Sérial Séria.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Cette semaine, nous rendons un hommage, trop rare et mérité, à Joël Séria, mythique réalisateur (entre autres) des Galettes de Pont-Aven qui viendra présenter bon nombre de séances. Aux côtés de ce festival coup de cœur, car on adore Joël et on est ravis de le voir, Woody poursuit sa visite de Midnight in Paris, accompagnée d’autres films ayant notre capitale pour vedette. L’autre grand moment de la semaine, c’est le Ciné-Club Louis Lumière. Notre rendez-vous mensuel avec les opérateurs nous convie à une séance de prestige : Monsieur Michel Piccoli lui-même, réalisateur de la Plage Noire, un conte dramatique et politique où un pays à peine sorti du despotisme fait l’apprentissage de la démocratie, viendra présenter son film. Il sera accompagné de Sabine Lancelin, directrice de la photographie, de Catherine Quesemand, monteuse, et de Ludivine Clerc, scénariste. Si d’habitude, on ne parle que d’image lors des Ciné-Club Louis Lumière, nul doute que celui ci débordera du cadre. Réservez votre mardi 7 juin, à partir de 20h pour en être.
Libertaire, sensuel, rabelaisien, hédoniste, jouisseur, surréaliste parfois, et politiquement incorrect toujours, ainsi va le cinéma et le petit monde Joël Séria. Ce cinéaste en dehors des circuits a construit, en 40 ans de carrière, une œuvre attachante et gaie, guidée par une seule morale : « carpe diem ». Une œuvre que nous sommes heureux de vous faire redécouvrir en sa présence. Après avoir touché à nombre de petits boulots dans les années 50 et 60, Joël Séria devient acteur mais doit renoncer à cette carrière suite à un accident. Il prend alors la caméra et ne la lâchera plus pour imposer son style si particulier. Après s’être fait la patte via un court-métrage, des sujets pour l’émission Dim Dam Dom et quelques films publicitaires, il tourne, dans un esprit anar et sans-le-sous, son premier long-métrage en 1971. Mais ne nous Délivrez pas du Mal, ou la révolution sexuelle vue par deux pensionnaires d’une institution religieuse, provoque une censure gouvernementale de plusieurs mois. Présenté à Cannes, le film sort finalement et rencontre son public. Joël, lui, y rencontre Jeanne Goupil, l’une des débauchées (l’autre étant Catherine Wagener), charmante et piquante brune qui devient sa compagne. Joël présentera cette première séance, ainsi que toutes les autres. Nous aurons ensuite le plaisir de le retrouver au Grand Bar lors d’une signature cocktail, bien-sûr en compagnie de Jeanne. Jeanne qui est également à l’affiche de Charlie et ses deux Nénettes, film lumineux et optimiste, assez proche des Valseuses, mais avec 2 filles et un garçon. On y voit aussi Jean-Pierre Marielle, qui fait partie de la « bande à Séria » avec Dussolier, Fresson, ou Andréa Ferréol, tous trois aux côtés de Jeanne pour Marie-Poupée, où Séria peaufine son style érotico-provincial. Marielle est évidemment Henri Serin, le représentant en parapluies des Galettes de Pont-Aven, le plus célèbre film de Séria, où le héros quitte sa vie pluvieuse pour le beau et le bon temps. Nous aurons le grand honneur de le recevoir samedi soir. Nous poursuivrons avec le dernier film de Séria et Sylvie Testut, alias Mumu, institutrice sévère mais juste et souvenir d’enfance des années d’après-guerre, Les Deux Crocodiles, un « western bretonnant » de 1987 où Carmet et Marielle rivalisent de truculence, avant de clore la semaine avec Comme la Lune, où le même Marielle donne à la connerie une dimension lyrique (merci à Pariscope pour la formule).
La balade parisienne poétique et drôle de Woody Allen entre dans sa quatrième semaine et conserve toute sa fraîcheur. Midnight in Paris est un résumé de tous les talents de son auteur : l’humour, le décalage, la surprise, la critique sociale, la romance, la magie… C’est aussi une ode à notre ville chérie (et parfois horripilante), à laquelle d’autres cinéastes ont rendu hommage : John Huston dans Moulin Rouge, Bertolucci lors du mythique Dernier Tango à Paris, Billy Wilder dans Ariane, interprétée par la charmante Audrey Hepburn, que nous retrouverons dans Charade, de Stanley Donen. Elle est aussi à l’affiche d’un des nouveaux films ayant pour cadre Paris, qui viennent rejoindre ceux des semaines précédentes : dans Deux Têtes Folles, elle est l’assistante d’un scénariste qui vient en France chercher l’inspiration. Nous verrons aussi le séjour parisien de La Belle de Moscou, de Rouben Mamoulian, Sérénade à Trois, pétillante comédie de Lubitsch, le délirant Quoi de Neuf, Pussycat ?, de Clive Donner avec un casting de rêve : Peter Sellers, Peter O’Toole, Romy Schneider, et… Woody Allen ! La boucle est bouclée.
Vite, vite, vite, le reste du programme : True Grit, magique western des magiques Coen, La Nuit du Chasseur, merveilleux cauchemar de Charles Laughton, la Piscine, film en noir, en couleur et maintenant en copie numérique, de Jacques Deray. Avant de conclure avec Vous ne l’Emporterez pas avec Vous, de Frank Capra, proposé par l’Enfance de l’Art, signalons la projection scolaire ouverte du public des Moissons du Ciel. Ce sera lundi à 14h, pour réviser l’œuvre courte mais exceptionnelle de Terrence Malick, palmé d’or à Cannes 2011.
Bonne semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action