Palme d’or
Le point d’orgue de la semaine aura lieu lundi soir avec la projection en avant-première de Parasite, le dernier Bong Joon-Ho qui vient de décrocher la Palme d’or cannoise. Une belle façon de boucler le grand cru 2019 du festival dont le film d’ouverture, The Dead Don’t die, de Jim Jarmusch, est toujours à l’affiche. L’autre événement se tiendra mardi 4 avec un Ciné-club Louis Lumière, où le chef-opérateur Yves Cape viendra nous présenter Chronic, bouleversant film de Michel Franco qui obtint le Prix du scénario à Cannes (encore) en 2015. Par ailleurs, notre Buster Keaton (Les Lois de l’Hospitalité), les deux Fritz Lang (Les Trois Lumières, House by the River) et le Ragtime de Forman font face à une vague venue de Pologne avec pas moins de 6 films de Jerzy Skolimowski : Walkover, Le Bateau Phare, Travail au Noir, Le Départ, Le Cri du Sorcier et Signe particulier : Néant.
Quelques heures avant de se voir couronner de la Palme d’or, Parasite avait décroché un autre prix cannois, celui des Cinémas Art et Essai créé par l’AFCAE, l’Association Française des Cinémas Art et Essai. Cette récompense explique que nous ayons le privilège et la joie de vous présenter le dernier Bong Joon-Ho en avant-première lundi à 20h. L’histoire de cette attachante famille vivant de petits boulots qui en Parasite une autre, nettement plus fortunée, nous a profondément séduit. Le film est brillant, haletant, drôle, merveilleusement interprété, plein de rebondissements inattendus et mis en scène par un virtuose qui donne une vision cruelle de la Corée contemporaine. N’attendez pas mercredi pour découvrir cette cerise cinématographique qui vint coiffer un remarquable gâteau cannois. Signalons que départager les films de ce grand millésime du festival a conduit le jury international de cette première édition du prix des cinémas art et essai, que j’avais la chance de présider, à décerner une Mention Spéciale aux Misérables de Ladj Ly ; d’autres œuvres l’auraient aussi méritée tant la sélection était remarquable cette année. Tant mieux pour le cinéma.
Il y a quatre ans, le jeune cinéaste mexicain Michel Franco obtenait le Prix du scénario à ce même festival pour Chronic. Tim Roth y interprète un infirmier qui aide les malades en phase terminale à supporter leurs derniers instants. Mais sa formidable humanité ne lui permet pas de réussir sa vie personnelle. Yves Cape, collaborateur régulier de Bruno Dumont et de Cédric Kahn (entre autres), éclaire aussi les films de Franco. Invité du Ciné-club Louis Lumière de mardi soir, ce grand directeur de la photo belge nous parlera de son travail, après la projection de Chronic, et avant de nous suivre pour un cocktail au Grand Bar.
Si le Festival de Cannes a replié son tapis rouge, le film qui en fit l’ouverture dans un grandguignolesque bain de sang poursuit sa carrière dans nos salles. Les zombies qui envahissent la petite ville de Centerville permettent à Jim Jarmusch une réjouissante et désespérante comédie servie par une pléiade de stars (Murray, Driver, Buschemi, Swinton, Sevigny, Pop, Waits…). The Dead Don’t die finira probablement mal, comme le prédit le flic interprété par Adam Driver, mais nous aura bien fait rire de la bêtise de l’Amérique d’aujourd’hui.
Buster Keaton est un orfèvre capable, sur une intrigue ténue, de créer une multitude de situations gaguesques. Après avoir ciselé son style dans le court-métrage, il passa au long. Pour son deuxième essai, il raconte les tribulations d’un brave gars de la ville (lui-même) confronté à d’anciennes rivalités rurales. Les Lois de l’Hospitalité, film peu connu de ce maître du burlesque, est à redécouvrir en version restaurée.
Non sans vous rappeler que deux Fritz Lang, six Jerzy Skolimowski et Ragtime, que le distributeur Marc Olry viendra nous présenter samedi à 20h, conservent quelques séances, on termine avec l’Enfance de l’Art. Mercredi à 14h30, nous miaulerons de plaisir devant Les Aristochats de Wolfgang Reitherman. Dimanche à 14h, on reverra avec émotion Wadja, la jeune cycliste saoudienne déterminée de Haifa Al Mansour, formidable gamine qui brave une société sclérosée.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action.