Semaine animée.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Riche semaine au Grand Action, avec la ressortie sur copie neuve d’un film envoutant et méconnu, Seconds, thriller paranoïaque de John Frankenheimer, accompagné par un cycle Les Opérations Diaboliques. Deux projections de Seconds (mercredi et lundi 19h) seront présentées par Marc Olry, distributeur du film, et trois autres événements viendront animer la semaine. D’abord un classique Ciné-Club Positif lors duquel Hubert Niogret nous parlera du Narcisse Noir, de Michael Powell et Emeric Pressburger, et une séance spéciale Les Années 50 au Cinéma. Pour le premier opus de cette nouvelle série qui accompagne l’exposition du Palais Galliéra consacrée à la mode de ces années là, nous verrons Rue de l’Estrapade, une comédie dramatique conjugale réalisée en 1953 par Jacques Becker. Bien évidemment, White Dog, de Samuel Fuller, et Stromboli, de Roberto Rossellini (dont une séance sera présentée par François-Guillaume Lorrain), gardent l’affiche.
Les années 50 furent une riche décennie, tant pour la mode que le cinéma. Notre nouveau rendez-vous vous propose de les parcourir en revoyant certains des films marquants de cette fructueuse époque, à laquelle le Palais Galliéra, Musée de la Mode de la Ville de Paris, consacre une magnifique exposition. C’est en lien avec elle que le Grand Action inaugure un cycle les Années 50 au Cinéma, avec une projection tous les vendredis. Celui-ci à 20h, Olivier Saillard, Directeur du Palais Galliéra, viendra nous présenter Rue de l’Estrapade. Fin observateur de la société française de l’après-guerre, Jacques Becker réalisa plusieurs comédies de couple qui, d’une certaine manière, annonçaient la série des Doinel de Truffaut. Après Antoine et Antoinette et Rendez-Vous de Juillet qui obtint le Prix Louis Deluc, Rue de l’Estrapade raconte l’histoire d’une femme trompée qui va chercher sa liberté, mais que les difficultés ramèneront vers le foyer conjugal. Outre le bonheur de redécouvrir une France optimiste, on reverra avec plaisir certaines figures des années 50, comme Anne Vernon, Louis Jourdan, Daniel Gélin et Micheline Dax, récemment disparue.
Mardi à 20h, le Ciné-Club Positif nous convie à sa séance mensuelle autour du Narcisse Noir, de Michael Powell et Emeric Pressburger. Ce duo, à qui l’on doit notamment les célèbres Chaussons Rouges, adapte ici un roman de Rumer Godden, une romancière anglaise qui a beaucoup écrit sur l’Inde. Le Narcisse Noir s’y déroule, dans un palais himalayen où sont envoyées cinq sœurs anglicanes, dont l’une interprétée par Deborah Kerr. Autant dire que le fossé culturel va créer quelques incompréhensions. Hubert Niogret, éminent rédacteur à la revue, viendra, lors du débat qui suivra la projection, nous donner son éclairage sur ce film un peu oublié.
Troisième temps fort de la semaine, la séance de jeudi 19h de Stromboli, film volcanique de Rossellini avec Ingrid Bergman, sera présentée par François-Guillaume Lorrain. Journaliste au Point et auteur de l’Année des Volcans (Flammarion), il nous racontera avec brio et force anecdotes les deux tournages concurrents qui agitèrent les îles Eoliennes en ces années 50. D’autres projections de ce sublime exemple du néo-réalisme sont au programme.
Outre ces événements, la grande affaire de la semaine, c’est évidemment la ressortie sur copie neuve de Seconds – l’Opération Diabolique, grand film cinglé de John Frankenheimer. Un homme se voit offrir l’occasion de retrouver sa jeunesse et de vivre une deuxième vie grâce à une opération chirurgicale. Mais cette opportunité cache aussi un contrat léonin qu’il ne doit jamais révéler. Evidemment, les choses dérapent… Étrange film que ce Seconds, exhumé par nos amis distributeurs de Lost Film, spécialistes de la rareté, et qui offre à Rock Hudson l’un de ses plus grands rôles. Mercredi et lundi à 19h, Marc Olry, patron de Lost Film, viendra nous présenter cette œuvre puissante réalisé en 1966, et nous parler de ce qui l’a motivé pour le ressortir. Sept films évoquant le même thème composent notre cycle Les Opérations Diaboliques qui reprend le titre français de Seconds. L’on verra donc quelques métamorphoses perverses comme L’Homme qui rit, adaptation de Victor Hugo par Paul Leni, un expressionniste allemand émigré à Hollywood, Il Etait une Fois, de George Cukor, Phantom of the Paradise, extraordinaire Faust rock de Brian de Palma, les Yeux sans Visage, chef d’œuvre de Georges Franju, Johnny Belle Gueule, alias Mickey Rourke, de Walter Hill, Fedora, de Billy Wilder, et La Piel que Habito, du toujours formidable Pédro Almodovar.
Non sans dire que White Dog le chien tueur de Samuel Fuller répond toujours présent, terminons avec l’Enfance de l’Art et le merveilleux Dumbo, l’éléphant volant de Ben Sharsteen.
Bonne semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action