Soucoupes et locomotives.
Chère Spectatrice, cher Spectateur,
D’abord merci à tous celles et ceux qui nous ont fait l’amitié de leur présence mardi soir. Pierre Rissient, critique et ami de Lang nous éclaira sur l’œuvre du cinéaste ; le buffet de nos amis de L’intendance Suivra était réussi… Et La Cinquième Victime est un excellent film.
Rendez-vous donc au prochain grand débat du grand Action, et venons en à la semaine qui débute.
Depuis mercredi dernier et à partir de 10h, les soucoupes volantes ont envahi la planète et l’écran du Grand Action. La Guerre des Mondes (The War of the Worlds), l’adaptation du roman de H.G. Wells par Steven Spielberg est sans aucun doute l’un des films de l’été. Fidèle à son approche, Spielberg nous raconte l’invasion extraterrestre par le biais de la famille. Un père divorcé doit garder ses enfants pour le week-end. Mais tout ne se passe pas à merveille entre le père désinvesti, son ado en crise et son étrange petite fille. L’arrivée des méchants E.T. venus conquérir le monde va bouleverser la planète mais remettre de l’ordre dans cette famille décomposée. Sur fond d’apocalypse, le père va tout faire pour sauver ses enfants, en sacrifiant sa propre part d’innocence.
Trois ans après Minority Report, Spielberg retrouve Tom Cruise, qui partage la vedette avec la petite Dakota Fanning, dont les yeux d’un bleu insondable doivent parfois se fermer pour survivre à l’horreur. Vous vous en doutez, les effets spéciaux sont remarquables : autoroutes qui s’écroulent, trains en flammes, et quelques réminiscences du cauchemar américain du 11 septembre 2001.
Pour vous conduire jusqu’à la salle, les couloirs du Grand Action résonnent de l’adaptation radiophonique de la Guerre des Mondes qu’Orson Welles réalisa en 1938 et qui sema la panique dans l’Amérique profonde.
Autre salle et autre turpitudes, plus intimes et ferroviaires avec la réédition de Human Desire (Désirs Humains), notre « Fritz Lang en Amérique » du mois. Human Desire est la version américaine de la Bête Humaine de Zola, adaptée en France par Jean Renoir, avec un inoubliable Jean Gabin. Dans le film de Lang, c’est Glenn Ford qui reprend le rôle de Gabin, un conducteur de train dont la vie va être bouleversée par un couple monstrueux. Dans Clash by Night, Lang ouvrait son film par une mer déchaînée symbolisant le drame à venir. Ici, il suit des voies de chemin de fer qui se croisent et s’entrecroisent pour montrer les malheureux hasards de la vie qui conduiront le héros vers son destin. Plus noire, plus graphique et moins naturaliste que l’adaptation de Renoir, celle de Lang offre un rôle formidable à Gloria Grahame, femme perverse et sensuelle, qui dû pourtant composer avec l’impitoyable censure de l’époque.
Entre apocalypse et drame humain, soucoupes volantes et locomotives, nous vous souhaitons une excellente semaine au Grand Action.
Isabelle Gibbal-Hardy
L’équipe du Grand Action