Scroll down
L'Édito

Un singe en hiver et un dimanche en musique

L'Édito

Un singe en hiver et un dimanche en musique

Chère Spectatrice, cher Spectateur,

Cette nouvelle année – que nous vous souhaitons excellente – commence pour nous sous le signe du singe. Et même du singe géant, puisque les deux King Kong (celui de 1933 et le tout nouveau de Peter Jackson) règnent en maître sur nos écrans.
Seuls face à ces géants velus, deux petits hommes à lunettes : Woody Allen et son formidable Match Point (en soirée dans la salle Club) et Harold Lloyd, vedette escaladeuse de Monte la Dessus, chef d’œuvre du muet que Jacques Cambra mettra en musique dimanche à 16h.

Donc, King Kong. Nous vous avons longuement parlé dans nos précédentes éditions de la version originale de 1933 réalisé par Cooper et Schoedsack. Mais sans nous arrêter sur l’objet du désir de la bête incarné par Fay Wray. D’origine canadienne, Fay Wray débute à la radio à 16 ans, puis apparaît dans quelques films muets, avant que Joseph Von Sternberg ne lui donne le premier rôle de La Marche Nuptiale en 1926. Son travail radiophonique lui permet de survivre à l’avènement du parlant. Dans les années 30, elle tourne jusqu’à 12 films par an, dont deux qui ont marqué l’histoire du cinéma : The Most Dangerous Game (les Chasses du Conte Zaroff) et surtout King Kong.
Fay Wray disparaîtra des écrans dans les années 50 et vivra une retraite heureuse jusqu’en 2004. Cette même année, Peter Jackson qui prépare son remake de King Kong la contacte, elle qui est la seule survivante du film de 1933. Jackson lui présente Naomi Watts, sa remplaçante contemporaine, et propose à la vieille dame de tenir un petit rôle dans son film. Elle refuse, hésite, mais la vie décide à sa place : Fay Wray s’est éteinte le 8 août 2004, à quelques semaine de son 97ème anniversaire. Dommage…
Mais cela n’empêchera pas Peter Jackson de réaliser son rêve d’enfant en mettant en scène sa vision de King Kong. Et l’on est bien loin des maquettes animées et tremblotantes du singe géant de 1933. Entièrement numériques, la jungle, le New York des années 30, les monstres et, évidemment, Kong lui-même, à qui l’acteur Andy Serkis prête son expressivité, sont époustouflants. Au-delà de la débauche d’effets visuels incroyables dont Jackson est un maître incontesté, son travail sur les personnages est également très convaincant : Jack Black compose un joli mégalo, Adrien Brody, un héros malgré lui et Naomi crée avec la bête un couple touchant, vivant un amour fatalement voué à l’échec.
Bref, du beau, du grand, du spectaculaire cinéma.

Tout aussi spectaculaire, le renouveau de Woody Allen, grâce à Match Point, l’irrésistible réussite d’un ambitieux prêt à tout dans l’upper class londonienne.

Spectaculaire aussi, l’ascension du building par Harold Lloyd, dans Monte la Dessus (Safety Last). Cette petite merveille muette rendue célèbre par l’image du binoclard pendu à l’aiguille d’une horloge géante, sera mise en musique par le pianiste Jacques Cambra. Ce sera dimanche prochain à 16h, lors de notre ciné-concert-goûter de janvier. Un moment rare pour redécouvrir en famille un plaisir cinéphilique perdu, et le prolonger autour d’un réjouissant goûter concocté par nos amis de l’Intendance Suivra.
Pensez à pré-acheter vos places, car elles sont comptées…

Avant de conclure, signalons encore que du 18 au 24 janvier, le Grand Action accueillera le palmarès 2005 des lecteurs de Télérama. L’occasion de voir ou revoir les grands moments cinéphiliques de l’année passée : LE TEMPS QUI RESTE de François Ozon, PEINDRE OU FAIRE L’AMOUR d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu, DE BATTRE MON CŒUR S’EST ARRETE de Jacques Audiard, MILLION DOLLAR BABY de Clint Eastwood (VO), BROKEN FLOWERS de Jim Jarmusch (VO), LA VIE AQUATIQUE de Wes Anderson (VO) MATCH POINT de Woody Allen (VO)

En attendant le meilleur de 2005, excellente année 2006.