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L'Édito

Riche semaine de transition.

L'Édito

Riche semaine de transition.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

De transition, car nos deux cycles, La Jeune Garde Italienne et Au Large de Shutter Island, vont vivre leur dernière semaine. Ils laisseront leur place à une programmation consacrée aux Femmes d’Action, thème du nouvel album de cinéma des éditions Armand Colin, et à un cycle d’Or consacré aux Palmes du même nom. Riche semaine, car elle nous offre deux événements : un Cinéma Club avec un curieux film de Michael Powell, Une Question de Vie ou de Mort, et une soirée les Courts du Grand, sélection de courts métrages proposée par Collectif Prod. Et riche aussi pour le jeune public, avec une programmation de 6 films choisis avec amour pour animer les vacances.

A tout seigneur tout honneur, débutons par les événements. Jeudi à 20h, le Cinéma Club des Anciens (des grandes écoles) nous convie à sa soirée mensuelle. Et il faut que ces anciens étudiants aient conservé un côté espiègle pour projeter Une Question de Vie ou de Mort, un étrange conte fantastique réalisé par Michael Powel et Emeric Pressburger en 1946. Le monde sortait alors de la guerre et les Alliés s’étaient partagés l’Allemagne. Ce qui ne manquait pas de provoquer certaines tensions. Si on connaît celles qui opposaient l’est et l’ouest, l’on sait moins qu’Anglais et Américains ne vivaient pas une lune de miel sous la Porte de Brandebourg. Afin de réconcilier ces Alliés (paradoxe), l’on convoqua le cinéma pour raconter une belle histoire : celle d’un pilote anglais en perdition qui, avant de s’écraser, confie ses dernières paroles à une jeune opératrice radio américaine. Crash. Mais miracle ! Le British n’est même pas mort et se met en tête de retrouver la délicieuse voix yankee. Enfin, pas mort, pas sûr, car c’eut été dans la logique des choses… Et le pilote de la RAF devra plaider sa cause au tribunal de la destinée. De ce film de commande profanement œcuménique, les réalisateurs ont tiré un ovni en technicolor, formidable film d’amour, plein de poésie drolatique. Pour aller plus loin dans l’analyse, Michel Etcheverry, spécialiste du cinéma américain et auteur de « 100 ans d’Aller au Cinéma », viendra présenter la séance.

Vendredi, les Courts du Grand nous feront leur cinéma. Sous la sympathique houlette de Collectif Prod – des vrais passionnés – de jeunes réalisateurs viennent confronter leurs œuvres à un vrai public dans une vraie salle : la nôtre. Lors du programme de ce vendredi, spécial « films extrêmes et insolites », nous verrons des clips déjantés, des films d’animation autoproduits, un court polar sanglant hommage à Batman, la cruelle histoire d’un magicien raté et autres curiosités. Le cocktail qui suivra sera l’occasion de rencontrer les jeunes réalisateurs de ces bizarreries cinématographiques.

Sinon, Shutter Island, machination diaboliquement psychiatrique de Marin Scorsese reste à l’affiche, accompagnée, pour la dernière semaine, de certaines de ses influences. Tournent donc au Large de Shutter Island, la folie de Vol au-dessus d’un Nid de Coucou, de Milos Forman, la dénonciation de l’antisémitisme de Feux Croisés d’Edward Dmytrick, et le délire gothique de l’Île des Morts, de Mark Robson.

Tirant également ses derniers feux, notre Jeune Garde Italienne repassera les Alpes la semaine prochaine. Précipitez vous donc pour voir les extraordinaires deux parties de la saga de Nos Meilleures Années, de Marco Tullio Giordana, et l’indispensable Gomorra – voir Naples et mourir – de Matteo Garone, d’après Roberto Saviano. Également au programme, l’acide Caïman de Nani Moretti, le gracieux Souviens Toi de Moi, de Gabrielle Muccino, le sombre Il Divo, de Paolo Sorrentino, le lumineux Déjeuner du 15 août de Gianni Di Gregorio, Le Rêve Italien de Michele Placido et le rêve américain des Siciliens de Golden Door, de Emanuelle Crialese.

Pauvres enfants ! Quelle petite place vous laisse t-on, en toute fin de lettre ? Rassurez-vous, le programme, lui, est généreux. Féérique même, avec le Magicien d’Oz, de Victor Fleming (attention en VF), aventureux aussi, avec le Voyage au Centre de la Terre, d’Henri Levin, initiatique encore, avec le Pinocchio, de Luigi Comencini, décalé, comme les Vacances de Monsieur Hulot, de Monsieur Tati, ou poétique comme un Dirigeable Volé, par Karel Zeman. L’Enfance de l’Art posera la cerise sur le gâteau avec Charlie et la Chocolaterie, version Tim Burton.

Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action