Les Coen en sursis.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
En sursis, ces deux frères, car le cycle que nous leur consacrons se termine cette semaine. Mais il finit en apothéose, avec True Grit (qui restera à l’écran) et un Ciné-Club Positif dédié à The Barber, l’Homme qui n’était pas là. Le sursis du titre de cette lettre fait aussi référence à l’une de nos ressorties de la semaine, l’excellent Huit Heures de Sursis, de Carol Reed. Quant à notre nouveau cycle, Bienvenue Mister Ashby, qui célèbre la courte et riche filmographie de Hal Ashby, il annonce la grande ressortie, la semaine prochaine, de son mythique Bienvenue Mister Chance.
A tout seigneur, tout honneur. Et les seigneurs de cette semaine, ce sont encore les Coen, portés par le succès de True Grit, leur dernier film qui est également leur premier western. Fort opportunément, nos amis de la revue Positif vont consacrer leur Ciné-Club du mardi 29 mars à Joël et Ethan, ainsi qu’à leur Barber, qui valu aux frères le Prix de la Mise en Scène à Cannes en 2001. Cet « Homme qui n’était pas là » (sous-titre du film et traduction du titre original), est un coiffeur des années 40 qui s’ennuie et fomente de faire chanter l’amant de sa femme pour refaire sa vie. Evidemment, comme souvent chez les Coen, les choses ne passent pas tout à fait comme prévu… Mardi à 20h, Monialisa Douadi viendra présenter le film et animera le débat qui suivra la projection. D’ici mardi, afin de lui poser des questions pertinentes, vous avez le temps et l’occasion de réviser vos Coen grâce au cycle que nous leur consacrons. Exemple : Comment le Big Lebowski est-il calqué sur le Grand Sommeil ? Pourquoi la fascination du meurtre dans No Country For Old Men, Sang Pour Sang ou Fargo ? Pourquoi les Coen travaillent-ils souvent avec les mêmes acteurs, comme Georges Clooney dans Intolérable Cruauté, Burn After Reading ou O’Brother ? Fantaisie pure dans le Grand Saut, questionnements étranges du Serious Man ou humour noir de Ladykillers, comment les Coen nous font ils rire ? Vous avez une semaine.
Mais cette semaine, il faudra aussi trouver un moment pour voir Huit Heures de Sursis (Odd Man Out), un grand film politique réalisé en 1947 par Carol Reed. On devrait plutôt dire film « apolitique », tant James Mason, au sommet de son art selon sa propre affirmation, incarne le désenchantement qui peut suivre l’engagement. Après la seconde guerre mondiale, Mason interprète un militant irlandais qui finance son activisme par un braquage. Mais le casse tourne mal, et l’homme va vivre 8 heures de cauchemar dans les bas-fonds de Belfast. Entre thriller politique, film noir et atmosphère expressionniste, ces Huit Heures de Sursis vont lancer la carrière de Carol Reed, futur réalisateur du 3e Homme. Nous sommes très heureux de vous présenter ce film rare, courageux et engagé. Surtout que la copie que nous projetons, une numérique 2k toute neuve, redonne à l’interprétation habitée de James et au noir et blanc millésimé un lustre étonnant.
Autre nouveauté, un petit festival Bienvenue Mister Ashby, pour annoncer l’arrivée prochaine de Bienvenue Mister Chance, l’un des grands succès de ce réalisateur producteur emblématique des années 70. En attendant Mister Chance, revoyons donc la belle histoire d’amour transgénérationnelle que vivent Harold et Maude, la vie sentimentale débridée du coiffeur de Shampoo, la virée des militaires de la Dernière Corvée, et la célèbre Affaire Thomas Crown, de Norman Jewison, que Ashby produisit.
Sachez encore que De l’Influence des Rayons Gamma sur le Comportement des Marguerites, de Paul Newman, et The Swimmer, de Frank Perry, à l’instar des films du festival Coen, tirent leurs derniers feux sur nos écrans.
Terminons avec deux séances « jeune public ». Un Hitchcock, Sueurs Froides, et un grand de l’animation japonaise, Mamoru Hosoda, que l’Enfance de l’Art nous fait découvrir avec Summer Wars.
Belle semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action