Rentrée dans la continuité, mais avec quelques surprises
Chères spectatrices, chers spectateurs,
La reprise de notre lettre hebdomadaire annonce la rentrée du Grand Action, qui n’a pourtant pas pris de vacances. Cette rentrée sera marquée par un festival consacré aux Noirs dans le cinéma américain, la sortie du dernier film de notre ami Philippe Garrel, Un Été Brûlant, plus quelques reprises de prestige, comme Moby Dick, de John Huston, Il Giovedi, de Dino Risi, qui furent précédées par celle de Deep End, de Skolimowski, déjà à l’écran. Car avant cette rentrée, il y a cette semaine. Vous avez pu, tout l’été, suivre nos cycles : celui consacré à Don Siegel et l’autre intitulé Il était une Fois la Pègre, en hommage à notre grande réédition de Il Etait une Fois en Amérique. Les deux se poursuivent en cette fin août, accompagnés par la dernière féérie de Michel Ocelot, Les Contes de la Nuit, que nous projetons en 3D. Pendant l’été, Deep End, le premier succès de Jerzy Skolimowski, s’est donc immiscé dans notre programmation. Qualifié par Télérama de « l’un des meilleurs films de l’auteur », Deep End est une œuvre délicate sur l’adolescence (donc la vie-l’amour-la mort) vue par un jeune garçon qui, lors de son premier job dans une piscine londonienne, tombe fou amoureux de sa charmante collègue. Mais autant le garçon est timide, autant la jeune fille est délurée. Où le conduira sa jalousie ? Réalisé en 1970, Deep End possède toutes les qualités de mise en scène et l’inventivité formelle de Skolimowski. Il bénéficie aussi de la lumière apportée par les deux acteurs principaux : Jane Asher et John Moulder-Brown. Ces deux comédiens ont pour point commun d’avoir tous deux débuté très jeune dans le métier et d’avoir ensuite connu une carrière honorable, mais en demi teinte. Signalons aussi, pour l’anecdote, que Jane Asher était, lors du tournage, la fiancée d’un certain Paul McCartney. Pourtant, c’est une autre star des sixties qui signe la sublime chanson du film : But I might die Tonight est interprétée par Cat Steven qui, depuis 1977 et sa conversion à l’Islam, s’appelle Yusuf. Mais revenons à nos Deep End, avec un petit couplet sur la copie numérique neuve que nous projetons. Elle redonne à ce film ses couleurs pop, qui tranchent avec la grisaille londonienne.
Côté pègre, ça se bouscule à tous les bouts des flingues. Parfois non sans une certaine grandiloquence, mais c’est ce que l’on aime chez Leone et son Il Etait une Fois en Amérique, parfois de façon plus légère quand Wilder est aux manettes de Certains l’Aiment Chaud. Truands des années 30 (Public Enemies, de Michael Mann), famille de gendarmes et de voleurs (La Nuit nous Appartient et The Yards de James Gray), clan sicilo-américain (le Parrain 1, 2 et 3, de Coppola), amis meurtriers (Casino, de Scorsese), bandits britanniques (A Very British Gangster, de Donal MacIntyre), tueurs asiatiques (Election 1 et 2, de Johnnie To), impitoyables yakusas (Last Life in the Universe, de Pen-Ek Ratanaruang), trafiquants sans pitié (French Connection, de William Friedkin), mafieux parieurs (L’Enfer de la Corruption, de Abraham Polonsky), repentis traqués (The Hit, de Stephen Frears), funestes Corses et sanglants Arabes (Un Prophète de Jacques Audiard), le gotha du grand banditisme s’est donné rendez-vous sur nos écrans.
Voir ou revoir tous ces méchants font appel aux mêmes molécules du plaisir que de retrouver les fims de Don Siegel, esthète de la violence du cinéma des 60’s et 70’s. Notre cycle vous propose son Invasion of the Body Snatchers, fantastique film fantastique à mini budget, tout comme A Bout Portant, thriller économe mais efficace. Nous retrouverons aussi le radical Inspecteur Harry, qui marque le début de la collaboration de Siegel et Eastwood et L’Evadé d’Alcatraz qui en est un des sommets. Notre cycle balaie en six films la carrière du Don, de son premier succès, un western improbable avec Mitchum, ça Commence à Vera Cruz, à l’une de ses dernières réalisations où Bronson est Un Espion de Trop.
Reprenons nos bonnes habitudes en concluant avec l’Enfance de l’Art qui, dimanche à 14h, invite le jeune public à suivre les aventures d’une princesse malheureuse consolée par une licorne. Pour U, Serge Elissalde et Grégoire Solotareff, ont fait appel à quelques belles voix du cinéma et de la chanson : Vahina Giocante, Isild le Besco, Bernadette Lafont, Maud Forget, Sanseverino, Guillaume Gallienne… Et le tout fait un très joli dessin animé.
Bonne semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action