Mise en lumière.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Le cinéma est un art de la lumière, et c’est d’ailleurs le nom de ses inventeurs. Un procès se doit, lui, de faire la lumière sur des faits, fût-ce sur les obscurs souvenirs d’un Juif polonais né en France. Voici donc Le Procès Goldman, braqueur révolutionnaire qui secoua la France des années 70, et arrive sur nos écrans dans le nouveau film de Cédric Kahn. Soirée de lancement mercredi soir avec la projection de Vénus Mélite, court-métrage lumineux et sombre de Scott Lyman, lauréat du prix Nuits Med/Grand Action 2023. Nous verrons, jeudi, deux autres films issus de ce festival, et avons la joie d’annoncer une autre sortie, celle de Jeune Cinéma qu’Yves-Marie Mahé, son réalisateur et Nicolas Brevière, son producteur, viendront nous présenter mercredi et dimanche.
Après que son premier procès, où il fut condamné à perpétuité, a été cassé, Pierre Goldman revint devant le juge pour être à nouveau jugé. Curieux personnage que ce militant de la gauche radicale, fils de résistants Juifs et communistes, élève agité, jeune révolté et éternel insoumis. Il fit le coup-de-poing antifasciste à Paris, partit combattre avec les révolutionnaires vénézuéliens, avant de tomber dans le banditisme, puis dans l’écriture en prison et de s’attirer de solides amitiés d’intellectuels phares de l’époque (Régis Debray, Sartre et Beauvoir, Simone Signoret, les journalistes Marc Kravetz et Serge July…). Lors d’un braquage, deux pharmaciennes avaient été tuées, et de lourds soupçons pesaient sur l’accusé. Après l’arrêt de la Cour de cassation, s’ouvre donc en avril 1976 le second Procès Goldman. Puisqu’il s’agit d’histoire, on ne dévoile rien en disant qu’il sera condamné pour les vols à main armée, mais acquitté des meurtres, notamment grâce à l’acuité d’un jeune et brillant avocat qui fera une belle carrière jusqu’à son décès en mai de cette année : Georges Kiejman. Arthur Harari, formidable, endosse la robe du défenseur de Goldman, interprété avec fièvre par Arieh Worthalter dans le dernier Cédric Kahn. Comme tous les films de prétoire, Le Procès Goldman est naturellement bavard. Mais toute la force du scénario, co-écrit avec Nathalie Hertzberg, est de dépasser la simple oralité pour donner dans la rhétorique, un art où le duo Kiejman-Goldman, parfois en opposition, excellait. Le film recrée aussi, dans le huis clos d’une salle d’audience, l’ambiance délétère et les fractures de la société des années 70, où gauche et droite se regardaient avec mépris, défiance et violence. D’ailleurs, Pierre Goldman sera assassiné quelques années après sa sortie de prison. La prestation des deux acteurs principaux, l’écriture acérée et la caméra très juste de Kahn font du Procès Goldman un des très grands films de la rentrée. Chaque séance de 20h45 sera précédée de Vénus Mélite, film maltais de Scott Lyman, qui obtint le prix Nuits Med/Grand Action 2023. Sa productrice sera dans la salle mercredi soir.
Jeudi à 20h, nous poursuivrons avec le festival Nuits Med 2023 en recevant deux cinéastes pour présenter leur film remarqué. Sofia Alaoui nous emmène au Maroc avec Animalia, tandis que Gray Orsatelli filme la Corse Une Nuit d’été.
L’autre sortie de la semaine est un documentaire, vu en avant-première la semaine dernière et qui célèbre le Festival du Jeune Cinéma d’Hyères.Yves-Marie Mahé viendra mercredi à 14h15 nous présenter Jeune Cinéma, c’est le titre de son film, et sera accompagné de son producteur, Nicolas Brevière, dimanche à 16h pour débattre avec le public. On échangera sur ce festival engagé qui, de 1965 à 1983, donna de la visibilité au cinéma expérimental et qu’Yves-Marie Mahé fait revivre par un magnifique travail documentaire. Toute une époque !
Par ailleurs, nos récentes sorties poursuivent leur carrière. On verra donc un couple mythique de cinéma – Birkin-Dallesandro – filmé par le pygmalion Serge Gainsbourg dans Je t’aime, moi non plus ; également au programme Hester Street, pépite oubliée de l’année 1975 où, bien avant la grandiloquence des The Immigrant de James Gray, Joan Micklin Silver dressait le portrait de Juifs arrivant à New-York au siècle dernier. Enfin, le cycle Rabah Ameur-Zaïmeche garde l’affiche pour annoncer le dernier film tendu de ce réalisateur franco-algérien observateur des banlieues. Dans Le Gang des Bois du Temple, les gamins déracinés ont plongé dans le grand banditisme.
Les dernières lignes pour l’Enfance de l’Art. Mercredi à 14h30, ce sera le départ de La Grande Course au Fromage et, dimanche 14h, le décollage avec Mary Poppins, la nounou magique.
Belle semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action