Tarantinesque rentrée
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Tandis que les élèves vont retrouver les bancs des écoles, les Inglourious Basterds de Tarantino restent à l’affiche, tout comme les jeunes filles du Pique Nique à Hanging Rock, film culte de Peter Weir, et les 7 Mercenaires de John Sturges.
Dialogues décoiffants, personnages inattendus – pour ne pas dire improbables – science de la mise en scène, références iconoclastes, violence aussi sporadique qu’implacable, rebondissements bondissants, bande son choisie, humour décalé, construction éclatée et acteurs sublimés ; il y a dans les Inglourious Basterds de Tarantino tout ce qu’on aime chez lui, et que certains détestent. On peut tout dire, et son contraire, sur le cinéma de Tarantino. On peut aimer ou détester son enthousiasme juvénile et apprécier ou non les digressions jubilatoires de ses productions. Mais il y a une chose que tous, aficionados et détracteurs, doivent reconnaître à Tarantino : l’incroyable liberté de son cinéma. A l’heure où, souvent, les films se suivent et se ressemblent, et où l’uniformisation prend le pas sur l’imagination, un film de Tarantino fait toujours entendre une musique bien particulière. Inspirés d’une Poignée de Salopards, série Z italienne réalisée par Enzo G. Castellari en 1978, ses Basterds, qui s’éclatent en scalpant les nazis dans la France occupée, envoient tout de même une sacrée claque. Et puis, ne serait ce que pour Brad Pitt, génial, et Christoph Waltz, révélation du film palmée à Cannes, Inglourious Basterds vaut le voyage.
Virginales, mais bouillonnantes de désir contenu, de jeunes pensionnaires engoncées dans la bourgeoisie du XXe siècle naissant, partent pour une sortie à vocation géologique : l’étude de Hanging Rock, une montagne légendaire et phallique de l’Australie. Mais ce Pique Nique à Hanging Rock va bientôt dériver, avec la mystérieuse disparition de certaines participantes. Sensuel et onirique, ce (presque) premier film de Peter Weir, réalisé en 1975, ressort aujourd’hui dans un nouveau montage supervisé par son auteur (le director’s cut) et une copie toute neuve. Qualifié de film culte à sa sortie, inspirateur du Virgin Suicide de Sofia Coppola, le Pique Nique à Hanging Rock n’a rien perdu de son étrangeté. Film fantastique sans effet spéciaux, tout en douceur et en non-dit, le pique nique laisse à tous ses spectateurs un souvenir tenace.
Egalement à l’affiche, Les 7 Mercenaires (The Magnificent Seven), de John Sturges, l’un des plus épiques westerns de l‘ouest, venu pourtant d’extrême orient, via les 7 Samouraïs de Kurosawa. A voir aussi, mercredi à 14h, grâce à nos amis de l’Enfance de l’Art, La Flèche et le Flambeau, où Jacques Tourneur dirige le bondissant Burt Lancaster dans un sublime film d’aventure médiéval des années 50.
Avant de conclure, juste un mot pour les fans de River Phoenix que nous avions rencontré en nombre lors de la ressortie d’A Bout de Course. Le beau River au destin tragique retrouvera le Grand Action à partir du 16 septembre grâce au film qui l’a fait connaître : My Own Private Idaho, de Gus Van Sant.
D’ici là, bonne rentrée à tous.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action