Troubles in Belfast.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Une nouvelle exclusivité arrive ce mercredi sur nos écrans : Belfast, où Kenneth Branagh reconstitue son enfance dans l’Irlande du Nord en guerre (il y en avait malheureusement aussi à la fin des années 60). Chaque séance de 19h30 de ce « film à Oscar » sera ouverte par Le Chant d’Ahmed, lauréat du Prix Unifrance – Grand Action. Mais il y aura bien d’autres réjouissances. D’abord jeudi, avec un ciné-club AFSI et It Must be Heaven, d’Elia Suleiman, puis, lundi 7 mars, notre nouveau ciné-club Climax où l’on verra en avant-première Goliath de Frédéric Tellier, servi par un plateau de choix. Le lendemain, pour la journée des Droits des Femmes, nous admirerons Le Portrait de la Jeune Fille en Feu, de Céline Sciamma.
Permettez-nous de revenir brièvement sur l’histoire irlandaise, afin de vous aider à mieux saisir les enjeux de Belfast. En 1922, après la guerre d’indépendance, l’île est séparée en deux. Au sud, la future République d’Irlande (Eire en VO) accède à une complète autonomie, avec Dublin comme capitale, tandis que l’Irlande du Nord demeure dans le giron du Royaume-Uni. Dès 1967, sa minorité catholique, qui subit des discriminations, se révolte face à la majorité protestante. Cette confrontation religieuse tourne quasi au conflit armé, et la violence s’empare de Belfast, sa capitale, en 1969 et pour plusieurs années. Les attentats de l’IRA (républicains catholiques) et la répression de l’armée britannique feront plus de 1800 morts dans la ville. Voilà le contexte dans lequel vit Buddy, gamin de 9 ans issu d’une famille unie de la classe ouvrière, passionné de films américains. En un clin d’œil, son monde paisible va tourner au cauchemar. Kenneth Branagh ne s’en cache pas : c’est son enfance qu’il évoque dans son film « le plus personnel », sur une ville et des gens qu’il aime. Né à Belfast, il s’est entouré de comédiens parfaitement irlandais, dont Judi Dench, Caitriona Balfe, Jamie Dornan, et le jeune Jude Hill, extraordinaire débutant.
Chaque soir à 19h30, avant cette plongée poétique et cruelle dans le Belfast des 60’s, on verra Le Chant d’Ahmed. Presque moyen dans son métrage (30 mn), le film de Foued Mansour est une réussite totale. Le filmage délicat de la relation entre un vieil employé des bains- douches et un jeune gars à la dérive mérite largement le Prix Unifrance-Grand Action qu’il a reçu.
Jeudi à 20h, le ciné-club AFSI, qui réunit les membres de l’Association Française du Son à l’Image, nous convie à revoir It Must be Heaven, où Elia Suleiman se filme fuyant la Palestine avec l’ironie qui caractérise son cinéma. Il sera avec nous, en compagnie de Gwennolé Le Borgne, Olivier Touche et Laure-Anne Darras, tous trois monteurs son.
Lundi à 20h, nous sommes très heureux d’inaugurer notre nouveau Ciné-club Climax, consacré à un thème qui nous est cher : l’environnement. Goliath, dernier film de Frédéric Tellier sur les ravages des pesticides, sera projeté en avant-première et en sa présence ! Avec son sens de l’enquête et la richesse de ses personnages (cf. L’Affaire SK1), Frédéric Tellier dresse ici un cinglant portrait de l’industrie agrochimique, incarnée par un Pierre Niney dégoulinant de cynisme, qu’attaquent un avocat rageux (Gilles Lellouche) et une activiste fiévreuse (Emmanuelle Bercot). Quentin Lazzarotto, réalisateur de films scientifiques, et César Dugast, ingénieur chez Carbone4, animeront un passionnant débat sur ces poisons « indispensables » en échangeant avec Frédéric Tellier, le mathématicien politique Cédric Villani et la toxicologue universitaire Sylvie Bortoli.
Le lendemain, un film de femmes signé Céline Sciamma permettra à l’UFA (Union des Féministes d’Assas) de célébrer leurs droits (dont beaucoup restent à conquérir). Le Portrait de la Jeune Fille en Feu, que Marianne (Noémie Merlant) fait d’Héloïse (Adèle Haenel), en donne une magnifique illustration.
On va faire court pour terminer sur le programme de la semaine, avec toujours Licorice Pizza et un cycle Paul Thomas Anderson, The Souvenir, part I et part II, diptyque de Joanna Hogg, Michael Cimino, Un Mirage Américain, doc de Jean-Baptiste Thoret, et nos indéboulonnables du moment : The Card Counter, Neige et First Cow. Et puis un dernier mot pour L’Enfance de l’Art, avec trois jolis dessins animés : Le Chant de la Mer (mercredi à 10h30), L’Hiver Féérique (jeudi à 10h30) et Le Roi et l’Oiseau (dimanche à 14h).
Excellente semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action