L’Oeil de Nova
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Après le Fooding pour la gastronomie tendance, les Nuits Zébrées pour les musiques d’aujourd’hui, Radio Nova, la fréquence moderne, différente et incontournable inventée par le regretté Jean-François Bizot lance son rendez-vous cinéma, l’Œil de Nova. Ça commence jeudi soir au Grand Action avec l’avant-première du film Toto qui Vécut Deux Fois, film hautement subversif et blasphématoire de Cipri et Maresto, les trublions du cinéma Italien contemporain.
Outre cette séance très spéciale, notre cycle Sidney Lumet, avec toujours A Bout de Course en vedette, et notre festival Hollywood vu par Hollywood poursuivent leur carrière.
Prenez deux cinéastes Siciliens, donnez leur une rigueur fordienne du cadre, la précision en noir et blanc d’un Howard Hawks et une bonne dose de burlesque ; Trempez les dans un bouillon de culture pasolinien et ajoutez l’influence de Scola tendance Affreux, Sales et Méchants. Laissez mijoter dans la provocation, le blasphème, le sexe et l’humour, et vous obtenez Toto qui Vécut Deux Fois qui n’est pas vraiment racontable : on y croise un messie errant, un vieil homosexuel, un obsédé et d’autres personnages plus délirants et choquants les uns que les autres. L’avant-première de ce film sélectionné au Festival de Berlin 1998 mais censuré en Italie avant même sa sortie et inédit en France, sera suivie d’un cocktail ambiancé par les DJ de Nova. Pour venir jeudi soir, une seule solution : être invité. Appelez le cinéma au 01 43 54 47 62 ou directement chez Radio Nova pour participer à cette soirée.
Subversif, mais avec moins de délire que nos fous furieux Italiens, Sidney Lumet sait aussi l’être, tout comme ses personnages d’A Bout de Course. Ces ex-activistes, militants de la paix au Vietnam, ont effectué un sabotage tragique dans les années soixante. Recherchés par le FBI, ils sont condamnés à la fuite, traînant dans une vie marginale leurs deux enfants. Parmi eux, l’adolescent River Phoenix, bouleversant et juste, découvre l’amour et finalement une certaine idée de la norme, au grand dam de ses parents. Emporté quelques années plus tard par un excès de drogue, le jeune River était promis à un brillante carrière. Celle de Lumet, en revanche très longue, se poursuit, et notre cycle N’oubliez pas vos Lumet ! revient sur certains des films phares de sa carrière.
Autre cycle de la semaine, Hollywood vu par Hollywood vous propose de voir ou revoir des films où l’usine du cinéma a braqué la caméra sur ses propres excès et turpitudes. Parfois avec humour, comme dans The Party de Black Edwards, en musique dans Chantons sous la Pluie de Stanley Donen et Gene Kelly, ou bien avec noirceur dans les Ensorcelés de Vincente Minnelli ou Boulevard du Crépuscule de Billy Wilder. Le regard des cinéastes sur leur capitale peut être acide, comme dans La Comtesse aux Pieds Nus de Mankiewicz ou d’une tendresse cynique dans Ed Wood de Tim Burton. Il peut aussi mélanger les techniques comme Robert Zemeckis dans Qui veut la Peau de Roger Rabbit, un film excessivement drôle et brillant, mais beaucoup moins léger qu’il n’y paraît : l’exploitation des masses et la lutte des classes pointent derrière le rire.
L’Enfance de l’Art nous propose mercredi à 14h Persepolis, de Marjane Satrapi, l’excellente adaptation animée de sa bédé sur l’Iran au temps du Shâh et de la Révolution Islamique. Samedi et dimanche à 14h, séances spéciales avec l’indémodable Temps Modernes de Chaplin.
Bonne semaine.