L’écran de fumée
Chères spectatrices, chers spectateurs
Il sera bientôt interdit de fumer dans tous les lieux publics, mais pas au Grand Action. Cette semaine Thank You for Smoking tiendra l’affiche de la salle panoramique.
Inspiré du livre éponyme de Christopher Buckley sorti en 1994, ce film est une satire, non seulement des lobbies, mais de la société américaine.
Le séduisant Nick Naylor met son talent, son sourire et son entregent au service de la Big Tobacco. De plateaux-télé en conférences de presse, il cherche à contrer les campagnes de prévention anti-tabac. Mais Nick est aussi père d’un petit garçon. Ses activités et ses amis lobbyistes des Marchands de Mort (les représentants des vendeurs d’armes et d’alcool) ne sont-ils pas incompatibles avec l’exercice d’une paternité modèle ? Une journaliste mal intentionnée va lui poser cruellement la question…
Au-delà de l’histoire elle-même, Thank You for Smoking s’attaque avec causticité au monde des lobbies. Aux Etats-Unis, contrairement à la France, les lobbyistes sont institutionnalisés et entretiennent avec les politiques des rapports pour le moins ambiguës. En finançant les partis ou en offrant cadeaux et voyages, ils incitent les députés à ne pas voter de lois trop dérangeantes pour leurs employeurs, multinationales, banques, syndicats, ou puissantes associations, comme la célèbre NRA, qui défend le libre port d’une arme à feu.
S’attaquer à ce petit monde (35000 lobbyistes tout de même grenouillent à Washington), demandait un certain culot. Jason Reitman, fils du réalisateur Ivan Reitman et brillant court-métragiste, s’y est collé, soutenu par un jeune producteur venu de la net-économie. Avec un humour irrévérencieux et quelques moments savoureux, il a réalisé là un premier film ambitieux et offert un rôle en or à Aaron Eckhart. Cette parodie fumeuse est une bouffée d’air pur dans le cinéma indépendant américain.
À côté, dans la salle Club, la trilogie Coppolienne du Parrain fait toujours des ravages, en attendant le décollage vers La Planète Interdite. Réalisé en 1956 par Fred M. Wilcox, ce film très intelligent est un sommet de la SF. Départ prévu le 27 septembre, et en fanfare, avec le soir même à 20h30, un décryptage par Patrick Brion, responsable du Cinéma de Minuit sur France 3. La soirée se poursuivra par un cocktail, évidemment de l’Intendance Suivra, et les réservations sont ouvertes.
Plus près de nous, et même dès dimanche, « L’Enfance de l’Art » est une programmation spéciale jeune public. Jusqu’en décembre, les dimanches matins du Grand Action seront réservés aux enfants qui pourront découvrir du vrai cinéma au prix unique de 5 €. Nous commencerons le 17 à 11h par L’Homme qui Plantait des Arbres, un très beau film d’animation de Frédéric Back, d’après un texte de Jean Giono dit par Philippe Noiret.
Bonne semaine à tous, fumeurs et non-fumeurs.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action