes. Mais la violence, des psychotropes et de l’amour parental, règne néanmoins. Elle empêche Joaquin Phoenix de vivre et de choisir entre la fiancée présentée par sa famille et la femme vers laquelle le guide son désir. Le destin tranchera pour lui. Film d’amour intimiste et cruel, Two Lovers est prodigieusement servi par ses interprètes : Isabella Rossellini (en mère douce et tyrannique), Moni Moshonov (star Israélienne), Vinessa Shaw (découverte par Kubrick dans Eyes Wide Shut), Gwyneth Paltrow (dans le meilleur rôle de toute sa carrière) et Joaquin Phoenix, impérial. Dire qu’il veut arrêter le cinéma pour se consacrer à chanson ! C’est du gâchis.
Pour terminer, annonçons notre prochain ciné-concert-goûter du dimanche 14 décembre, afin que vous ayez le temps de réserver votre après-midi, et vos places à notre caisse. Robert Piéchaud, notre pianiste préféré, sera au clavier pour interpréter la partition délirante qu’imposera Harold Lloyd sur l’écran. Au programme, quatre moyens-métrages des années 20, inédits en France. Harold au far West, aux prises avec une voiture délirante ou ratant son suicide, ce sont des éclats de fou rire. Et un bon goûter pour se remettre les zygomatiques en place.
Bonne semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action