Projections spéciales.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Nous entamons la deuxième semaine consacrée à notre Cycle Mumblecore mené par Computer Chess, d’Andrew Bujalski, pionnier du genre. Mais ce courant très pointu du cinéma américain (mini budget mais énergie maximale) est rejoint par une flopée de projections spéciales et de soirées à thèmes. Ainsi, samedi après-midi, nous verrons les « nouveaux horizons du cinéma » avec deux films choisis par Cinéfondation, puis, pendant trois soirs, seront projetés les courts métrages sélectionnés par L’Inconnu Festival, avant que notre Ciné-Club d’Univers Convergents ne vienne conclure la semaine avec Gravity, le superbe film d’Alfonso Cuaron en 3D, présenté par des invités scientifiques de haut vol (au sens propre). Avant de revenir sur ces événements, signalons encore que deux autres projections spéciales s’immisceront parmi nos indéboulonnables des semaines précédentes : The Canyons, The Grand Budapest Hotel, et Le Loup de Wall Street. La première aura lieu samedi à 14h quand Yves Forstier, grand spécialiste de la marionnette vivante (dont il possède le modèle original), nous présentera Pinocchio de Comencini, avant de nous convier à un goûter. Dans un tout autre genre, nous verrons Sobibor, 14 Octobre 1943, de Claude Lanzmann, lundi à 14h
La mission de Cinéfondation est de soutenir des projets indépendants et « difficiles » (dans le langage des producteurs), puis de les faire découvrir au public, notamment grâce au Grand Action, qui est bien content de s’associer à cette initiative. Samedi à 16h, Brahim Fritah nous présentera sa Chronique d’une Cour de Récré, émouvante évocation de son enfance de fils d’ouvrier marocain dans la banlieue parisienne des années 80. A 18h15, ce sera au tour de Mitra Farahani de nous montrer Fifi Hurle de Joie, un portrait de Bahman Mohaness, figure étonnante de l’art moderne iranien dont la cinéaste a filmé les deux derniers mois.
Depuis 11 ans, L’Inconnu Festival permet à de jeunes réalisateurs, parfois amateurs, de montrer leur court-métrage. Il y a donc forcément de tout parmi les 800 films de moins de 3mn reçus en 2014. Et la tâche du jury fut rude pour en sélectionner 32, qui seront projetés dimanche, lundi et mardi à 20h. Trois soirs pour découvrir un cinéma rare, souvent audacieux, parfois insolite et toujours différent. Et comme l’entrée est libre, vous n’avez aucune excuse pour ne pas venir observer ce bouillon de culture où incubent sans doute certains des grands noms de demain.
Vous connaissez désormais notre Ciné-Club Univers Convergents, né à l’instigation de l’Institut Henri Poincaré et du mathématicien Cédric Vilani, avec l’idée de faire converger 3 univers : sciences, fiction et société. Ce rendez-vous mensuel va nous élever très haut, puisque Gravity, le film où Alfonso Cuaron suit le combat d’une astronaute en perdition, ouvrira le débat. Il sera mené par Rolan Lehoucq, astrophysicien, et Jean-Claude Clervoy, l’un des rares français à avoir tutoyé les étoiles. Il nous dira probablement que son expérience de la gravité est bien loin de celle que l’infortunée Sandra Bullock vit en 3D, mais que notre planète vue de ciel, merveilleusement rendue dans le film, est l’un des plus exceptionnels spectacles qu’il lui ait été donné de voir.
Certains d’entre vous ont peut-être été perturbés, déboussolés, voire agacés par les films du Mumblecore. D’autres ont apprécié l’approche différente que proposent ces jeunes cinéastes qui, avec des moyens limités et une détermination infinie, fabriquent de bizarres objets filmiques, drôles, cérébraux ou crus, mais toujours personnels et peuplés de personnages gentiment dérangés. Andrew Bujalski est le plus emblématiques de ces nouveaux auteurs qui, à la manière de la Nouvelle vague, inventent une nouvelle façon de fabriquer du cinéma. La sortie de Computer Chess, son quatrième film à l’ironie piquante qui suit un étrange défi homme-machine autour d’un échiquier, a lancé l’idée d’un Cycle Mumblecore. Ainsi, vous pourrez découvrir le cinéma d’Alex Ross Perry qui filme aussi bien les errances homosexuelles (I Want your Love) que fraternelles (The Color Wheel), la justesse et la modernité de Josh et Ben Safdie (The Pleasure of Being Robbed et Lenny and the Kid), les comédies hilarantes des Duplass (Cyrus) ou de Lynn Shelton (Ma Meilleure Amie, sa Sœur et Moi et Humpday), et le monde touchant de Noah Baumach qui, avec Greenberg et surtout Frances Ha, fit sortir le mumblecore du bois.
Concluons cette lettre très chargée avec l’Enfance de l’Art dont la séance dominicale nous propose de revoir Paper Moon, la très chouette échappé d’un père et sa fille signée Peter Bogdanovitch.
Bonne semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action.