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L'Édito

Paris sera toujours Paris…

L'Édito

Paris sera toujours Paris…

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Paris est d’ailleurs toujours Paris, et continue de charmer les cinéastes, dont Woody Allen qui, avec Midnight in Paris, vient de réaliser l’une de ses meilleures comédies. Projetée en ouverture du Festival de Cannes, elle le fut au même instant au Grand Action, et persiste à ravir nos spectateurs. En écho à cette ode Allenienne à notre belle cité, nous vous proposons un cycle de films ayant fait de la ville un personnage à part entière. En complément de ce programme parisien (mais international), quelques uns de nos précédents succès : La Nuit du Chasseur, formidable cauchemar de Charles Laughton avec l’inoubliable et terrifiant Robert Mitchum, True Grit, l’excellent western des Coen (avec une course sous la voûte étoilée qui peut légitiment faire penser à un hommage au film de Laughton), et la Piscine, noire et lumineuse réalisation de Jacques Deray, avec Schneider, Delon, Birkin, Ronet.

Comme le regretté Eric Rohmer, Woody Allen est un vieux monsieur (76 ans) qui sait très bien parler de la jeunesse et de l’amour. Il suit ici le voyage de pré-noce parisien de deux fiancés américains, flanqués des parents de la fille, deux sacrés réacs, ayant enfanté une fieffée emmerdeuse. Le jeune homme (excellent Owen Wilson), scénariste de commande, rêve de littérature, moins lucrative, ce qui dépasse l’entendement de ses beaux-parents. Comme pas mal de choses d’ailleurs… A commencer par les rêveries de leur futur gendre qui erre la nuit dans un Paris… de légende ! Car « After Midnight, Paris is magic ». Nous ne trahirons pas la surprise du film (ce qu’a fait la plupart des médias, et c’est dommage…), mais il y a dans ce dernier opus Allenien quelque chose de l’ordre (ou du désordre) de la fantaisie de Zelig et de l’imaginaire de La Rose Pourpre du Caire. Woody s’autorise tout avec une déconcertante et talentueuse liberté qui fait naître la magie. Le film bénéficie aussi de l’apparition d’excellents seconds rôles. Outre l’honorable prestation de notre first lady, on y verra Adrien Brody, Gad Elmaleh, Léa Seydoux, et Marion Cotillard en éblouissante muse. Midnight in Paris est un film enchanteur, de ceux qui rendent heureux et intelligent.

Si Paris a inspiré Woody, il n’est pas le premier réalisateur à poser sa caméra sur la ville lumière. Vous rétorquerez que, dit comme ça, c’est logique. Nous vous invitons donc à voir ou revoir certaines œuvres qui ont contribué à faire de Paris une star de cinéma. S’inspirant du moyen métrage d’Albert Lamorisse, Hou Hsiao Hsien avait en 2008 filmé le Voyage du Ballon Rouge, avec Juliette Binoche. Au milieu des années 60, Eric Rohmer et Barbet Schroeder, producteurs des films du Losange, avait réuni la fine fleur de la Nouvelle Vague (Godard, Chabrol, Rouch, Douchet…) pour le film à sketches Paris Vu par… Cette œuvre manifeste, qui signa pourtant la fin de ce courant cinématographique, est presque contemporaine de Charade, ou Stanley Donen suit les pérégrinations de Cary Grant et Audrey Hepburn. Nous la retrouverons, un peu plus jeune et débutante, dans le rôle titre d’Ariane, comédie romantique de Billy Wilder, avec Gary Cooper et Maurice Chevalier. Également au programme le flamboyant Moulin Rouge, vu par John Huston, et une vision contemporaine et un peu grave de la ville, à travers les yeux de Romain Duris, dans Paris de Cédric Klapisch. Et puis, inévitable pour un tel thème, le Dernier Tango à Paris, film culte et scandale de Bertolucci, avec Marlon et Maria Schneider, récemment disparue.
Le Dictateur, film tout aussi culte de Chaplin que nous propose l’Enfance de l’Art, complète ce programme.


Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action