Prendre le temps.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Alors que s’ouvre le Festival de Cannes d’où nous espérons vous rapporter de beaux films, d’autres prennent le temps de s’installer au Grand Action. Souvent, l’actualité des sorties nous pousse à précipiter les choses et à ne pas permettre à certaines œuvres, oubliées du battage médiatique, de trouver leur public. Alors un peu de calme ne fait pas de mal à Neptune Frost, la comédie musicale afro-futuriste de Saul Williams et Anisia Uzeyman, ni à Showing Up, le délicat portrait d’artiste de Kelly Reichardt, et encore moins à Dirty, Difficult, Dangerous, l’histoire d’amour difficile et dangereuse de Wissam Charaf. Ces trois films gardent des séances quotidiennes, laissant aussi un peu de place à nos deux cycles, Kelly Reichardt et John Carpenter, et à d’autres succès plus anciens affichés en fin de lettre. Un seul événement cette semaine, qui la conclura, et commençons par ce dernier.
Débuté la semaine précédente avec Gérard Mordillat et Nicolas Philibert, le festival EN(tre)PRISE DIRECTE poursuit sa programmation de films liés à l’entreprise. Mardi à 18h, nous verrons, en sa présence, After Work, de Julia Pinget. Dans ce documentaire, la réalisatrice confronte deux usines qui se font face : une ancienne papeterie qui se recycle en mode numérique en accueillant graphistes et webdesigners, et une forge à l’ancienne que ses salariés tentent de sauver. Comment se dessine le futur de nos territoires industriels ? On en débattra avec Julia Pinget.
Il est du devoir d’une salle comme le Grand Action de sortir des sentiers battus et de soutenir des films qui expérimentent et questionnent le langage cinématographique. Neptune Frost en fait partie de façon plutôt radicale. Né d’un projet de roman graphique du poète, acteur, musicien et activiste américain Saul Williams, Neptune Frost a pris d’autres dimensions grâce à l’apport de la réalisatrice et comédienne Anisia Uzeyman. Sur un fond social archaïque, la mort d’un mineur de coltan sur les hauts-plateaux du Burundi, ce drame musical aborde les mondes virtuels, le hacking, la déconstruction, le genre, et la révolte cyber. Curieux mélange que la vision et les divagations des deux artistes transcendent. Plutôt déroutant, mais assez fascinant, la recherche formelle compte autant que le message politique.
Dans le même esprit cinéphilique autant que militant, nous sommes heureux de programmer en troisième semaine Dirty, Difficult, Dangerous. Pour son deuxième long-métrage, Wissam Charaf, ancien reporter de guerre, filme le combat de Mehdia et Ahmed pour vivre leur amour dans un Beyrouth déliquescent qui les exploite et les exclut. Un bien joli film, singulier et attachant.
Évidemment, Kelly Reichardt garde sa place dans nos cœurs et nos salles. Par le cycle d’abord que nous lui consacrons, avec l’intégralité de sa filmographie long-métrage (sept opus en presque 30 ans), complété par son dernier : Showing Up. Lizzie, impeccable Michelle Williams, amie et actrice fétiche de Kelly, artiste tourmentée, prépare une expo. Autour d’elle, sa famille, ses amis, sa logeuse, sa plomberie contribuent à créer un chaos peu propice à la disponibilité de la création, mais parfait pour faire naître une fausse et délicate comédie, avec la Reichardt’s touch.
Dans un genre très différent, notre autre cycle célèbre John Carpenter, maître du fantastique, et tous les films dont vous voyez les affiches plus bas sont visibles au Grand Action.
Concluons, pour ne pas changer, avec L’Enfance de l’Art, et ses deux séances qui, elles non plus, ne changent pas par rapport à la semaine dernière, toujours présentées par Diane, responsable de l’accueil du jeune public. Ainsi, mercredi 14h30, ce sera toujours Ma Petite planète chérie, de Jacques-Rémy Girerd, et le dimanche à 14h, le fantasque Fantastic Mister Fox, de Wes Anderson. Tiens tiens. Wes Anderson… On va bientôt vous en parler de celui-ci, dont le dernier film sera bientôt sur nos écrans, accompagné d’un cycle. Youpi !
Belle semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action.