Périls jeune et nucléaire.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Cet été sera donc celui de tous les périls ; si le nucléaire qu’Oppenheimer met au point dans le dernier film de Christopher Nolan est redoutable, Le Péril Jeune, dont nous alertait Cédric Klapisch en 1994, semble moins terrifiant, mais sous ses dehors légers se montre parfois tragique. Oppenheimer est sorti la semaine dernière, et Le Péril Jeune retrouvera le grand écran en version restaurée début août, après sa présentation par le réalisateur le mardi 1er à 20h. Nolan et Klapisch vont donc passer l’été au Grand Action, en cohabitant harmonieusement avec les films des précédentes semaines, que l’on vous cite pour mémoire : Master Gardener, accompagné d’un cycle Paul Schrader, Asteroid City, Trous de mémoire, Showing Up, et Trois Milliards d’un Coup, que son distributeur Marc Olry viendra nous présenter samedi 29 juillet à 18h30.
Après un court-métrage remarqué (Ce qui me meut, qui deviendra le nom de sa société de production), Cédric Klapisch passe au long en 1992 avec Riens du Tout, qui obtient un joli petit succès. Arte lui commande alors un téléfilm dans le cadre d’une collection sur Les Années Lycée, qu’il coécrit avec Santiago Amigorena. Puisant dans ses probables – et encore pas si lointains – souvenirs d’adolescence, Klapisch réalise Le Péril Jeune. L’énorme carton de la diffusion télé motive une sortie salle en 1994. Au-delà de la drôlerie de certaines situations et de la justesse du ton, le film évoque aussi les drames qui peuvent se jouer selon les choix, les rencontres et les difficultés auxquels on fait face lors de ces années charnières. Le Péril Jeune révéla aussi une nouvelle génération d’actrices et d’acteurs, dont certains firent ici la première apparition de leur future belle carrière. On pense évidemment à Hélène de Fougerolles, Élodie Bouchez, Vincent Elbaz et surtout Romain Duris, qui débutait alors et incarnera par la suite une sorte de double de Klapisch. Que les autres nous pardonnent de ne pas les citer, mais ils le mériteraient car tous jouent parfaitement la partition du Péril Jeune, et nous serons ravis de les retrouver sur une copie neuve et restaurée. Mardi 1er août, Cédric Klapisch nous rendra visite afin de rencontrer son public, le nouveau, et celui, un peu nostalgique, qui a connu les années lycées de la fin des 70’s.
Mi-juillet, la fréquentation des cinémas a connu un pic, notamment grâce à la sortie d’Oppenheimer. Le programme de recherche dirigé dans le plus grand secret par ce célèbre physicien aboutit aux bombardements de Hiroshima et Nagasaki en 1945. Dans son vibrant dernier film, Christopher Nolan aborde tous les aspects de celui qu’on surnomma « le père de la bombe atomique ». Car Oppenheimer est un personnage d’une grande complexité qui ne nia jamais, ni ses penchants humanistes, ni ses doutes existentiels, ni ses craintes de voir son arme utilisée. Sa conscience lui vaudra quelques ennuis… Navigant avec la virtuosité qu’on lui connaît d’une temporalité à une autre et d’un moment de vie intense à un instant au cœur de la matière en fusion, le réalisateur d’Inception et d’Interstellar crée un portrait de Robert Oppenheimer aussi fragmenté que les particules que le physicien s’emploie à agiter et percuter. Avec sa beauté tranchante, Cillian Murphy incarne ce personnage fiévreux et donne une force remarquable à ses convictions comme à ses interrogations. Très bien entouré (Emily Blunt, Matt Damon, Robert Downey Jr., Casey Affleck…), il contribue par sa belle prestation à donner une lecture palpitante et éclairante de la vie d’un des grands esprits des temps modernes qui, à son corps parfois défendant, écrivit l’histoire. Un biopic peu conventionnel et plastiquement renversant, signé Nolan, donc passionnant.
Non sans vous rappeler que d’autres films vont animer nos salles jusqu’au 15 août, et vous inviter à consulter le programme de l’Enfance de l’Art afin d’amener au cinéma les jeunes, nous vous souhaitons d’excellentes vacances. En effet, notre courrier s’interrompt pour quelques semaines, et reprendra début septembre. Pourquoi si tard ? Parce que le Grand Action va fermer pour travaux du 16 août au 5 septembre inclus.
En attendant, donc, bel été à toutes et tous, et, pour qu’il soit vraiment réussi, n’oubliez pas d’aller voir des films.
A bientôt.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action