Scroll down
L'Édito

Odes à la liberté.

L'Édito

Odes à la liberté.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Au cinéma comme la vie, la quête de liberté doit être absolue. Mais la liberté, elle, est protéiforme. Cette semaine au Grand Action, elle sera incarnée par Les Contes de la Nuit, fantaisie envolée et en 3D de Michel Ocelot, par l’indépendance de Jerzy Skolimowski pour Deep End, par les latitudes que les gangsters de notre cycle Il était une Fois la Pègre prennent avec la loi, par les préférences sexuelles des personnages de Attache-Moi, film de Pedro Almodovar qui fera le Ciné-Club Positif de la rentrée, et aussi par l’émancipation des Afroaméricains, deuxième thématique de notre rétrospective consacrée aux Noirs dans le cinéma américain. Voyons ça en détail.

Mardi 13 à 20h, ce sera la reprise du Ciné-Club Positif. Dominique Martinez, éminent rédacteur de la revue, viendra présenter le cinéma d’Almodovar. Pour lancer le débat, il s’appuiera sur Attache-Moi, film emblématique du réalisateur espagnol. Il y mêle sexualité, amour, violence avec un sens virtuose de la provocation et un art déjà consommé (le film date de 1989) de la mise en scène ; bref, avec une extraordinaire liberté. Antonio Banderas y incarne un gars assez cinglé qui enlève et séquestre une actrice de porno dans l’espoir que son amour soit payé de retour. La belle, la charmante, la piquante Victoria Abril, au sommet de sa forme, prête sa délicieuse enveloppe charnelle à cette vedette du X, et forme avec Banderas un couple formidablement détraqué. Retenez votre soirée pour un film décapant et attachant, forcément attachant.
Les cinéphiles ne manqueront pas de remarquer que, dans Attache-Moi, Amodovar opère une citation cinéphilique en montrant un extrait de La Nuit des Morts Vivants, cultissime film d’horreur de Georges A. Romero. Il nous permet aussi un bel enchaînement puisque c’est le premier film de notre cycle sur l’émancipation des Noirs dans le Cinéma Américain. En effet, si La Nuit des Morts Vivants, réalisé en 1968, est un pur produit de la contre-culture des sixties, c’est aussi un film anti-raciste. D’une part car on y parle de différence, mais aussi parce que le héros, interprété par Duane Jones, est noir. Rare à une époque où la ségrégation, bien que récemment abolie même dans les Etat du Sud, était encore très présente dans la vie courante. Lors de ce cycle libératoire, nous verrons aussi La Rage au Cœur, de Charles Burnet, cinéaste radical méconnu, assez proche d’un Spike Lee, Loin du Paradis, où Todd Haynes, le réalisateur, propose un hommage décapant à Douglas Sirk en passant au vitriol l’américain way of live des 50’s et Le Diable en Robe Bleue, polar « all black » de Carl Franklin avec Denzel Washington et une bande son électrique. Tarantino nous emmènera aussi sur le Boulevard de la Mort, pour un road movie « Grindhouse » déjanté, en compagnie de Rosario Dawson et Tamiia Poitier (la fille de Sydney), deux sublimes bombes noires, et nous retrouverons aussi Du Silence et des Ombres, célèbre plaidoyer antiraciste de Robert Mulligan avec Gregory Peck en défenseur de la justice sans racisme. Ali, biopic signé Michael Mann de Cassius Clay, fabuleux boxeur et ombrageux militant de la cause noire, élégamment incarné par Will Smith, complète ce programme. Vous pourrez aussi y voir les films « Black Stars » de la semaine dernière. Ainsi, si vous avez raté le très drôle Eddie Murphy dans Un Fauteuil pour Deux, Denzel Washington en American Gangster, Howard E. Rollins en officier noir dans A Soldier’s Story, Samuel L. Jackson, Halle Berry, Wesley Snipes dans Jungle Fever, Morgan Freeman dans Miss Daisy et son Chauffeur, Sydney Poitier dans Devine qui Vient Diner, et Forest Whitaker en Charlie Parker dans Bird, il n’est pas trop tard.

Si les Noirs font partie de l’histoire américaine, c’en est une autre que Leone nous raconte dans sa fresque Il Etait une Fois en Amérique. Celle de la naissance d’une bande de gangsters juifs, à l’ombre du pont de Brooklyn. D’autres truands ont rejoint Max et Noodle, pour un cycle consacré à la pègre : corrompus et corrupteurs dans L’Enfer de la Corruption, ou The Yards, joueurs tricheurs dans Casino, tueurs vengeurs dans The Hit, frères ennemis dans La Nuit nous Appartient, meurtriers de la Saint Valentin dans Certains l’Aiment Chaud, et taulards ethniques dans Un Prophète.

Pour conclure signalons que chaque soir, à 20h, vous pourrez voir une copie neuve de Deep End, réalisé en 1970 par Jerzy Skolimowski dans un London pop (dans les couleurs) et noir (dans l’histoire). Jerzy utilise merveilleusement le décor d’un bain douche piscine pour filmer le naufrage de l’amour d’un jeune homme pour sa belle collègue délurée. L’un des premiers chefs d’œuvre de Skolimowski à redécouvrir.

Terminons bien sûr avec l’Enfance de l’Art et Le Secret de la Pyramide, ou la jeunesse de Sherlock Holmes imaginé par Barry Levinson.

Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action