Semaines de fête.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
La trêve des confiseurs ne sera pas celle du cinéma, puisque nous vous proposons pendant ces deux semaines de fête un programme alléchant : Trois (més)aventures d’Harold Lloyd, vieilles de 80 ans mais hilarantes et inédites en France, Two Lovers, le dernier film de James Gray, plus deux de ses œuvres précédentes (The Yards et We Own the Night), et l’incroyable Zardoz, du visionnaire John Boorman.
Issu d’une famille d’origine galloise émigré dans le Nebraska, Harold Lloyd monte pour la première fois sur les planches à 4 ans. Il n’en descendra plus. D’abord prestidigitateur, il apparaît dans de petits films Edison, mais débute vraiment sa carrière en 1914, avec Hal Roach, jeune producteur qui vient de monter son studio. Hal et Harold tourne à toute vitesse des « deux bobines » dont le personnage est inspiré par Chaplin. Mais Lloyd va rapidement se détacher de l’influence du vagabond céleste et du pantin impassible (Keaton) pour inventer son personnage : un garçon de la bonne société, un peu intello avec ses lunettes, timide mais optimiste, et prêt à braver tous les dangers pour conquérir l’élue de son cœur. En quelques années, il va tourner plus de 200 courts métrages, avant de se séparer de Roach et de produire des films longs pour son propre compte, mais en gardant son personnage désormais abouti. Les trois formidables courts métrages que nous vous proposons datent des années 20 et 21. Ce sont parmi les derniers que Lloyd ait tourné avec son complice, et le virevoltant acteur maîtrise complètement son art. Pourtant, ces trois films étaient demeurés inédits en France et nous remercions le distributeur Carlotta de nous les présenter, sur copie neuve.
James Gray n’a pas encore 40 ans. Mais il fait déjà parti des grands cinéastes contemporains, reconnu comme tel par ses pairs. En 1994, son premier film, Little Odessa, du nom d’un quartier de Brooklyn où de nombreux Russes (comme la famille Gray) se sont installés, est très remarqué. Mais il faudra 6 ans à James Gray pour réaliser le deuxième, The Yards, une histoire crépusculaire de mafia, de famille et de corruption, qui seront également au centre de We Own The Night, son troisième film. Toutefois, ces 6 ans n’ont pas été inutiles car ils ont permis à James Gray de rencontrer son acteur fétiche, sa vitrine cinématographique, son alter égo, son double fictionnel. Joaquin Phoenix lui sera ce que De Niro fut à Scorsese. Et comme ces glorieux prédécesseurs, le couple Gray-Phoenix n’hésite pas à changer de registre. Dans Two Lovers, ils donnent à voir l’un des plus beaux films d’amour de l’année. Pendant les fêtes, outre Two Lovers, nous vous proposons de voir ou revoir la trilogie de cette collaboration. En espérant que le troublant Joaquin renonce à son projet d’abandonner le cinéma.
Au programme également Zardoz, la folie cauchemardesque de John Boorman : un film baroque, unique, où la science fiction se mâtine de tragédie grecque et d’esprit des années 70. Avec Sean Connery et Charlotte rampling, Zardoz est un OVNI cinématographique comme seul Boorman a su en inventer.
De son côté, l’Enfance de l’Art termine l’année avec Billy Elliott, de Stephen Daldry, l’histoire d’un petit garçon que son père imagine en boxeur et qui se rêve en danseur. Un beau film sur la liberté de penser et de faire, en dehors de des conventions. Amis puristes, attention. Ce film est diffusé en version française pour être accessible aux plus jeunes.
Et si l’Enfance de l’Art termine l’année, le Grand Action est prêt à commencer la suivante. Et en révolution puisque, dès le 7 janvier, le Che, interprété par Benicio del Toro et réalisé par Steven Soderbergh, sera à l’affiche. Quelques semaines plus tard, nous projetterons la seconde partie de ce diptyque primé à Cannes.
Nous en reparlerons longuement dans notre prochain envoi, le 6 janvier. Passez de très bonnes fêtes et, plutôt que d’offrir des objets qui encombrent les greniers, mettez des places de cinéma sous le sapin.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action