Un automne brûlant.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
L’automne débute à peine alors on s’adapte, car notre programme est riche, mais c’est bien Un Eté Brûlant que nous promet Philippe Garrel dans son dernier film, au Grand Action cette semaine. Autre moment chaud de la semaine, vendredi 30 septembre à 20h30, lors de la projection de Images de Femmes ou le Corset Social. Ce documentaire de Jean-François Ferrillon, dont le titre résume assez bien l’objet, lancera notre cycle Photo Mode et Cinéma. Et pour, accompagner le réalisateur lors de cette première soirée de débat, Jerry Schatzberg lui-même, le plus fameux transfuge de la photographie de mode au cinéma des années 60-70, sera avec nous. Ne manquez donc pas la venue de Jerry, de passage à Paris pour promouvoir la ressortie de son Portrait d’une Enfant Déchue, que l’on a pu voir au Grand Action cet été.
Deux autres événements rythmeront cette semaine, mais il faudra choisir l’un ou l’autre car les deux se tiendront mardi 4 octobre à 20h. Le Ciné-Club Louis Lumière a invité le directeur de la photographie Willy Kurant pour animer le débat qui suivra le Sous le Soleil de Satan. Palme d’Or à Cannes en 1987 pour Maurice Pialat (on se souvient de son poing levé), ce film magnifique soumet un Abbé à la tentation charnelle d’une jeune fille qui vient lui confesser son meurtre. Depardieu au sommet et Bonnaire lumineuse. Du grand art. Autre genre dans la salle voisine, où l’INSERM fait son cinéma avec Ma Vie pour la Tienne, de Nick Cassavetes. Après ce film troublant sur la conception de dépannage, deux invités de marque réagiront avec le public : le Professeur René Frydman, pape de la fécondation « in vitro », et Valérie Sebag, juriste.
Mais attendez, ce n’est pas fini ! Outre tous ces événements, il y a aussi notre programme : la rétrospective Garrel, 5 films du dernier volet musical du triptyque sur les Noirs dans le Cinéma Américain, et 6 autres pour le festival Photo Mode et Cinéma. Et puis encore Deep End, le premier succès de Skolimowski dans le Londres des 70’s, et Il Etait une Fois en Amérique, notre indéboulonnable Leone. Allez, tant qu’on y est, citons aussi l’Enfance de l’Art qui, dimanche, nous propose Allez Raconte, adorable dessin animé avec plein de voix connues. Vu tout ce qu’il y a à voir, le mieux, c’est que vous dormiez sur place.
Depuis plus de 40 ans, Philippe Garrel fait entendre une voix bien particulière dans le cinéma français. Hors des modes, hors des codes, hors du diktat des grands circuits et de la frilosité créaticide des diffuseurs télévisuelles. Pour annoncer Un Eté Brûlant, son dernier film, une variation sulfureuse et sensuelle d’un triangle amoureux avec comme barycentre la non moins brûlante Monica Bellucci, nous vous proposons de revoir certains des précédents films de Garrel. Au programme, Le Vent de la Nuit avec Catherine Deneuve et Xavier Beauvois, Elle a Passé tant d’Heures sous les Sunlights, où il filme le théâtre, Sauvage Innocence, le paradoxe du réalisateur, J’entends Plus la Guitare, l’amour à la Rohmer, Liberté la nuit, avec le regretté Maurice Garrel, Le Lit de la Vierge, étrangeté politico-religieuse, La Naissance de l’Amour, avec Jean-Pierre Léaud, Marie Pour Mémoire, son premier long métrage, La Cicatrice Intérieure, film d’errance avec Nico, les Amants réguliers et La Frontière de l’Aube, deux films où, comme dans un Eté Brûlant, joue son fils Louis, Les Hautes Solitudes, portrait de Jean Seberg, et L’Enfant Secret, qui le fit connaître du public au début des années 80.
Si Garrel est hors des modes, le cinéma lui, s’y intéresse. Et c’est tout l’objet de notre festival Photo Mode et Cinéma que lancera la soirée de vendredi avec Jerry Schatzberg et Jean-François Ferrillon. Outre Images de Femmes, projetée ce soir là, vous pourrez aussi voir d’autres documentaires : Yves Saint-Laurent Pierre Bergé, l’Amour Fou, où Pierre Thoretton réalise un magnifique portrait de ce couple d’esthète qui a régné sur l’élégance pendant un demi-siècle, Lagerfeld Confidentiel, où devant la caméra de Rodolphe Marconi et les plus belles femmes du monde, Kaiser Karl lève une partie de son propre mystère et The September Issue, où la non moins mystérieuse Anna Wintour, rédactrice en chef de Vogue et papesse de la monde se laisse approcher par le réalisateur R.J. Cutler. Egalement des fictions sur la mode qui, elle même, en est une : Zoolander, où Ben Stiller en donne une vision acide, déjantée et hilarante, Blow Up, le cultissime film d’Antonioni, et Les Larmes Amères de Petra Von Kant, avec la lumineuse Hanna Schygulla dans un drame douloureux de Fassbinder.
On continue avec notre troisième festival, et le dernier volet de celui que nous consacrons aux Noirs dans le Cinéma Américain. Après avoir célébrer les stars black et le combat pour l’émancipation, voici venu le temps de la musique noire. Pour illustrer le propos, Ray, magnifique biopic du génial jazzman aveugle Ray Charles, incarné avec brio par Jamie Foxx pour Taylor Hackford, et Boyz’n’ the Hood, un incontournable de la culture hip-hop à Los Angeles, filmé par John Singleton. Retour aux sources avec Hallelujah, premier film parlant de King Vidor et premier film « all-black » produit à Hollywood, et deux hommages : le premier à la blaxploitation des 70’s avec Black Dynamite, film explosif de Scott Sanders ; le second à la musique du Sud, dans le mélancolique et burlesque Mystery Train, de Jim Jarmush.
Au point où nous en sommes, prenons le temps de vous souhaiter une excellente semaine, et d’adresser un petit salut à madame Paulette Dubost, attachante soubrette et étoile centenaire, partie briller plus haut dans le ciel.