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L'Édito

L’Or de Cannes et l’esprit de Guitry.

L'Édito

L’Or de Cannes et l’esprit de Guitry.

hères spectatrices, chers spectateurs,
Cette semaine au Grand Action, L’Épouvantail (Scarecrow), de Jerry Schatzberg, Palme d’Or en 1973, est rejoint par d’autres primés de la Croisette. Histoire de revenir sur quelques-uns des plus grands films des soixante et unes dernières années. Et pour doublement ravir les cinéphiles, mardi soir se tiendra notre Club-Positif du mois, autour de Quadrille, brillante comédie de Sacha Guitry.
En 1973, le plus prestigieux des festivals de cinéma décernait sa Palme d’Or à un (relativement) jeune réalisateur, emblématique du renouveau du cinéma américain. Après avoir été photographe de mode, Schatzberg était passé à l’image animée, en prenant le contre-pied des stars et mannequins qu’il avait figés sur la pellicule. Au cinéma, il s’intéresserait aux paumés du rêve américain : les prostituées, les drogués, les largués de la vie. Max et Lion (respectivement Gene Hackman et Al Pacino), les héros de Scarecrow, sont de ceux-là et erreront dans un monde où ils n’ont pas de place. Ce face à face drôle et pathétique est un des films les plus libres du Nouvel Hollywood.
À la fois exigeant et glamour, cinéphilique et people, le Festival de Cannes a toujours eu de l’ambition dans sa sélection comme dans son palmarès. Couronnant tantôt des cinéastes reconnus (Buñuel pour Viridiana en 1961 ou Imamura pour l’Anguille en 1997), il s’est parfois fait découvreur de talents, comme en décernant sa Palme à Delbert Mann pour Marty, son premier film en 1951, ou à Scorsese pour Taxi Driver en 1976.
Outre les films déjà cités, nous vous proposons cette semaine Le Troisième Homme, de Carol Reed, scénario tiré au cordeau primé en 1949, l’irrévérencieux M.A.S.H, de Robert Altman, cinéaste presque débutant lauréat en 1970 et Blow Up, le sublime et déroutant film de Michelangelo Antonioni palmé en 1967.
Chaque film est projeté une journée, donc vérifiez bien les dates.

Outre cette série de Palmes d’Or, le point fort de la semaine aura lieu mardi à 20h, lors de notre Club Positif de novembre. Ce mois-ci, place au cinéma français et à l’un de ses très spirituels représentants, auteur, acteur, dialoguiste (génial), réalisateur (inégal) : Sacha Guitry, mort il y a tout juste 50 ans. À l’issue de la projection de Quadrille, une virevoltante facétie pour quatre comédiens réalisée en 1937, Noël Herpe éclairera le cinéma de ce grand manieur de mots. Historien du cinéma, Maître de conférence à l’Université de Caen et Commissaire de l’exposition « Sacha Guitry, une vie d’artiste » à la Cinémathèque, Noël Herpe a supervisé le dossier que Positif a consacré à Guitry dans son numéro de novembre. Un rendez-vous indispensable pour les fans de cet incorrigible et charmant misogyne qui déclarait : « mieux vaut lire entre les lignes, ça fatigue moins les yeux », « il faudra bien un jour prendre les comiques au sérieux » ou encore « les hommes n’ont que ce qu’ils méritent, les autres sont célibataires ». Allez, on arrête là. Les citations de Guitry, c’est un puits sans fond, mais pas sans fondement.
Un dernier mot à destination du jeune public, à qui nous proposons cette semaine, Sa Majesté des Mouches, la fable noire de Peter Brook, et le Géant de Fer, un film d’animation de Brad Bird, le réalisateur de Ratatouille, projeté mercredi à 14h dans le cadre de l’Enfance de l’Art.
Bonne semaine