Nouvelle donne.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Après une fin d’été Hitchcockienne (qui reste à l’affiche grâce à L’Homme qui en savait Trop), totale redistribution cette semaine avec la reprise du Ciné-Club Positif où Michel Ciment lui-même viendra nous présenter Bubble, de Steven Soderbergh. Egalement un nouveau cycle Arnaud Desplechin, et la ressortie sur copie restaurée d’un film qui nous avait secoué dans les années 80 : Runaway Train, d’Andrei Konchalovsky.
Entre chronique sociale et drame intimiste, fait divers et expérimentation cinématographique, Bubble est l’une des facettes du talent protéiforme de Steven Soderbergh. C’est à ce cinéaste qui devrait prendre sa retraite après Ma Vie avec Liberace (sortie le 18 septembre), que la revue Positif du mois consacre un dossier, et avec lui que le Ciné-Club Positif fait sa rentrée. Mardi à 20h, Michel Ciment nous fera le plaisir et l’honneur d’animer la projection de Bubble, réalisé en 2005 : une histoire d’amour et d’amitié dans l’Amérique profonde en crise (ou en crise profonde, c’est selon), qui tourne au meurtre. Cet étrange film minimaliste est une excellente entrée dans le monde de Soderbergh. Surtout si c’est Ciment qui vous tient la porte.
Formé en ex-URSS à l’école Tarkovski (avec lequel il écrit plusieurs scénarios), Andrei Konchalovsky réalise en 1979 son Siberiade, dont le succès cannois lui permet d’émigrer aux USA. Il s’acclimate suffisamment vite pour signer Maria’s Lovers et, en 1985 et dans un tout autre genre, Runaway Train, adapté d’un scénario (jamais réalisé) de Kurosawa. Deux prisonniers, un gros dur multirécidiviste (impressionnant John Voight couronné d’un Golden Globe) et un jeune cinglé déterminé (Eric Roberts) s’évadent d’une prison de haute sécurité en Alaska. Ils montent dans un train que la mort du machiniste va rendre incontrôlable, projetant ses passagers vers leur funeste destin. Dans des décors sublimes et glacés, le train fou suit les rails d’un éprouvant suspense et d’une tension extrême. Runaway Train est un film « à fond » qui ne laisse pas respirer ses spectateurs. C’est presque une expérience.
Arnaud Desplechin, ancien de l’Idhec (ancêtre de la Femis), n’a pas attendu l’éclat de sa récente cinquantaine pour atteindre la maturité. A peine sorti de l’école, il collabore avec ceux qu’il y a rencontrés, faisant le chef-op pour Eric Rochand, et échangeant beaucoup avec Pascale Ferrand. En 1990, il écrit son premier scénario de moyen-métrage, La Vie des morts, et convoque autour de cette histoire de tentative de suicide qui réunit une famille, certains de ceux qui deviendront ses partenaires attitrés : les comédiens Emmanuelle Devos et Emmanuel Salinger, ainsi qu’Eric Gautier qui éclairera bon nombre de ses films. Le succès de cet essai lui permet de rencontrer Pascal Caucheteux, fondateur de Why Not Production, pour enchaîner avec La Sentinelle (dont la copie est malheureusement indisponible), puis Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) qui scelle l’implication de Mathieu Amalric, inénarrable en trentenaire intello et tourmenté, dans le cinéma de Desplechin. Il sera toutefois absent pour Esther Kahn, une fille de famille juive londonienne du 19e qui rêve de devenir comédienne, et pour Léo en jouant « Dans la compagnie des hommes » , adapté d’une pièce d’Edward Bond aux accents shakespeariens. Mais revoilà Amalric, assez joyeusement déjanté dans Rois & reine, et en mauvais fils de Catherine Deneuve dans le cruel Un conte de Noël. Il interprète également le psychothérapeute d’un Indien des plaines, dans le prochain Desplechin, qui doit sortir bientôt.
Que toutes ces nouveautés ne nous fassent pas oublier L’Homme qui en savait trop, une histoire d’espionnage, d’enlèvement et d’attentat bien tordue et complexe comme seul le maître Hitchcock savait les fabriquer. Cette première version de 1934 (il en fit un remake 22 ans plus tard) vous est proposée sur copie neuve restaurée. Idem pour l’Enquête sur une passion, un film étonnant et intello de 1979 signé Nicolas Roeg, et The Great Gatsby, réalisé par Jack Clayton en 1974. Quant à Django Unchained, il n’a pas besoin d’une copie neuve pour rester à l’affiche.
La conclusion pour l’Enfance de l’Art et les joyeuses aventures décalées des scouts de Wes Anderson dans Moonrise Kingdom.
A la semaine prochaine.