Rentrée sous Friedkin.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
La météo de ce début de semaine ne s’y est pas trompée : c’est la rentrée. Et aussi les derniers feux de notre programme de l’été que vous avez largement plébiscité, ce dont nous nous réjouissons. Cette semaine est donc la dernière pour la rétrospective Paul Vecchiali, et aussi pour Le Complexe de la Salamandre, le documentaire de Serge Steyer et Stéphane Manchematin sur le travail de Patrick Neu. Heureusement, la French Connection et le cycle William Friedkin poursuivent leur carrière, tout comme La Vie passionnée de Vincent Van Gogh, de Vincente Minelli et À l’Ombre des Potences, de Nicholas Ray.
La vedette de notre été a été réalisée en 1971 par un jeune cinéaste de 36 ans, qui a eu la révélation en voyant Citizen Kane, débuté en réalisant un documentaire qui avait fait annuler une exécution capitale (The People vs. Paul Crump), dirigé une comédie musicale avec Sonny and Cher (Good Time), et l’un des premiers films à aborder l’homosexualité (Les Garçons de la Bande). Ce n’est donc plus un débutant quand la Twenty Century Fox lui propose French Connection, inspiré par l’affaire du fameux réseau de trafic de drogue entre la France et l’Amérique. Suivant à la lettre le conseil que lui donna son beau-père de l’époque, Howard Hawks, William Friedkin réalisa l’une des plus belles courses-poursuites en voiture de l’histoire du cinéma. Elle joua sans doute un rôle sur le considérable succès du film, dont bénéficia également Gene Hackman, engagé après les défections de Newman, Caan, Boyle, Bronson et McQueen, et qui devint une immense star, au talent d’ailleurs jamais démenti. Voici donc French Connection, dans une copie restaurée et magnifique, qui a lancé la carrière de Friedkin, ainsi que le cycle que nous lui consacrons. Il enchaînera donc avec L’Exorciste, un autre succès aussi terrifiant que planétaire, puis se plantera magistralement avec Sorcerer, pourtant un extraordinaire remake du Salaire de la peur, tourné dans des conditions apocalyptiques et qui sent la sueur et l’adrénaline. A revoir absolument. Egalement au programme Cruising, où le réalisateur retrouve la communauté gay pour une enquête, To Live and Die in LA ( titre français moins inspiré : Police fédérale Los Angeles), un autre polar serré, et Killer Joe, son dernier film, stupéfiant portrait d’un flic bipolaire confronté au lumpenprolétariat et à l’amour.
Nous avons déjà longuement écrit sur Paul Vecchiali, le plus méconnus des grands maîtres contemporains du cinéma français. Et nous avons été ravis de vous proposer une rétrospective partielle de son œuvre pléthorique. Dernière semaine donc pour voir neuf de ses films. Par ordre chronologique, de mercredi à mardi : En Haut des Marches, L’étrangleur, Rosa la Rose, Nuits Blanches sur la Jetée, Le Café des Jules, Change pas de main, Once More, et Femmes femmes.
Tant que nous en sommes aux dernières semaines, redisons qu’après avoir illuminé tous nos samedis de l’été, Le Complexe de la Salamandre nous quittera après la projection de 14h. Tous celles et ceux qui ont vu ce documentaire où Serge Steyer et Stéphane Manchematin suivent la démarche artistique de Patrick Neu ont été bouleversés. On vous aura prévenu. Alors réservez votre samedi début d’après-midi, puis votre dimanche pour aller voir l’exposition de Neu au Palais de Tokyo.
Également rescapé de l’été, Kirk Douglas en interprète principal de La Vie passionnée de Vincent Van Gogh, réalisé par Vincente Minnelli. Si Kirk est impressionnant en porteur de la folie du peintre hollandais, c’est Anthony Quinn en Gauguin qui décrocha un Oscar pour le film. Demeure aussi à l’affiche À l’Ombre des Potences, western de Nicholas Ray avec James Cagney.
La semaine prochaine sera marquée par la réédition de Sweetie, la grosse fille formidable inventée par Jane Campion, mais avant, il y a dimanche et l’Enfance de l’Art. Nous y verrons la danse des boulons de Chaplin dans Les Temps Modernes.
Bonne semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action