Merci le court !

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Normalisé depuis 1964 par le CNC, un court-métrage ne doit pas excéder 1 600 mètres de pellicule au format 35 mm, soit moins d’une heure de projection. Toutefois, on se limite aujourd’hui communément à une demi-heure ; entre les deux, on parle de moyen-métrage. Qu’importe ! Ces films constituent souvent une porte d’entrée, une formation, un passage vers le long, et permettent toutes les expérimentations et toutes les audaces. On peut donc remercier ces formats de durée réduite, et c’est le projet de Merci le court #3, présentée samedi à 17h15. Ce n’est pas le seul événement de la semaine, puisque nous aurons aussi Du décor à l’écran et plusieurs présentations de notre nouveauté de la semaine, un moyen-métrage expérimental d’Ana Vaz, Il fait nuit en Amérique. Par ailleurs, nos récentes sorties, May December, La Zone d’intérêt, et l’étonnante histoire d’amour spectrale d’Andrew Haigh, Sans jamais nous connaître, gardent l’affiche. 

Chaque édition de Merci le court est portée par une thématique. Pour celle de samedi 17h15, Adrio Guarino, tonique instigateur de ce programme, a choisi le thème du sport… Dont on parle pas mal en ce moment. Lors de Merci le court #3, nous rencontrons de potentiels futurs réalisateurs de long-métrages – Alcibiade Cohen, Quentin Elles, Nixon Singa, Valérie Leroy – qui nous montreront respectivement Domar, Les Grands Hommes, Espoir, et Banc de Touche. Souhaitons à ces sprinteurs de la caméra de bientôt passer à la course de fond, et savourons leurs petites pépites. 

Le lendemain à 18h, dans le cadre Du décor à l’écran, le sympathique FJ Ossang nous présentera un curieux film noir, 9 Doigts. Car il est l’invité de son chef décorateur Rafael Mathé, qui a également convié le chef opérateur Simon Roca, le premier assistant Luc Catania, et bon nombre des acteurs : Pascal Gregory, Paul Hamy, Alexis Manenti et Damien Bonnard. Une fine équipe qui devrait animer joyeusement ce ciné-club dominical. 

Cinéaste, Ana Vaz est aussi une artiste qui, par ses films, ses installations et ses performances interroge les rapports entre les mythes et l’histoire, le monde des hommes et la nature. Dans Il fait nuit en Amérique, un film d’une bonne heure (ce n’est pas donc un moyen métrage au sens strict !), elle développe un dispositif autour du zoo de Brasilia et de la vie sauvage qui l’entoure. Porté par une musique entêtante, ce film mérite une vision, et en propose une singulière. Mercredi à 20h et dimanche à 16h, Ana sera dans la salle pour prolonger la projection par un débat, animé par Claire Allouche des Cahiers du Cinéma mercredi.

De manière générale, la critique et le public ont apprécié le nouveau et quatrième long métrage d’Andrew Haigh, qui a débuté en réalisant des courts, et aussi en collaborant avec Ridley Scott, notamment au montage. Sans jamais nous connaître est une histoire d’amour et de fantômes, mais surtout un drame de la solitude des grandes villes et de leur peu d’humanité. Avec délicatesse, le réalisateur dirige magnifiquement Andrew Scott et Paul Mescal, deux acteurs montant de leur génération, et engage Jamie Bell et Claire Foy pour leur donner la réplique. 

Stupéfiante installation filmique et existentielle, La Zone d’intérêt conserve ses séances, prolongées par le cycle Jonathan Glazer, avec deux de ses films précédents : Sexy Beast et Under the Skin. Rappelons que La Zone d’intérêt entoure le camp d’Auschwitz-Birkenau, et abrite l’agréable résidence de son commandant et sa petite famille. Sidérant. On peut toujours aussi voir dans nos salles May December, l’excellent dernier Todd Haynes servi par un prodigieux duo d’actrices, Priscilla de Sofia Coppola, et d’autres récents succès. 

Dernières lignes rituelles pour l’Enfance de l’Art. Ernest et Célestine en hiver ouvrent le bal pour les petits mercredi à 10h30, Pingu prend la relève le lendemain à la même heure, et Hayao Miyazaki conclut avec Le Château dans le ciel, dimanche à 14h. 

Belle semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action