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L'Édito

L’été meurtrier.

L'Édito

L’été meurtrier.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Alors que ce courriel hebdomadaire va marquer sa traditionnelle pause aoûtienne, nous proposons à celles et ceux qui viennent ou restent à Paris d’aller au cinéma. Et pour les distraire, nous leur avons concocté un été plein de crimes, de meurtres, de mafias et de gangsters. En écho à la grande fresque de Leone, Il Etait une Fois en Amérique, notre cycle Il était une Fois la Pègre va aborder en une vingtaine de films la vision du banditisme de certains grands cinéastes. Parmi eux, Don Siegel, dont l’hommage se poursuit. Mais en ces temps de vacances, nous n’oublions le jeune public, qui pourra s’émerveiller devant Les Contes de la Nuit, dernier féérie de Michel Ocelot, projetée en 3D lors de certaines séances.

Le crime donc. Michael Mann, idole absolu de certains cinéphiles amateur d’action et d’efficacité, ouvrira le feu avec Public Enemies dès mercredi 27. Dans ce film de 2009, Johnny Depp incarne avec conviction John Dillinger, célèbre braqueur de banques des années 30. Johnnie To, que l’on pourrait assimiler à un Mann hong-kongais, poursuivra avec Election 1 et 2. Wo Sing, toute puissante triade, doit élire un nouveau chef. Il ne faut pas moins de deux films pour vider les urnes, et les chargeurs par la même occasion. Modèle du genre en trois volumes, le Parrain de Coppola complète le programme. Doit on encore présenter Don Vito et la redoutable famille Corleone ? Scénario virtuose, mise en scène époustouflante, interprétation monstrueuse, la saga du Parrain se voit et se revoit avec le même réjouissant effroi. Et se faire les trois volumes d’un coup relève de l’expérience métaphysique. Ces bandits viennent rejoindre ceux qui étaient déjà au programme de juillet : les cousins des Corleone, Les Affranchis version Scorsese, les narcotrafiquants de la French Connection, de William Friedkin, les yakusa de Last Life in the Universe, de Pen-Ek Ratanaruang et la crépusculaire famille de corrupteurs imaginée par James Gray dans The Yards. Nous retrouverons aussi le samouraï noir introspectif de Ghost Dog, de Jim Jarmush, les tueurs chinois de L’Année du Dragon, de Michael Cimino, et les musiciens poursuivis et travestis de Certains l’Aiment Chaud, l’une des meilleures comédies jamais réalisées, œuvre de maître Wilder. Ce déferlement de violence se poursuivra après le 10 août avec A Very British Gangster, où le réalisateur, Donal MacIntyre, a côtoyé trois ans Dominic Noonan, authentique parrain mancunien pour préparer son film. Le surdoué James Gray, entomologue de la pègre new yorkaise et des liens fratricides, nous assure que La Nuit nous Appartient, alors que pour Raoul Walsh en 1943, L’Enfer est à Lui. Lui étant Cody Jarret, qu’incarne magnifiquement James Cagney, braqueur et tueur cinglé, amoureux fou de sa maman. Autre enfer vu par Abraham Polonsky, L’Enfer de la Corruption guète l’avocat Joe Morse (John Garfield) qui se met au service de la mafia des paris clandestins. Toujours à la rubrique « classique », nous pourrons aussi voir Scarface, version Howard Hawks de 1932, avec la balafré Paul Muni. Plus récent, mais déjà entré au Panthéon du film de pègre, Casino du virtuose Scorsese, nous explique l’argent et tout ce qu’il emporte dans son noir sillage. Indissociables alliées du banditisme, la trahison et la vengeance sont au cœur de The Hit, réalisé par Stephen Frears en 1984. Un Prophète, sublime réalisation de Jacques Audiard et Grand Prix à Cannes 2009, nous rappellera que le monde anglo-saxon n’a pas l’apanage de la criminalité.

Suivez régulièrement notre programmation pour voir si d’autres truands ne profitent pas du 15 août pour venir s’immiscer parmi tous ceux là. Ils trouverons en face d’eux le flic radical de Don Siegel, Shérif à New York, interprété par le grand Clint que Siegel retrouve pour l’un de ses meilleurs films, l’Evadé d’Alcatraz, récit véridique d’une évasion, plus d’autres géniales séries B de Don, comme Invasion of the Body Snatchers, perle fantastique, ça Commence à Vera Cruz, western décalé, ou A Bout Portant, thriller impeccable. En fin de carrière, il offrit également un beau rôle d’Espion de Trop à Charles Bronson. Mais que les amateurs de gangsters au cinéma n’oublie pas de consacrer 3h40 de leur été à Il Etait une Fois en Amérique, film dense, vénéneux et riche, où, pour son ultime réalisation, Leone évoque un demi siècle de criminalité juive new yorkaise.

Pour compléter le programme de vos journées estivales, vous pourrez plonger dans La Piscine, de Jacques Deray, en compagnie de Delon, Schneider, Ronet et Birkin. Rendez-vous lors de notre prochain envoi, le 24 août, et d’ici là, très bel été à tous. Au cinéma et ailleurs.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action