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L'Édito

L’éternel fraternel.

L'Édito

L’éternel fraternel.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Exceptionnellement, cette semaine est calme au Grand Action. Pas d’événement (rassurez-vous, ça reprend la semaine prochaine et le mois de mai, où nous célébrerons 68, sera, naturellement, riche en débats), mais de bons films, voire d’excellents films, sur le thème de la fraternité.

Le départ, 5 fois par jour en salle Panoramique, du Darjeeling Limited a donné le coup d’envoi de notre festival sur l’Art de la Fraternité, un thème souvent brillamment développé au cinéma. Dans la vraie vie, le Darjeeling Limited est un train du nord de l’Inde beaucoup plus modeste que celui du film de Wes Anderson. Mais ce jeune cinéaste prodige n’est pas documentariste et sa vision de l’Inde (et de la famille) est bien celle d’un artiste. Trois frères, séparés depuis longtemps (toujours peut-être ?) se retrouvent dans un train exotique après la mort de leur père. Leur voyage, tout comme le film, prendra un tour parfois comique, parfois tragique, mais toujours décalé et touchant. Le Darjeeling est un film coup de cœur, faussement léger, bizarrement construit, et rythmé par une bande son formidable, qui rend hommage à Satyajit Ray et Joe Dassin, jouent des Kings et les Stones, et comporte un inoubliable tube américo-parisien signé Peter Sarstedt.

Pour répondre au Darjeeling, nous vous proposons en salle Club d’autres films sur le thème de la fratrie. Dans Outsiders, Coppola la voit avec une certaine nostalgie. James Gray, dans The Yards et La Nuit Nous Appartient, en décrit la violence et la possible trahison. Woody Allen l’intellectualise dans Hannah et ses Sœurs et Valério Zurlini la dépeint à petites touches délicates dans son Journal Intime. Tout l’inverse des Marx Brothers, la fratrie la plus cinglée de l’histoire du cinéma, que nous retrouverons dans deux de leur œuvres débridées : Une Nuit à l’Opéra et Monnaie de Singe. Les enfants uniques ne comprennent pas ce qu’être frères veut dire ; voilà l’occasion de combler cette lacune. Quant aux fils et filles de familles nombreuses, ils se réjouiront de retrouver, ça et là, au détour d’une pellicule, ce lien étrange et précieux qui les unit.

La semaine prochaine, nous resterons dans des histoires de famille avec la sortie de Ciao Stephano, un très joli film italien de Gianni Zanasi avec le génial Valerio Mastrandréa. Le retour d’un punk-rocker vieillissant chez ses parents, qui ont légué la fabrique de fruits à l’eau de vie à l’aîné. Un touchant portrait de famille qui témoigne de la vivacité du trop rare cinéma italien contemporain.

En mai, 68 aura 40 ans. Notre festival « Passage à l’Action » reviendra sur cet ex-joli mois, en films (Jean-Luc Godard, Louis Malle, Romain Goupil, Chris Marker…), et en débats (Alain Bergala, Patrick Rotman, Stéphane Goudet…). Camarade cinéphile, ton bulletin de vote est une place de cinéma !

Mais que la révolution ne nous fasse pas oublier l’Enfance de l’Art et sa projection du mercredi. Ce sera Nocturna, un joli dessin animé où d’adorables petites créatures séduiront les 5 ans en plus. Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy
L ‘équipe du Grand Action