Traverser le lac.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Un film est un voyage dans une histoire, une excursion dans l’imaginaire de ses auteurs, la traversée d’un moment de vie des personnages. Ainsi, ceux de Falcon Lake, le premier de Charlotte Le Bon, voguent dans le lac tumultueux de l’adolescence et des amours naissantes, tandis que le trouple de Pourquoi Pas ! de Coline Serreau, connaît les affres du doute et de la suspicion. Outre cette sortie et cette réédition, huit événements vont rythmer notre semaine, et nous y viendrons plus bas.
Charlotte Le Bon s’est librement inspirée d’Une Sœur, le roman graphique de Bastien Vivès (édition Casterman), pour imaginer Falcon Lake. Elle a transposé l’histoire de l’île aux Moines à son Québec natal, mais raconte fort bien l’éducation sentimentale d’un garçon de presque 14 ans, Bastien, qui se retrouve en vacances avec Chloé, la fille d’amie de ses parents, de deux ans son aînée, un peu délurée, un peu angoissée, un peu perdue surtout. La réalisatrice s’est s’éloignée de la bédé en faisant appel à sa propre jeunesse, mais elle a préservé la délicatesse érotique de Vivès et capté avec sensibilité les émois mal maitrisés de l’adolescence. Sara Montpetit et Joseph Engel, des quasi-débutants, sont remarquables de justesse. Un très joli premier film subtil, doux et fin, tourné en pellicule dans les somptueux décors des rives du Falcon Lake canadien. Faudra-t-il le traverser ?
Notre autre sortie de la semaine a 45 ans, mais garde aussi une incroyable fraîcheur, celle de la liberté des années 70. Pourquoi Pas ! de Coline Serreau, l’incarne grâce aux attachants personnages d’un ménage à trois qui se laissent perturber par une quatrième. Réalisé peu après son documentaire Mais Qu’est-ce qu’Elles Veulent ?, Pourquoi pas ! est une autre manifestation de l’engagement féministe (entre autres) de Coline.
Si d’autres films restent à l’écran (voir les affiches en fin de lettre), notre semaine est aussi riche de nombreux événements, dont un autour d’Ariaferma vendredi. Mais avant, il y a le Ciné-club ESEC qui, mercredi à 19h30, nous propose de voir Teddy, en présence de Ludovic et Zoran Boukherma, ses réalisateurs, et Christine Gautier, qui en partage l’affiche avec Antony Bajon. Ce dernier, alias Teddy, est victime d’une curieuse agression lupine, qui le fait glisser vers la loup-garisation.
Jeudi à 20h, nous rendrons Hommage à Jacques Perrin, en compagnie d’Eric Deroo, co-réalisateur de L’Empire du milieu du sud. Jacques a voulu ce film (projeté en 35mm), suite à sa rencontre avec l’Indochine lors du tournage de La 317e Section. Avec Eric Deroo, ils ont réuni et monté des archives incroyables, soutenues par la voix sensible de l’auteur.
Vendredi à 19h30, Ariaferma, excellente surprise du cinéma italien contemporain signé Leonardo Di Constanzo, ouvrira (si l’on peut dire) un débat sur la prison, où se situe l’action du film. Des spécialistes franco-italiens de l’univers carcéral confronteront leur point de vue sur la relation surveillants-détenus après la projection, dans le cadre des Journées Nationales Prison 2022.
Samedi 19h, l’insatiable Carlos Tello, docteur en littérature comparée et cinéma, animera le ciné-club Image & Parole autour d’un monument : 2001 l’Odyssée de l’Espace. S’il est bien un film qui ouvre le débat, c’est ce chef d’œuvre de Stanley Kubrick.
Retour d’À travers la vitre, en 3 actes, de Christos Barbas, projeté lors du Festival GrecDoc de la semaine dernière et remontré dimanche à 11h30. Un dimanche riche puisqu’à 18h, ce sera Du Décor à l’Ecran. Jean Bauer, chef décorateur de Passion, nous parlera longuement de son travail sur ce brulot glamouro-syndicaliste du regretté Jean-Luc Godard, servi par un casting de rêve (Huppert, Schygulla, Piccoli…).
Lundi à 19h30, le Director’s Club, rendez-vous des réalisateurs qui aiment les films, a invité Chloé Mazlo et Odile Etaix pour évoquer Pierre Etaix, cinéaste, clown, dramaturge, affichiste et magicien. De cet homme aux multiples talents, nous verrons Yoyo, qu’il interprète et dirige avec la liberté de ton qui est sa marque de fabrique.
Le Ciné-club Louis Lumière animé par Nicolas Gaurin, chef opérateur de Mais vous êtes fous, réalisé par Audrey Diwan, bouclera la semaine.
Et nous, nous bouclons cette lettre en vous rappelant de lire notre riche programme, dont celui de l’Enfance de l’Art qui ravira grandement le jeune public avec Minuscule, projeté mercredi 14h30.
Belle semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action