Rentrée Hitchcockienne
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Ça y est, c’est reparti pour un tour ! Et pour bien débuter cette rentrée, offrez-vous donc quelques heures de suspense devant un bon vieux Hitchcock. Dans le sillage de la ressortie de L’Homme qui en savait Trop (version 1934 sur copie restaurée), nous vous proposons une vingtaine de films du maître, avec une large part laissée aux « early british movies ». Au milieu de ce Cycle Alfred Hitchcock, s’insinuent quelques-uns de nos succès de l’année, parmi lesquels Enquête sur une Passion, magnifique œuvre plastique et cérébrale de Nicolas Roeg, et nos indéboulonnables Great Gatsby et Django Unchained.
Nous n’allons pas vous refaire la biographie de Sir Alfred Hitchcock, qui nous a quitté il y a plus de 23 ans en nous laissant une bonne centaine de films, inoubliables pour la plupart. Intéressons nous plutôt à ses partenaires, à commencer par Charles Bennett, dramaturge britannique devenu célèbre pour avoir écrit une pièce policière adaptée au cinéma par l’alors tout jeune Alfred. Nous sommes en 1929, et Chantage est le premier film parlant du cinéma anglais. Ce considérable succès est aussi la première collaboration de Bennett et Hitchcock, l’un au scénario, l’autre à la réalisation. Il y en aura d’autres. Mais nous n’en sommes pas là. Car Hitchcock travaille aussi avec une autre scénariste, Alma Reville, qu’il épousera et qui aura une grande influence sur toute sa carrière. Dès les années 30, elle écrit pour lui Meurtre, A l’Est de Shanghai, puis adapte une pièce de John Galsworthy, (l’auteur de la saga des Forsyte), The Skin Game, avant d’inventer avec son époux le fameux MacGuffin dans Numéro 17. Hitchcock retrouve Charles Bennett pour L’Homme qui en savait Trop, que nous ressortons donc sur copie neuve, et qui est supposé être son film préféré. D’ailleurs il l’aimait tant qu’il en fit un auto-remake en 1956. Ce qui est aussi certain, c’est que cette histoire d’espionnage, d’enlèvement et de projet d’attentat qui tombe sur une famille à 1000 lieues de tout cela est drôlement bien menée. On apprécie aussi d’y voir Peter Lorre et Pierre Fresnay. Hitchcock et Bennett enchaînent avec Les 39 Marches et Jeune et Innocent, des films qui marquent définitivement le style du réalisateur, qui aura réussi à faire une infidélité à son scénariste en dirigeant Une Femme Disparaît. Il faut dire que l’époque – nous sommes en 1938 – est troublée. Hitchcock, dont le succès va grandissant, accepte la proposition de Selznick de partir travailler à Hollywood, notamment pour y tourner Rebecca, adapté de Daphné du Maurier. Hitch quitte Selznick pour United Artist, mais il retrouve Charles Bennett qui lui écrit Correspondant 17, puis il passe à la RKO et pour réaliser le célèbre Soupçons, co-écrit par Alma Reville, également au générique de L’Ombre d’un Doute. En 1945, Hitchcock commence à travailler avec un nouveau scénariste, très confirmé, Ben Hecht. Nulle doute qu’entre l’auteur de Je Hais les Acteurs et le cinéaste qui les considérait comme un mal nécessaire, ça a du coller. De fait, on leur doit La Maison du Docteur Edwardes et Les Enchaînés. Hitchcock est, en ce début des années 50, au fait de sa gloire. Pourtant, ses plus célèbres films sont à venir. Après Le Grand Alibi (avec Marlène Dietrich), il va réaliser Le Crime était Presque Parfait, Fenêtre sur Cour, Le Faux-Coupable, Sueurs Froides et La Mort aux Trousses. Et encore, nous ne citons que ceux qui font partie du cycle.
Notre cher Hitchcock accapare une grande partie de cette lettre. Prenons tout de même le temps de vous rappeler qu’il faut aller voir Enquête sur une Passion, film trouble et troublant. Rappelons que Nicolas Roeg est venu à la réalisation en étant d’abord chef-opérateur. Et si l’on vous dit qu’il est responsable de la lumière de Fahrenheit 451 et du Docteur Jivago, vous pouvez imaginer la beauté de son Enquête.
Avant de vous annoncer ce qui vient la semaine prochaine, signalons aux retardataires qu’il peuvent encore voir The Great Gatsby, de Jack Clayton, Django Unchained, de Tarantino, et que l’Enfance de l’Art nous propose les scoutières aventures de Moonrise Kingdom, de Wes Anderson.
Mercredi prochain donc, plein de nouveautés. D’abord la ressortie sur copie neuve de Runaway Train, stupéfiant film de poursuite ferroviaire réalisé en 1985 par Andrei Konchalovsky, d’après un scénario de Kurosawa. Dans un tout autre genre, nous consacrerons un Cycle à Arnaud Desplechin. On s’en reparle.
Bonne rentrée.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action