Pour Noël, offrez vous un grand singe !
Chère Spectatrice, cher Spectateur,
Nous devrions d’ailleurs dire deux grands singes, puisque le King Kong réalisé par Cooper et Schoedsack en 1933 est projeté dans notre salle club et le King Kong 2005 de Peter Jackson prend ses aises sur l’écran de la salle panoramique.
Ce monde simiesque partage l’affiche avec Match Point de Woody Allen, une magnifique comédie amorale qui reste l’un des grands films de l’année.
Tant que nous en sommes aux généralités, vérifiez bien les horaires des projections qui débutent cette semaine à 10h30 et pourraient encore légèrement évoluer la semaine prochaine.
Mais revenons-en à nos grands singes. Alors ce King Kong ? il est comment ? Le nouveau, bien sûr, puisque l’ancien, on le connaît et on ne se lasse pas de le voir et le revoir. Plus de 70 ans après sa sortie, « cette huitième merveille du monde » (sous-titre officiel du film) n’a rien perdu de sa magie, ni de sa violence, ni de son érotisme.
King Kong fut produit par la RKO – Radio Keith Orpheum, également connue sous le nom de Radio Pictures. Ce grand studio se distinguait des autres majors hollywoodiennes, en laissant une plus grande liberté aux artistes qu’elle avait sous contrat. Ainsi, sous le label RKO, John Ford put réaliser La Chevauchée fantastique et La Charge Héroïque, Capra La Vie est Belle et L’Impossible Monsieur Bébé et Orson Welles, le mythique Citizen Kane. Mais la RKO, qui fut pilotée par David O Selznick de 1931 à 1933, avant d’être rachetée par Howard Hugues (l’Aviator de Scorsese), a aussi grandement contribué à l’essor du film fantastique. Si Jacques Tourneur fut l’un des piliers et reste l’un des maîtres du genre (La Féline, Vaudou…), le King Kong de Cooper et Schoedsack demeure l’une des plus belles réussites du studio, notamment parce qu’il fut le premier film parlant à bénéficier d’effets spéciaux. Et qu’il entra instantanément dans le panthéon du cinéma.
A l’âge de 9 ans, Peter Jackson vit le King Kong de 1933. Un choc ! Une révélation qui fit naître sa vocation. À 12 ans, il tenta de bricoler « son King Kong » en créant une maquette du gorille géant en fil de fer habillé d’une étole donnée par sa mère. Même si ce précoce projet en super 8 ne fut jamais terminé, l’idée de King Kong ne quitta jamais Jackson. En 1996, devenu réalisateur auréolé d’un premier succès (Créatures Célestes), il relance l’idée de King Kong. Mais Disney annonce Mon Ami Joe et un Godzilla se prépare. Jackson remise son remake et part à la conquête du Seigneur des Anneaux. Le succès planétaire de cette énorme trilogie lui laisse les mains libres pour, enfin, s’attaquer à Kong.
Et il va profiter de cette liberté qu’offre le succès pour produire Le King Kong qu’il souhaite, celui qu’avait fantasmé, des années auparavant, un jeune garçon.
Jackson réalise un film fleuve (3 heures !), en calquant le scénario sur l’original, non sans y ajouter quelques nouveaux monstres, et en situant l’action dans les années 30. Les premières scènes dans New York en plein marasme sont très réussies. Ensuite, il redéfinit et retravaille les personnages, en les rendant complexes et plus crédibles. Jack Black, le réalisateur mégalo en sosie d’Orson Welles est impeccable, tout comme Adrien Brody, en scénariste un peu naïf.
Et puis il y a ce grand singe, un vrai gorille géant au regard plein d’expression et d’émotion. Son duo avec la formidable Naomi Watts, du numéro de music-hall à la leçon de patinage en nuisette, compose des grands moments, frais et enfantins. Car ce King Kong est l’histoire d’un amour impossible dénué de l’érotisme de la version originale. Comme si Jackson avait voulu rester fidèle à sa vision de gosse émerveillé qui n’avait peut-être pas perçu la sensualité du rapport entre la belle et la bête.
Quoi qu’il en soit, on ne s’ennuie pas une seconde à la projection de ce film hautement spectaculaire et plastiquement très réussi.
Dernière chose avant les fêtes, que nous vous souhaitons excellentes et pendant lesquelles notre lettre d’information marquera une pause d’une semaine, n’oubliez pas notre ciné-concert-goûter du dimanche 8 janvier à 16h. Jacques Cambra accompagnera au piano Monte la Dessus avec Harold Lloyd. La projection sera suivie d’un goûter concocté par nos amis de l’Intendance Suivra et les réservations sont ouvertes.
Bonne fin 2005, bon début 2006, et rendez-vous le 4 janvier.
Isabelle Gibbal-Hardy
L ‘équipe du Grand Action