Rendez-vous avec Paul Vecchiali.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
On aurait pu dire rendez-vous ET Paul Vecchiali. Car même si le plus méconnu des grand cinéastes français sera avec nous pour la sortie de son dernier film Nuits Blanches sur la Jetée, et aussi nous présenter en avant-première la réédition de L’Etrangleur, il s’inscrit dans un programme événementiel chargé. Jugez plutôt : vente aux enchères d’affiches mercredi, Ciné-Ma-Russie jeudi soir avec Le Thème, de Gleb Panfilov, L’Etrangleur, donc, présenté par son réalisateur vendredi et, samedi, le Festival Toute la Mémoire du Monde où la Cinémathèque Française rend hommage en musique à Jean Epstein. Outre ces rencontres, nous poursuivons aussi notre cycle Larry Clark, mené par The Smell of us, redonnons la place qu’il mérite à celui consacré à Werner Herzog, et conservons une séance à Whiplash, le film tout en rythme de Damien Chazelle.
Vous aimez le cinéma ? Donc vous aimez les affiches de cinéma. A 17h30 mercredi, Maître Jean-Claude Renard, commissaire priseur, organise une vente aux enchères dans nos murs. Exodus, Les Demoiselles de Rochefort, La Fureur de Vivre, Amarcord, autant de grands souvenirs qui s’étalaient sur les frontons des cinémas. Et que l’on peut s’offrir à partir de 30 euros. Passez donc à la caisse vous procurer le catalogue, il est gratuit, à l’instar de l’entrée mercredi.
Jeudi à 20h, Ciné-Ma-Russie, mené par nos délicieux duettistes russophiles – Macha Méril et Pierre Murat – nous propose de voir une rareté, qui obtint l’Ours d’Or à Berlin en 1987… soit 8 ans après qu’il eut été réalisé ! Il faut dire qu’avec Le Thème, Gleb Panfilov avait caressé le régime à rebrousse poil. Le héros du film, un dramaturge officiel encensé, prend soudain conscience de sa vacuité et préfère s’exiler plutôt que de continuer à vivre dans l’imposture. Cette liberté valut la censure à Panfilov qui, avec ses magistraux plans fixes, est pourtant considéré par la critique comme l’égal de Tarkovski, Mikhalkov ou Guerman. Un cocktail russe permettra de poursuivre l’échange initié dans la salle de façon convivial.
Vendredi à 19h30, Paul Vecchiali sera au Grand Action en compagnie du critique Fernando Ganzo, pour nous parler de sa carrière, et surtout présenter la réédition de L’Etrangleur, réalisé en 1972. Un « film noir et un poème sauvage en prose (…),conçu au fil de nuits à arpenter Paris et sa périphérie, à la rencontre interlope d’êtres mi-proies, mi ombres », écrit fort joliment la réalisatrice Sandrine Rinaldi. Un film étrange où « il faut se laisser porter par le récit au rythme brisé, se laisser prendre dans la toile d’araignée des obsessions de Vecchiali », commentait dans le Monde de l’époque le regretté Jacques Siclier. Cet Etrangleur annonce le Cycle Vecchiali à venir, porté également par son dernier film.
C’est une joie de retrouver Paul Vecchiali, déjà venu lundi 26 pour nous présenter en avant-première Nuits Blanches sur la Jetée. Et l’on a vu que, pour son nouveau film qui sort cette semaine, le réalisateur n’a rien perdu de sa virtuosité à filmer l’errance et le fantasme. Adapté d’une nouvelle de Dostoïevski, Nuits Blanches sur la Jetée nous invite à suivre les promenades d’un noctambule en pause, et sa rencontre avec une jeune femme qui attend l’amour. En discours et en rêveries, en chorégraphie du mouvement des corps, en jeu de lumière pour faire vivre les visages, Vecchiali nous entraîne dans son monde, pour quatre nuits qui vont bouleverser ses deux personnages – formidable Astrid Adverbe et Pascal Cervo – et leurs spectateurs avec.
Mais ce détour (un mot qui lui va bien) par Paul Vecchiali nous a fait rompre notre chronologie de la semaine. Reprenons donc samedi pour une triple rencontre avec le cinéma de Jean Epstein, sous l’égide de la Cinémathèque Française qui extériorise son Festival Toute la Mémoire du Monde. Nous verrons donc trois moyens métrages rares de ce grand cinéaste également théoricien, tous réalisés entre 1927 et 1928, et actualisés par la musique « électro french touch » de Krikor. A 22h, seront projetés La Glace à Trois Faces, d’après Paul Morand, et La Chute de la Maison Usher, classique de Poe. Mais avant, à 19h30, Krikor sera dans la salle pour sonoriser en direct Six et demi onze.
Le problème, quand il y a tant d’évènements et de sorties, c’est que ça laisse peut de place pour parler du reste de la programmation. Alors pardon Larry, de ne consacrer que quelques lignes à The Smell of us, votre étonnant portrait kaléidoscopique de la jeunesse perdue, et au cycle Larry Clark qui accompagne votre dernier film. Désolé aussi Werner, de ne pas insister plus sur les onze films du cycle Herzog, qui revient en force cette semaine. Et sorry, Damien Chazelle, de n’avoir plus qu’une séance pour Whiplash.
L’Enfance de l’Art ne nous en voudra pas d’être traitée en fin de lettre. Mais nous sommes ravis de revoir un Charlot Festival dimanche après midi.
Bonne semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action