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L'Édito

Les amers hics de l’Amérique

L'Édito

Les amers hics de l’Amérique

Chères spectatrices, chers spectateurs, 

Que ce soit avec les Native Americans ou avec les immigrants, les États-Unis n’ont pas toujours été exemplaires. La preuve par deux films : The Brutalist, où Brady Corbet raconte l’enfer d’un architecte rescapé des camps de la mort arrivant dans l’Amérique WASP, et Buffalo Bill et les indiens, notre réédition de la semaine, où Robert Altman malmène les mythes de l’Ouest. D’autres choses à voir (Maria, Apprendre), et pas mal de rendez-vous.

Le premier de nos événements se tiendra samedi à 17h, sous les bons auspices du sémillant Adrio Guarino et de Merci le court #11, astucieusement titré « L’amour, tout court, l’amour toujours ». Garance Kim, Pierre-Louis Miclo, Louis Douillez et Charlène Brimaud ont décliné le thème et nous montreront respectivement Tomber l’amour, Le roi du silence, Les fleurs bleues et God Save the queen. Débat avec les cinéastes et verre à suivre.  

Dimanche 18h, Thomas Bidegainet son chef-décorateur François Emmanuelli sont les invités Du décor à l’écran. Dans l’est de la France, François Damiens, qui rêve de l’ouest américain, est confronté à la soudaine disparition de sa fille… Les Cowboys, de Thomas Bidegain, est un drôle de drame, et l’on est curieux d’en parler avec le réalisateur et le chef-déco. 

Zabou Breitman et Florent Vassault signent ensemble Le Garçon, une fable qui démarre avec un jeune homme inconnu sur une photo de famille. Le film sortira le 26 mars, mais vous pourrez le voir en avant-première et en présence des cinéastes, lundi à 20h. 

Le dernier événement se tiendra mardi à 19h30, avec un Ciné-club Louis Lumière lors duquel nous verrons Foudre. Carmen Jaquier y raconte avec délicatesse le drame familial d’une jeune religieuse qui renonce à ses vœux dans la Suisse des années 1900. Marine Atlan, directrice de la photographie et Pierre Mazoyer, étalonneur, présenteront le film et débattront après la projection. 

Robert Altman (1925-2006) s’est souvent amusé à casser les codes des genres du cinéma américain. 5 ans après John McCabe, il signe Buffalo Bill et les indiens, qui est très loin de l’approche fordienne du western (sauf pour la justesse des cadres). Le héros de l’ouest, Paul Newman en cabotin opportuniste et alcoolique, se donne en spectacle, avec Sitting Bull, qui incarne la classe… et le cauchemar du mythe américain. Le postulat, tout comme la pléiade de prestigieux seconds rôles (Geraldine Chaplin en reine de la gâchette, Burt Lancaster et le tout-jeune Harvey Keitel), confèrent à cette curiosité de 1976 un côté fort sympathique. 

Le film dont on parle le plus en ce moment reste évidemment à l’affiche… avec deux séances par jour et un entracte, car il faut coller ses 3h40 dans une journée. Mais The Brutalist est un voyage, celui d’Adrien Brody, architecte juif hongrois qui connut la gloire du Bauhaus, et de Felicity Jones, son épouse journaliste, tous deux survivants du nazisme. Ils débarquent séparément en Amérique des années 1950, où les rêves se teintent souvent d’amertume. Brady Corbet signe là une œuvre totale qu’il ne faut absolument pas rater. Ne soyez pas effrayé par la durée ; on ne la sent pas. Et que d’innovations dans The Brutalist !

Ne manquez pas non plus la grande voix de La Callas (Angelina Jolie dans Maria, de Pablo Larrain), ni la petite musique de l’école (Apprendre, de Claire Simon) et terminons avec les 3 séances de L’Enfance de l’Art. Mercredi 10h30, ce sera Jean-Michel le Caribou, Jeudi à la même heure, Monsieur Bout-de-bois et Dimanche à 14h, Miraï, ma petite soeur, de Mamoru Hosoda.  

Excellente semaine. 

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action