Main basse.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
C’est mardi soir que se déroulera notre événement de la semaine, avec un Ciné-Club Positif animé par Michel Ciment. Il nous parlera de Main basse sur la ville, film chirurgical de Francesco Rosi. Mais n’attendez pas mardi prochain pour venir au Grand Action. Voir par exemple Irrational Man, le dernier Woody Allen où un prof de philosophie tourmenté (Joaquin Phoenix) fait main basse sur le cœur de la gente féminine de sa nouvelle université et veut faire de même avec sa vie. Et puis participez aussi aux sélections du Festival Faire un Film en 48h pour désigner celui ou celle qui fera main basse sur le prix de cette étonnante compétition. L’on pourra encore voir Sangue del mio sangue, film bouillonnant de Marco Bellocchio, la douzaine de films du cycle Woody Allen qui accompagne Irrational Man, et les dernières séances de Sorcerer et Queen of Earth.
Naples, début des années 60. Des promoteurs véreux prennent possession de terres agricoles transformées en terrains constructibles par une municipalité corruptible. Et l’on bâtit à la va-vite, jusqu’à provoquer l’écroulement d’un immeuble ancien. Cette catastrophe nourrit la fronde menée par un élu communiste. Mais pourra t-il seul arrêter le système pourri ? Voici donc Main basse sur la ville, choisi par le Ciné-Club Positif de ce mois d’octobre qui se tiendra mardi 27 à 20h. Nous connaissons l’engagement politique de Rosi, disparu en début d’année, mais aussi la rigueur de son filmage. Héritier du néo-réalisme, il dirige là un presque documentaire, auscultant l’action sans laisser la moindre place à la psychologie. Mais, bercé à l’efficacité du film noir, il sait aussi donner de l’ampleur et du drame à la scène de l’écroulement de l’immeuble, qui rompt avec les longs échanges des politiques. Michel Ciment, figure tutélaire de la revue Positif et de la critique cinématographique, animera le débat à suivre après la projection de ce film, qui obtint le Lion d’Or à Venise en 1963. Un échange qui complètera le dossier que la revue consacre ce mois-ci à Rosi.
L’autre rendez-vous de la semaine s’étale sur deux jours. Deux jours pour voir des courts-métrages réalisés en deux jours. Nous sommes ravis d’accueillir les sélections publiques du Festival Faire un Film en 48h , dont le projet est résumé par son intitulé. Plus de 120 équipes se sont lancées dans ce défi un peu fou, et les séances de vendredi et samedi vous permettront de voir le résultat. Il y a de tout, et même du très bon.
Très bon aussi le dernier Woody Allen qui a toujours la même aisance pour inventer des histoires et les mettre en image. Après quelques opus un peu en dessous de son niveau, il retrouve dans la fable noire d’Irrational Man sa verve de Match Point. Troublant et troublé, séduisant mais plus trés opérant, un célèbre prof de philosophie arrive dans une petite université, distillant ses petites phrases et son charmant venin. Deux femmes, de deux générations, une enseignante et une élève, mordent à l’hameçon de Joaquin Phoenix. Mais il en faudra plus à cet Homme Irrationnel et ravagé pour se reconstruire. Virtuose et métaphysique, ce petit bijou méritait bien un Cycle Woody Allen pour célébrer le talent de son auteur. L’occasion de revoir certaines autres perles de sa filmographie, tels le caméléon Zelig, la discrète Alice, l’hilarant Woody et les Robots, l’inoubliable Manhattan ou le déroutant Stardust Memories.
Marco Bellocchio a 75 ans ; et comme Woody Allen, son ainé de 5 ans, il tisse la toile de son œuvre. Mais celle de Marco est encore plus intime et beaucoup plus bizarre que celle de Woody. Ainsi, son dernier film, Sangue del mio sangue, peut sembler hermétique et maniéré. Mais Bellocchio est un grand cinéaste et sait trouver les ressorts et la magie de cet art pour transcender son propos. Un film certes étrange, mais à voir quand on aime le cinéma. Avec le même amour, mais pris par un tout autre bout, on pourra préférer la violence de Sorcerer de William Friedkin, ou la plongée dépressive de Queen of Earth, d’Alex Ross Perry.
Pas d’Enfance de l’Art cette semaine, mais elle revient la semaine prochaine, n’ayez crainte.
Bonne semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action