Tempus fugit (le temps fuit, Virgile).
Chères spectatrices, chers spectateurs,
S’il fuit indubitablement et pour tout le monde, les sémiologues du film distinguent deux temps : le diégétique (la durée de la narration) et l’écranique (celle du film). Le cinéma se joue du temps ; flashes, back ou forward, ellipses et montage alterné, accélérés et ralentis, tous les moyens sont bons pour le tordre, le distendre et le modifier. Car le temps, certes fuit, mais pas de la façon linéaire que l’on croit. Vendredi à 19h, la projection-débat d’Interstellar, dans le cadre de Timeworld, une exposition et des conférences à la Cité des Sciences, nous rappellera la fluidité capricieuse du temps. Cette semaine, trois autres séances animées vont nous questionner sur d’autres sujets tout aussi passionnants. Mais, pour conclure sur le temps, signalons, qu’aux côtés d’Evil Dead 2, sort une version allongé de Once Upon a Time… in Hollywood. Le temps fuit ainsi plus longtemps.
Notre série d’événement débute jeudi à 20h avec un Ciné-club des Ecoles. Après la projection du Visage, d’Ingmar Bergman, l’historien du cinéma Michel Etcheverry nous démêlera les arcanes, faux-semblants et mensonges de ce film magnétique et hypnotique que le maître suédois réalisa en 1958.
Du 21 au 23 novembre, la Cité des Sciences de la Villette organise Timeworld, une conférence-exposition pour questionner le temps. Temps mesuré, temps de l’évolution, temps perçu, temps dans l’art, autant de temps qui n’ont pas le même tempo. En complément de ce vertigineux programme, les Cinémas Indépendants Parisiens (CIP), dont le Grand Action fait partie, accueillent des projections de films liés au sujet. Vendredi à 19h, Quentin Lazzarotto, notre ami cinéaste de la science à l’IHP, fera débattre l’astronaute Jean-François Clervoy et l’astrophysicien Alain Riazuelo. Pour introduire ce grand moment qui nous entraînera vers les distorsions spatio-temporelles et les trous noirs, nous verrons le troublant Interstellar, de Christopher Nolan.
Nous poursuivons dans la troublitude dimanche à 18h avec le Ciné-club Clash qui nous propose Trouble Every day. Claire Denis dirige Béatrice Dalle et Vincent Gallo dans une histoire assez perturbée et perturbante. Les journalistes du Fanzine Cash, instigateurs de l’événement, présenteront le film et reprendront l’échange après la projection.
Mardi à 20h, le Collectif Jeune Cinéma, qui travaille et réfléchit sur l’expérimentation filmique, nous propose de « penser le cinéma autrement » avec Bruine Squamma, de Claudine Eizykman. Cette théoricienne, réalisatrice et enseignante, disparue l’année dernière, fut une figure majeure du cinéma expérimental. La séance, présentée par Federico Rossin, sera l’occasion de lui rendre hommage.
Si Evil Dead 2, la comédie d’horreur de Sam Raimi sur copie 4K restaurée, continue de faire frémir nos spectateurs amateurs d’hémoglobine, les fans de Tarantino vont eux, être comblés. Le facétieux Quentin a, en effet, retouché son dernier Once Upon a Time… in Hollywood, et a ajouté quelques scènes pour en faire une version longue. Nous vous la proposons, mais poursuivons aussi l’exploitation de la version courte en 35mm, pour les inconditionnels de la pellicule.
Outre une séance de Laura, d’Otto Preminger lundi à 18h, vous retrouverez aussi les films des semaines précédentes, dont Un Jour de Pluie à New York (Allen) Le Dernier round (Keaton), trois James Gray (Two Lovers, We Own the Night et Ad Astra) et la dizaine de films qui compose notre Cycle Clint Eastwood.
Derniers feux pour l’Enfance de l’Art. Mercredi 14h30, reprise des Espiègles, série de courts dessins animés inspirés par Wilhelm Busch et, dimanche à 14h, Robert Wise évoque Le Jour où la Terre s’arrêta, classique de la SF hollywoodienne.
Belle semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action.