Le jour où l’année commença
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Et nous voilà en 2018, une année que nous vous souhaitons, évidemment, excellente et cinéphile. Elle commence en beauté avec un classique hollywoodien de la SF, Le Jour où la terre s’arrêta, dont nous vous avons présenté récemment la copie restaurée en avant-première. Cette semaine sera aussi marquée par un Ciné-club Louis Lumière de prestige puisqu’il nous donne l’occasion de recevoir le grand Peter Suschitzky, chef opérateur attitré de David Cronenberg. Mardi 9 à 19h30, Peter viendra nous présenter Faux-Semblants, l’un des chefs d’œuvre de son réalisateur fétiche. Le reste de notre programmation décline nos récents succès, avec notamment No Country for Old Men, Rencontres du troisième type, La Folle Journée de Ferris Bueller, Rose Bonbon et Les Bourreaux meurent aussi, un Fritz Lang de 1942, que vous êtes nombreux à venir voir, ce qui nous réjouit. La cinéphilie n’est pas morte !
Fils de Wolfgang, chef opérateur d’origine autrichienne, Peter Suschitzky naquit à Londres en 1941, fit ses études à l’IDHEC de Paris, mais la plus grande partie de sa carrière de l’autre côté de l’Atlantique, après avoir toutefois travaillé avec – entre autres – Boorman, Losey et Demy. Aux Etats-Unis, il éclaira le mythique Rocky Horror Picture Show, un Star Wars et Mars Attack. Mais c’est avec un Canadien, en l’occurrence David Cronenberg, qu’il trouva son meilleur complice. Parmi la dizaine de collaborations qui réunit les deux hommes, Faux-Semblants, que le Ciné-club Louis Lumière a choisi pour son rendez-vous de mardi 9 janvier. Deux jumeaux gynécologues – doublement interprétés par Jeremy Irons via une double prouesse, technique et d’acteur – partagent tout, y compris les filles de passage. Mais l’amour ne se partage pas et quand l’un des frères le rencontre, la route vers la folie est ouverte. Peter nous introduira la séance et participera au débat, l’occasion de parler, notamment, du beau et inquiétant générique. Un cocktail à suivre nous permettra de nous remettre des émotions de ce film trouble et troublant.
Après avoir débuté comme coursier à la RKO, Robert Wise devint un monteur très demandé, travaillant même avec Orson Welles pour Citizen Kane, le plus grand film du studio, voire de l’histoire. Le futur réalisateur de West Side Story arriva derrière la caméra un peu par hasard et via la série B, mais ne lâcha plus. Nous avons gagné ce soir, son premier film majeur et l’un des meilleurs consacrés à la boxe, lui ouvre de plus grandes portes en 1949. Deux ans plus tard, il signe ce qui deviendra un classique de la SF, Le Jour où la terre s’arrêta, qui raconte l’arrivée d’un extraterrestre sur notre planète. Mais cette invasion pourtant pacifique est incomprise par les Terriens belliqueux qui traquent jusqu’à la mort le martien messianique. Film fantastique, Le Jour où la terre s’arrêta est d’abord un film humaniste et pacifiste. Une façon pour Wise de dénoncer la Guerre de Corée, l’une des expressions armées du froid affrontement entre les blocs de l’Est et de l’Ouest. C’est toujours un plaisir de revoir ces monuments du cinéma, surtout lorsqu’une restauration leur redonne de la splendeur.
Un traitement de rénovation qui permet aussi de revoir avec un œil nouveau Rencontres du troisième type, dans la version director’s cut de Spielberg, No Country for Old Men, noir bijou des Coen et Les Bourreaux meurent aussi. Si, pour vous remettre des fêtes vous préférez un cinéma plus léger, La Folle Journée de Ferris Bueller et Rose Bonbon, deux comédies portant la griffe de John Hugues, conservent des séances.
Non sans préciser que quelques indéboulonnables (We Blew it, Detroit et Certain Women, à l’affiche depuis bientôt un an) tiennent aussi bon, terminons avec l’Enfance de l’Art. Mercredi et jeudi, elle nous propose Le Gruffalo, adaptation par Max Lang d’un classique de l’édition jeunesse, et dimanche, ce sera Swagger. Nous ne saurions trop recommander aux personnes ayant une perception négative de la banlieue de venir voir ce documentaire où Olivier Babinet filme une leçon de vie optimiste et d’énergie positive venue des cités déshéritées du 93.
Re-bonne année, en Seine-Saint-Denis et ailleurs.