Un chien blanc et des événements.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Ça fait plaisir, lorsque l’on ressort un film de plus de 30 ans, de voir des salles pleines, un public en attente et une critique enthousiaste. C’est ce qu’il se passe avec White Dog – Dressé pour Tuer, adaptation par Samuel Fuller du roman de Romain Gary, et c’est une demi-surprise car ce film maudit mérite vraiment d’être redécouvert. Vous aurez bien d’autres raisons de venir au Grand Action cette semaine, riche de 3 événements. Le premier aura lieu jeudi à 20h, pour notre Ciné-Club Art et Science, avec un débat autour de Summer Wars, dessin animé japonais 2.0 de Mamoru Hosoda.
Le lendemain, nous avons la joie de vous inviter à l’avant-première du Monde Nous Appartient, dernier film de Stephan Streker, avant de conclure cette guirlande d’événements avec un classique Ciné-Club Positif, où Michel Ciment en personne viendra nous éclairer sur Les Temps Modernes de Chaplin. Et si cet alléchant programme ne vous suffit pas, quelques rescapés surnagent (The Grand Budapest Hotel, Le Loup de Wall Street et Computer Chess), ainsi qu’une dizaine de Palmes d’Or, dont les deux Haneke, Le Ruban Blanc (2009) et Amour (2012).
Le lendemain, toujours à 20h, l’équipe du film nous convie à l’avant-première de le Monde Nous Appartient, de Stephan Streker. Journaliste engagé, critique de cinéma, mais aussi passionné de sport et déjà réalisateur de plusieurs courts métrages remarqués (Shadow Boxing, Mathilde la Femme de Pierre), Stephan signe là un drame où deux jeunes hommes que tout oppose vivent leur destin en parallèle. Difficile de vous en dire plus (nous découvrirons le film avec vous), mais la brillante distribution incite à venir voir ce nouvel exemple du cinéma belge. Vincent Rottiers, Ymanol Perset, Reda Kateb et Olivier Gourmet sont à l’affiche de ce film, que l’on pressent puissant. Et ils seront avec nous vendredi soir.
Comment filmer un chien pour raconter la violence imbécile des hommes ? Là était bien l’idée de Samuel Fuller lorsqu’il reprit le projet de White Dog, adapté de Romain Gary et abandonné par Polanski qui, pour des raisons judiciaires, avait du quitter précipitamment Hollywood. La Paramount avait, elle, le projet de faire un carton similaire à celui des Dents de la Mer, mais avec un monstre sur pattes. L’on comprend donc que, confronté à d’aussi antipodiques ambitions, le film soit maudit. Il fut boycotté par le Studio qui en interdit la sortie aux USA. Car le vieux Fuller avait parfaitement réussi son coup. La bonne grosse bête blessée recueillie par une jeune actrice est en fait une véritable machine à tuer. La haine lui a été inoculée comme un virus par d’infects nostalgiques de l’esclavage qui ont dressé le Chien Blanc à tuer les « Nègres ». Tout comme ce triste mot placé ici à dessein, le film fut rejeté à sa sortie, et accusé du racisme que, justement, il dénonce avec force. Avec son lyrisme rogue et la remarquable performance de l’animal, Fuller tape fort sur la bête immonde, en faisant incarner son sujet – la cruauté des hommes blancs – par un pauvre chien victime d’avoir été rendu avide de sang noir. Peut-on guérir de la haine ? On peut en tout cas revoir ce film coup de croc, le dernier grand de son auteur.
Quelques nouveautés parmi les films de notre cycle Palmes d’Or, avec notamment les deux obtenues par Michael Haneke, le troublant Ruban Blanc et le bouleversant Amour. Sinon, toujours La Dolce Vita, Apocalypse Now, Underground, Barton Fink, Le Tambour, Sailor et Lula, If… et Le Guépard.
Derniers mots pour l’Enfance de l’Art qui, avec les dessins animés du Piano magique, nous entraîne à faire découvrir Chopin et Beethoven aux plus jeunes.
Bonne semaine.