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L'Édito

Sous le soleil de De Palma.

L'Édito

Sous le soleil de De Palma.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
A la suite des avant-premières de la semaine dernière, vous vous doutiez bien que les deux magnifiques rééditions signées Brian de Palma allaient briller sur nos écrans de l’été. Dès mercredi, c’est Pulsions qui va prendre ses aises ; pour Blow Out, ce sera le 15 août. Patience dans l’azur. En attendant, vous pourrez vous réchauffer au soleil grec de Stella, Femme Libre, le très beau film oublié de Michael Cacoyannis avec la lumineuse Mélina Mercouri, ou passer le mois d’août à réviser De Palma et ses influences, avec un premier cycle initié la semaine dernière, et un suivant à venir en août. Suivez bien notre programme, car si le Grand Action reste ouvert tout l’été, notre lettre hebdomadaire marque une pause pour revenir toute bronzée à partir du 29 août.

Même s’il se place, de part un certain nombre de ses productions, dans la case du cinéma commercial, Brian de Palma n’a jamais renoncé à son indépendance. Elle lui a permis de toucher très tôt à la caméra et, alors qu’il est encore étudiant (en physique !), de réaliser ses premiers documentaires, puis de passer, à 23 ans et en engageant ses propres deniers, au long-métrage. Cette tentative lui ouvre quelques portes et il peut tourner Greetings, qui obtient l’Ours d’Argent à Berlin en 1969. A 29 ans, il entre ainsi dans la cour des grands. Le succès arrive vite avec Sisters, puis Phantom of the Paradise, ou la rencontre de Faust et Gaston Leroux sur une scène rock. Le succès se confirme avec Carrie, d’après Stephen King et premier film du festival que nous lui consacrons. Cette fable trash d’une adolescente possédée fait de son auteur un maître du nouveau cinéma fantastique. Si d’aucuns lui reprochent  de céder parfois à l’esbroufe ou à la complaisance (pluie de sang et autres fantaisies), la plupart reconnaît son habilité à mettre en scène et son indubitable capacité à happer le spectateur. Avec Pulsions, De Palma rend un hommage au maître Hitchcock (que l’on cite souvent à son propos) en faisant mourir l’héroïne dans le premier tiers du film (comme dans Psychose). Thriller psychanalytique haletant, ce film trouble qui nous entraîne dans les tréfonds de l’âme humaine (et du corps aussi), a retrouvé toute sa saveur grâce à la copie numérique toute neuve que nous vous proposons en salle panoramique. Chronologiquement dans la carrière de De Palma, suit Blow Out, encore un hommage – au Blow-Up d’Antonioni cette fois – que nous projetterons sur une copie aussi flambant neuve à partir du 15 août. John Travolta, preneur de son expérimental, capte par hasard le son d’un meurtre. Les ennuis commencent. En attendant de les suivre, vous pourrez voir Body Double, un autre thriller hitchcockien qui louche vers Fenêtre sur Cour, et Outrages, film sur la culpabilité inspiré d’une histoire vraie – le viol et le meurtre d’une jeune Vietnamienne par des soldats de l’Oncle Sam. Egalement au programme le Bûcher des Vanités, brillante adaptation du brûlot de Tom Wolfe qui tire à boulet rouge sur la haute finance new-yorkaise, Mission Impossible, une formidable concession au studio pour une relecture sur grand écran d’une célèbre série télé, Snake Eyes, un excellent polar dans le milieu de la boxe où De Palma fait preuve de sa virtuosité. N’arrivez pas en retard au risque de rater un plan séquence de 17 minutes qui, pour la petite histoire, est composé de trois plans raccordés entre eux. Redacted, autre cauchemar de guerre (d’Irak cette fois) et prolongement de Outrages boucle ce cycle. En attendant le suivant, De Palma sous Influence qui, à partir du 22 août, mettra en lumière des films de réalisateurs qui ont marqué Brian et auxquels il adresse emprunts et clins d’œil : Welles, Antonioni, Bunuel et, bien sûr, quelques bon vieux Hitchcock. Comme disait Sir Alfred : « le meurtre n’est pas mort ».

Quoi d’autre dans nos salles cet été ? Moonrise Kingdom, délicieux conte de Wes Anderson, qui poursuit sa carrière, et surtout Stella, de Michael Cacoyannis. Ce cinéaste, futur réalisateur du célébrissime Zorba, marquait, par le magnifique portrait de cette femme libre interprétée par Mélina Mercouri, le renouveau du cinéma grec dans les années 50. Le superbe noir et blanc fortement contrasté voulu par Cacoyannis a retrouvé sa splendeur grâce au travail de Lost Films, qui ressort cette œuvre inédite en France depuis 40 ans. Un film beau et fort comme une tragédie grecque.

Pendant tout l’été, l’Enfance de l’Art reste aussi ouverte le dimanche à 14h. Par ordre chronologique, l’on pourra voir L’Histoire sans Fin, un “heroïc fantasy“ de Wolfgang Petersen, Les Pirates ! Bons à Rien, délirant dessin animé classique des studios Aardman (les pères de Wallace et Gromit), et le Drôle de Paroissien, film très politiquement incorrect (comme beaucoup) de Jean-Pierre Mocky, où Bourvil pille des troncs d’église pour la bonne cause et avec infiniment de piété.

Bon été à toutes et à tous, reposez vous bien (au cinéma ou ailleurs) et rendez-vous le 29 août pour la prochaine lettre.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action