Les contes en relief.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Alors que Il Etait une Fois en Amérique, conte du crime, poursuit sa carrière, ce sont d’autres histoires qui arrivent, plus lumineuses malgré leur titre : Les Contes de la Nuit, dernier film de Michel Ocelot. On connaît, depuis Kirikou et Princes et Princesses, le talent d’Ocelot pour faire naître des mondes merveilleux qui ravissent les enfants de tout âge. Ses Contes de la Nuit vont encore plus loin, ou plus près, puisqu’ils bénéficient de notre nouvelle projection en 3D de Panavision, système dont le Grand Action a, pour l’heure, l’exclusivité en France. Avant d’entrer dans la magie de cette technologie, présentons rapidement le reste de notre programmation, avec d’abord le dernier Ciné-Club Positif de la saison. Notre chère revue de cinéma a choisi de rendre hommage au regretté Claude Chabrol, et à l’une des plus charmantes alcooliques à l’écran, Betty, magnifiquement incarnée par la non moins regrettée Marie Trintignant. Betty retrouve ses amis et se perd avec eux au Trou, une boîte de nuit improbable d’une France chabrolienne. A l’issue du film, qui donne soif, nous irons nous perdre à notre tour au Grand Bar pour un cocktail offert par l’éditeur de Positif, Scope. A part ça, quelques Don Siegel et des films du cycle Il était une Fois la Pègre, pour donner la réplique à la fresque de Leone.
Même s’il est éternel depuis un peu plus d’un siècle, le cinéma évolue. Narrativement, bien sûr, mais aussi techniquement. Il y eut la couleur, le son, le scope, le dolby et tout un tas d’autres innovations qui ont permis de faire des films différemment. L’avènement du numérique a encore redistribué les cartes. Nos deux salles sont récemment passées à la projection 2K, dont vous avez pu constater la qualité visuelle. S’il apprécie et défend le cinéma de patrimoine, le Grand Action veut aussi offrir à ses spectateurs le meilleur des nouvelles technologies. C’est donc l’unique salle en France à expérimenter le système 3D de Panavision. On ne va pas entrer dans les détails, mais sachez que ce procédé se distingue des autres par une meilleure définition, un plus grand respect des couleurs et des contours, et surtout, une diminution de la gêne que peut occasionner le relief « traditionnel ». Panavision, grâce à la superposition de 10 filtres (5 par œil) évite le déséquilibre de la perception et fait disparaître les « ghost images », images fantômes qui polluaient les projections en relief. On va s’arrêter là sur la technique, en espérant que vous comprendrez que notre investissement technologique justifie les 2€ supplémentaires par séance, et qu’il faut absolument rendre les lunettes dès les lumières rallumées ; elles ne servent à rien ailleurs que dans notre salle. Merci d’avance. Toutefois, précisons aussi pour les réfractaires à la 3D que le film d’Ocelot sera projeté en 2D aux séances de 14h et 16h.
Bien. Maintenant, parlons cinéma, puisque c’est d’ailleurs le lieu de départ des Contes de la Nuit, de Michel Ocelot. Michel est l’un des pionniers de la nouvelle animation française et il eut la chance (et surtout le talent) de rencontrer un immense succès avec son premier long métrage, Kirikou. Il sut développer un univers à part, une tonalité différente, un monde visuellement fort, et raconte ici la rencontre de deux enfants avec un vieux projectionniste d’un cinéma abandonné qui les entraine vers des féériques voyages. Par la magie de la 3D, les silhouettes découpées volent parmi les décors somptueux de ces Contes de la Nuit, hommage à l’imaginaire et au cinéma. Mais en 2D, le film est (presque) aussi beau.
Outre ces nouveautés, demeurent à l’écran quelques œuvres de Don Siegel, dont l’immense Invasion of the Body Snatchers, petit bijou de la série B fantastique. On pourra aussi voir Mitchum dans un western incongru, ça Commence à Vera Cruz, Eastwood en train d’inventer son flic radical dans Un shérif à New York, et John Cassavetes dans un thriller serré : A Bout Portant.
L’enchainement est tout naturel vers Il était une Fois la Pègre, cycle consacré au si cinématographique monde du crime et qui vient en écho à la ressortie sur une magnifique copie neuve de Il Etait une Fois en Amérique. Outre donc la genèse du gangstérisme juif de Brooklyn, nous verrons aussi l’entrée dans la mafia de Little Italy des Affranchis, de Scorsese, l’explosion narcotrafiquante de la French Connection, de William Friedkin et la lutte d’un petit bibliothécaire contre les yakusa dans Last Life in the Universe, de Pen-Ek Ratanaruang. Ce festival mafieux accompagnera votre été au Grand Action, et d’autres sagas de gangsters s’annoncent.
Belle semaine.