Tout le monde est là.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
On exagère, mais il y a beaucoup de monde – et du beau monde – au Grand Action cette semaine. Philippe Garrel d’abord, présent pour l’une des séances de son cycle, Andy Warhol aussi, à travers Macadam Cowboy, première de la série de projections organisées en lien avec l’exposition Warhol unlimited au Musée d’Art Moderne. Et puis il y aura aussi plein de scientifiques, de mathématiciens, de psychiatres, d’informaticiens, de roboticiens, pour les quatre rendez-vous du Festival Pariscience. Ajoutez à cela un cycle Woody Allen annonçant la prochaine sortie dans nos salles de Irrational Man, quelques éminents rescapés du Cycle William Friedkin, la Queen of Earth, d’Alex Ross Perry, et tout ça sous le Signe de Zorro. ça fait quand même du monde.
Alors que le film du fils Louis séduit, on constate qu’il puise son inspiration des réflexions sur le trio amoureux du père Philippe. Sa dernière variation sur ce thème, L’Ombre des Femmes, sera dimanche à 19h présentée par Stanislas Merhar, son interprète principal (aux côtés de Clothilde Courau et Lena Paugam). Mercredi à 20h, Philippe Garrel lui-même sera parmi nous pour le lancement de son cycle. Nous en profiterons pour revoir l’amour fou et opiacé des Amants Réguliers, et Actua 1, un court-métrage. Le cycle Philippe Garrel est l’occasion d’une traversée de sa riche carrière, débutée dans l’ombre underground des années 70.
C’était alors le plus grand quart d’heure de gloire d’Andy Warhol qui régnait sur son royaume new yorkais. Velvet, Club 54, Nico, cet inventeur de la modernité pop a irrigué une génération réconciliée avec Marx et le Coca-Cola. En lien avec le Musée d’Art Moderne de Paris, qui montre le travail de cet artiste majeur dans l’exposition Warhol Unlimited, nous avons concocté un programme qui porte un regard cinématographique sur l’auteur de Ma Philosophie de A à B (et vice-versa). Le cinéma fait partie de l’œuvre de Warhol, qui sut en jouer et en inspirer. Documentaires, films undergrounds, blockbusters d’une époque, le cycle Warhol Unlimited débute ce vendredi, et il y aura bien d’autres vendredis. Pour cette première séance, nous verrons Macadam Cowboy, grand classique de la dérive de John Schlesinger, où un beau bébé du middle west se perd dans un New York très warholien. La soirée sera animée par Sébastien Gokalp, l’un des commissaires de l’exposition. Il nous dira sans doute que le personnage de Jon Voight a inspiré celui de Joe Dalessandro dans le sulfureux Flesh de Paul Morrisey, deux amis d’Andy.
Nous sommes très heureux d’être partenaire de Pariscience, festival parisien du film scientifique, car c’est l’occasion de d’accueillir des films qui nous questionnent et des débats qui nous passionnent. Vendredi, Jacques Pitrat et Giuseppe Longo, tous deux chercheurs au CNRS, parleront mathématiques, après la projection d’Imitation Game. Dans ce film de Morten Tyldum, Benedict Cumberbatch est Alain Turing, maître des mathématiques, décrypteur de codes nazi et victime de l’homophobie. Samedi à 18h, l’informaticien-philosophe Jean-Gabriel Ganascia et l’historien de l’informatique Pierre Mounier-Kuhn tenteront de donner un sens à l’hermétique 2001, l’Odyssée de l’Espace, chef d’œuvre absolu de Kubrick. Dimanche même heure, Philippe Mathieu et Serge Tisseron, deux intelligences très humaines, interviendront après A.I., la vision Spielberguienne de l’intelligence artificielle. Lundi, il sera question de robotique, sujet lancé par Eva, étrange film de Kike Mailo, auquel Yves Demazeau et Raja Chatila, donneront leur vision plus scientifique de chercheurs au CNRS.
Il aurait sans doute pu être chercheur. Mais il a préféré faire des films. Tant mieux. Woody Allen, inépuisable observateur de l’espèce humaine, drôle de rêveur et réalisateur acide, fait d’ailleurs toujours des films. La prochaine sortie de son dernier opus, Irrational Man, sur nos écrans le 14 octobre, nous donne l’occasion d’un cycle Woody Allen. De la comédie des débuts (Woody et les Robots) au polar troublant (Match Point), en passant par les introspections psychanalytiques (Manhattan, Stardust Memories), les fables philosophiques (Zelig) et les paraboles drolatiques (Alice), tout l’éclectique talent du réalisateur en une quinzaine de films.
Parmi cette palanquée de nouveautés, cycles et festivals, surnagent quelques rescapés de nos précédentes semaines. Ainsi, on ne se lasse pas de French Connection et Sorcerer, deux indispensables de William Friedkin, ni de Queen of Earth, le film intimiste et mumblecore d’Alex Ross Perry, où Elisabeth Moss confirme qu’elle est une grande actrice. L’Enfance de l’Art clôture évidemment cette lettre avec le héros masqué vu par Rouben Mamoulian dans le Signe de Zorro.
Bonne semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action.