Pour ne pas oublier les Oubliées.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Cette semaine, des femmes anonymes, exploitées, parfois torturées et assassinées, ont les honneurs de notre écran. Les Oubliées de Juarez (Bordertown) est un thriller qui s’inspire de faits réels. Juarez est une ville Mexicaine, toute proche de la frontière américaine. Profitant des accords de l’ALENA qui favorisent les échanges entre les deux pays, de nombreuses multinationales y ont créé des usines. Dans ces “maquiladoras“, de jeunes Mexicaines des bidonvilles travaillent à bas prix afin de fabriquer les produits électroniques dont raffolent les Yankees. La chose pourrait déjà révolter, mais, malheureusement, le scandale va bien au-delà. Des centaines – sans doute des milliers – de ces travailleuses sont violées, assassinées et sommairement enterrées à la sortie des usines. Les autorités minimisent les faits… Sans doute pour protéger quelques tordus issus des riches familles de Juarez. C’est en tout cas la thèse développée par Gregory Nava dans Les Oubliées de Juarez. Il a imaginé le personnage d’une journaliste américaine (Jennifer Lopez, très convaincante) qui rencontre une revenue de parmi les morts, sortie de sa pauvre tombe de sable après avoir été victime des monstres comme tant de ses consoeurs. Évidemment, la journaliste s’attire de nombreuses inimitiés, mais elle peut compter sur son vieux copain et ancien amant (Antonio Banderas) qui dirige le quotidien local. Ensemble, ils vont s’opposer à la passivité de la police, à l’animosité du pouvoir et à la violence de ses sbires. La survivante, elle, devra affronter le diable. Film choc et engagé, Les Oubliées de Juarez veut dénoncer, mais ne renonce pas à produire du cinéma. Mené tambour battant, l’intrigue haletante maintient le spectateur en halène pendant près de 2 heures… Afin que l’on oublie plus jamais les oubliées.
Dans la salle Club, nos vedettes des semaines précédentes restent à l’affiche. En alternance, le Dernier Roi d’Ecosse, The Constant Gardener et Blood Diamond déclinent les malheurs de l’Afrique, tandis que l’immortel Casablanca répond au Good German. Toujours aussi Écrire pour Exister (Freedom Writers), et, bien sûr, notre Vérité qui Dérange. Côté jeune public, rendez-vous avec Le Magicien d’Oz, Azur et Asmar et, dimanche matin dans le cadre de l’enfance de l’art, Les Triplettes de Belleville.
Notez aussi pour les enfants notre prochain ciné-concert-goûter du 13 mai, avec une sélection de burlesques de Charlot, Keaton, Laurel et Hardy, toujours accompagnés par la contrebasse facétieuse d’Eric Recordier et les gâteaux de l’Intendance Suivra. Parmi nos autres rendez-vous de mai, Club-Positif le 8 autour de Douze Hommes en Colère, chef d’œuvre de Sidney Lumet, et sortie, le 2 sur nos écrans, d’un film coup de poing à l’estomac : Notre Pain Quotidien, une charge sobre et violente sur le cheminement de ce qui finit dans nos assiettes. Edifiant.
Bonne semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy
L ‘équipe du Grand Action