Scroll down
L'Édito

Reine noire et pions blancs.

L'Édito

Reine noire et pions blancs.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Le noir et blanc est quasi un genre de cinéma, encore expérimenté par Robert Eggers dans The Lighthouse, toujours à l’affiche. C’est aussi – et surtout – le sujet de notre exclusivité de la semaine, Queen & Slim, le brillant premier long métrage de Melina Matsoukas, fausse débutante engagée pour la cause afro-américaine. La semaine est par ailleurs riche d’évènements – dont un nouveau ciné-club des Producteurs. Voyons ça en détail.

Dès mercredi soir, nous quitterons la terre dans le vaisseau spatial du ciné-club scientifique Présences Extraterrestres. L’écrivain Laurent Genefort et le paléontologue Jean-Sébastien Steyer, (MNHN) nous interrogeront sur ce que pourrait être la vie ailleurs. Pour lancer le débat, nous verrons La Planète Sauvage, de René Laloux, sur un scénario co-écrit avec Roland Topor. Les créatures de ce mythique dessin animé – fantastiques, végétales, ovoïdes, volantes, croassantes, gloutonnes, géantes, bleues, cristallines, et surtout poétiques – ont marqué une génération de terriens.

Vendredi à 20h, le Ciné-club Image et Parole a invité Anne Steiner, maîtresse de conférences en sociologie (Université Paris Nanterre) à discuter avec l’auteur-réalisateur Timon Koulmasis. Le débat sera lancé par la projection d’Une Jeunesse Allemande, documentaire de Jean-Gabriel Périot consacré au groupe Baader-Meinhof qui révolutionna l’Allemagne des années 70. L’échange, forcément politique, se poursuivra par un verre au Grand Bar.

Grand Bar que nous retrouverons dimanche midi pour l’apéro-mezzé du GrecDoc. Avant, à 11h30, nous suivrons Filippos Koutsaftis dans sa recherche de La Pierre Triste, vestige de la brillante antiquité grecque enfouie sous des strates de déprimants progrès pétrochimiques.

Ça ne va pas plaire à certains obsessionnels du cinéma d’auteur, mais oui, les Producteurs sont l’âme des films ! C’est même le nom d’un nouveau ciné-club qui les met à l’honneur et qui débute dimanche à 16h30. Bien sûr, ils ne seraient rien sans les réalisateurs, les auteurs, les comédiens, les techniciens, les artisans et tous les tenants de l’économie du cinéma… dont les théâtres cinématographiques. Le Grand Action, salle de référence des professionnels, se devait donc d’accueillir les producteurs, rassembleurs et gestionnaires de l’argent qui font que les films existent. Nous espérons que Martine Marignac, productrice du Pont du Nord, sera avec nous pour voir cette féérie déglinguée de Jacques Rivette, traversé par la toujours pleurée Pascale Ogier, aux côtés de sa mère, la lumineuse Bulle.

Mardi à 19h30, une coupe de champagne ouvrira le ciné-club Positif qui attribue le titre de film de la décennie à Phantom Thread. Une médaille bien méritée puisque cette bouleversante histoire d’amour est l’une des meilleures œuvres de Paul Thomas Anderson, lui même l’un des plus grands cinéastes contemporains. Merveilleux d’élégance britannique et de délicatesse vénéneuse, le duo Day-Lewis-Vicky Krieps est sublime, simplement sublime.

Signalons encore que Quentin Delcourt nous présentera ses Pygmalionnes samedi à 18h, et parlons de Queen & Slim. Depuis une quinzaine d’années, Melina Matsoukas réalise les clips des plus grandes stars de la planète pop rap. Beyoncé, Jay Z, Rihana, Lady Gaga, Kylie Minogue, Snoop Dog, sont passés devant sa caméra. De la musicalité de ses réalisations, elle a appris le sens du rythme et de la fluidité que l’on retrouve dans son premier long-métrage. Queen & Slim, c’est une histoire qui commence bien et tourne vite mal, pour un simple défaut de clignotant. Melina a été bouleversée par le « suicide » présumé de Sandra Bland, une jeune Afro-américaine, retrouvée pendue dans sa cellule après une arrestation que l’on qualifiera pudiquement d’abusive. Afin de dénoncer le racisme qui sous-tend ce tragique fait divers, la réalisatrice a imaginé un film où une « date » peut devenir un cauchemar, surtout si l’on n’a pas la bonne carnation. Loin de la simple dénonciation, ce film politique montre une vraie maîtrise du langage cinématographique et révèle deux grands comédiens : Jodie Turner-Smith et Daniel Kaluuya.

Très vite : le cycle Richard Linklater, mené par la réédition de Slacker, reste à l’affiche, tout comme Tommaso et la version longue de Once Upon a Time in Hollywood. Trois séances de l’Enfance de l’art pour conclure. Mercredi et jeudi à 10h30, deux initiations au cinéma : La Chasse à l’Ours et La Petite Fabrique de Nuages. Dimanche à 14h, les plus grands seront bouleversés par Dans un Recoin de ce Monde.

Bonne semaine and so long Kirk.

Isabelle Gibbal Hardy et l’équipe du Grand Action.